L'Oise Agricole 25 janvier 2025 a 09h00 | Par Actuagri

Pas de bout de tunnel en vue pour les céréaliers

Selon l'Association générale des producteurs de blé (AGPB), l'instabilité institutionnelle empêche les céréaliers de bénéficier des soutiens financiers promis depuis près d'un an par les gouvernements successifs. La trésorerie de leur exploitation est exsangue. Les agriculteurs n'ont plus les moyens pour protéger leurs céréales alors que les conditions de cultures se dégradent.

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Moins de grains, plus d'inquiétudes pour les producteurs de blé.
Moins de grains, plus d'inquiétudes pour les producteurs de blé. - © Grok / IA

L'été dernier, l'effondrement de près de 30 % de la production de céréales d'hiver, comparée à 2023, a impacté de 0,2 point la croissance économique de la France. En 2022, les exportations de céréales avaient dégagé un excédent commercial de près de 11,5 Mds d'EUR. Depuis, il diminue chaque mois, en raison des chutes successives des cours puis de la production de céréales d'hi-ver disponible à l'export. Dans les exploitations céréalières, la situation économique affole. L'an passé, le revenu disponible a été négatif. Déjà en 2023, il n'avait pas excédé 5 500 EUR selon le service de la statistique et de la prospective.

Premières victimes

Depuis deux ans, le chiffre d'affaires des céréaliers est à la fois amputé par la faiblesse des prix des grains, par la baisse des rendements et par des frais logis-tiques et d'allotement croissants (40 EUR/t). Or, le coût de production moyen d'une tonne de blé est de 309 EUR selon l'Observatoire Arvalis/Unigrains. Aussi, les céréaliers de l'AGPB entament la nouvelle an-née avec le moral dans les chaussettes en se demandant comment «ils pourront se refaire», a déclaré Éric Thirouin, président de la section spécialisée de la FNSEA dans une conférence de presse le 14 janvier à Paris. Dans un mois, il saura si cette situation de crise aura influencé l'élection par les agriculteurs des représentants aux Chambres d'agriculture. En attendant, la trésorerie des exploitations céréalières est exsangue. Selon l'AGPB, les producteurs de blé font partie des premières victimes de l'instabilité institutionnelle dans laquelle est plongé notre pays. Les prêts bonifiés de 1,75 % (1,5 % pour les JA) commencent à être distribués. Mais les prêts de consolidation nécessaires pour restructurer les dettes garanties à 70 % par la Banque publique d'investissement (50 000 EUR ou 120 000 EUR) seront disponibles lorsque le projet de loi de finances 2025 sera voté par le Parlement. Par ailleurs, aucun Fonds d'allègement des charges n'est prévu pour les agriculteurs les plus en difficultés. Enfin, l'AGPB ne com-prend pas pourquoi la France n'a pas sollicité la Commission européenne pour lui allouer une partie de la réserve de crise de 450 MEUR budgétisée chaque année.

Signes d'inquiétude

À Paris, l'instabilité institutionnelle rend le travail parlementaire inopérant. Les discussions sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture n'ont pas repris. La réforme de séparation du conseil et de la vente des produits phytopharmaceutiques est en suspens. Et la proposition de loi du Sénat visant à «libérer la production agricole des entraves normatives» n'est pas encore débattue. En continuant de réduire le nombre de substances actives, les céréaliers n'ont plus les moyens de produire des céréales abondantes et de qualité. Or, les céréaliers redoutent l'été prochain une nouvelle récolte catastrophique car les conditions de cultures sont loin d'être optimales. Autre signe d'inquiétude récurrent des céréaliers de l'AGPB : la concurrence ukrainienne sur le marché européen. La section spécialisée de la FNSEA souhaite que la Commission européenne réinstaure au mois de juin prochain le retour à l'accord d'association de 2016. Il limite à 900 000 tonnes les importations de blé à droits de douane nuls et au-delà, il instaure une taxe de 95 EUR/t. Les 600 plus grandes holdings ukrainiennes cultivent quasiment autant de blé (5,5 Mha) que de céréales en France (6,3 Mha).

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