Réagir, une association indispensable face au mal-être agricole
Le jeudi 23 juin, l'association Réagir-Agri'Collectif a organisé son assemblée générale à Laversines dans l'Oise. L'occasion de revenir sur son activité et de faire un bilan de l'année écoulée.
«2021/2022 a été une année de rencontre pour Réagir» débute François Mellon, président de l'association. «Elu depuis un an, j'ai eu le plaisir de travailler avec une équipe d'élus que je connaissais au sein d'organismes de la Maison de l'agriculture. Je suis convaincu que c'est avec de belles personnes que nous pouvons réussir à monter de beaux projets et je tiens à les remercier pour leur engagement et leur soutien. Ma 2ème rencontre, c'est avec l'équipe opérationnelle. C'est une équipe très motivée qui met ses compétences complémentaires, ses connaissances au service de ces familles fragilisées. Sylvie, Christine, Brigitte et Nicole ne m'étaient pas inconnues non plus. Elles réalisent un travail remarquable. Leurs expériences, leur écoute, leur grande disponibilité, leurs connaissances d'un grand réseau actif leur permettent d'intervenir avec professionnalisme.»
François Mellon a repris la présidence avec un budget très tendu qui s'explique par une augmentation d'activité et des rentrées essentiellement constituées par la participation de nos partenaires.
Tout type de profil pour un même mal-être
La définition du bien-être par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme «un état de complet bien-être physique, mental et social», et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. On comprend donc que le mal-être est à la fois multi-dimensionnel (dimensions psychologique, physique et sociale) et multi-factoriel (difficultés financières, économiques, professionnelles, personnelles...). Le contexte actuel n'est plus le même. La Covid-19, la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique, la variation des prix, l'agribashing... Tous ces événements créent du stress, et affaiblissent les personnes qui sont déjà fragiles... Cela entraîne des conséquences énormes tant au niveau économique, sociétal et comportemental. «Ils provoquent une perte de nos repères, de nos croyances, de nos habitudes et déstabilisent les plus fragiles qui souvent s'isolent» explique Sylvie Douchet, responsable de l'association Réagir Oise.
En 2021, Réagir 60 a accompagné 53 familles d'agriculteurs. «Il est important que toutes les personnes fragilisées connaissent notre association afin qu'elles puissent choisir de nous contacter. Nous continuons d'élargir notre communication par des rencontres comme la gendarmerie, les maires et autres acteurs du terrain. Une de nos inquiétudes est de ne pas pouvoir répondre à un besoin par méconnaissance. Plus nous intervenons tôt, plus les solutions sont faciles à mettre en place» poursuit-elle.
«C'est souvent lorsque les personnes se trouvent au pied du mur qu'elles nous contactent. Le mal-être se concrétise très souvent par leur résultat économique catastrophique avec des impossibilités de régler des dettes. Après un temps d'écoute, nous nous apercevons que si la situation en est arrivée à ce stade, c'est que d'autres problèmes très souvent humains étaient à l'origine de cette situation : mésentente entre générations, mésentente entre associés, mésentente dans le couple, mauvaise communication et compréhension entre les personnes, poids de la transmission. Des problèmes de santé graves déstabilisent rapidement une situation. Les agriculteurs sont généralement seuls à gérer leur entreprise avec une charge de travail très souvent élevée. Cela est d'autant plus vrai sur les exploitations d'élevage. Cependant si les difficultés rencontrées ne sont pas résolues il y aura des conséquences économiques sur l'exploitation, ces difficultés sont liées très souvent entre elles» affirme Sylvie Douchet. Toutes les productions sont touchées avec une dominante élevage surtout en lait. Les contraintes en élevage accentuent les difficultés pour gérer au quotidien l'exploitation.
Le nord-ouest du département de l'Oise est le plus touché avec 32 dossiers. Au fur et à mesure que le réseau Réagir s'élargit, des situations se manifestent également sur d'autres secteurs comme le nord-est avec sept dossiers. « Il est compliqué de définir un profil type, nous rencontrons des jeunes et des moins jeunes, qui gèrent des exploitations très différentes en taille, en production, sur des territoires avec des spécificités variées. Chacun peut rencontrer des difficultés à tout moment : santé, accident, mauvais choix à un moment, et on perd vite les moyens de continuer de gérer son exploitation et son quotidien seul» détaille-t-elle.
Un réseau de plus en plus fort
Lors du dernier conseil d'administration du 13 décembre dernier, les membres de l'association ont décidé de rencontrer l'ensemble des partenaires pour leur demander d'augmenter leur participation et d'aller chercher de nouveaux financeurs.
Ces rencontres ont été l'occasion d'échanger sur les actions, les accompagnements, sur les difficultés rencontrées par les familles d'agriculteurs mais également sur leurs propres préoccupations, la conjoncture actuelle, leur ressenti. «Nous avons pu voir comment, ensemble, nous pouvions détecter rapidement les difficultés sur le terrain, comment être au plus près des agriculteurs et comment ensemble, nous pouvions les aider au mieux. Le mal-être en agriculture est réel et l'ensemble de la profession en a bien conscience.» souligne François Mellon.
Une autre rencontre a marqué Réagir Oise avec leurs homologues de l'Aisne. En effet, l'association Réagir de l'Aisne vient d'être créée en 2021. Ainsi, Marc Templier, le président et Aurore Primot, la responsable de l'association Réagir 02 ont pu échanger de leur expérience. «Il est important de bien se connaître et de pouvoir mettre en commun nos compétences mais aussi nos questionnements, nos expériences pour être toujours plus efficaces et répondre aux besoins de ces familles fragilisées» affirme Sylvie Douchet. Une rencontre a été organisée le 11 mai 2022 à la préfecture où la préfète a convié tous les acteurs du monde agricole afin de présenter la feuille de route de la prévention du mal-être et pour l'accompagnement des agriculteurs en difficulté proposés par l'État. La force de l'association, c'est son réseau qui s'étoffe au fur et à mesure des nouvelles rencontres inhérentes à chaque situation. Ce réseau permet d'augmenter nos compétences, d'organiser des tables rondes, de gérer les difficultés dans leur globalité où très souvent sont liés des problèmes économiques, humains, de santé et d'entente. Au niveau régional, il y a également un souhait de permettre aux différentes associations existantes de pouvoir mieux se connaître, se rencontrer pour optimiser leur accompagnement. Cette même ambition est lancée au niveau national. Une première rencontre, organisée par l'APCA, la FNSEA, les JA, la MSA et les Chambres d'agriculture, a été réalisée le 15 juin de cette année à Paris. Le réseau de Réagir s'enrichit au fur et à mesure des rencontres et des accompagnements. On y trouve les agents du service de remplacement comme Françoise Cacan, les conseillers techniques de terrain des Chambres d'agriculture, de coopératives, des syndicats, les vétérinaires, les conseillers sociaux de la MSA, le Conseil départemental, les services de l'État avec la DDT et la DPP, les maires, des agriculteurs (soit par une aide directe sur l'exploitation soit par leur compétence d'élus), la justice avec le président du tribunal de grande instance, les mandataires, la juriste de la FDSEA, le personnel médical, les médecins et infirmiers de l'hôpital psychiatrique, les conseillers économiques de centre de gestion et des banques.
«Ensemble, grâce aux rencontres, à notre énergie, en mettant nos moyens en commun, nous pouvons et pourrons continuer à permettre aux personnes fragilisées de retrouver de l'estime de soi, des sourires, la paix et plein d'énergie pour continuer à rêver et à réaliser concrètement leur projet » conclut François Mellon.
N'attendez pas pour Réagir
Contactez-nous au 06 33 40 44 29 ou par courriel à contact@reagir60.fr. Pour tous les agriculteurs de l'Oise qui peuvent rencontrer une difficulté qu'elle soit économique, technique, de santé ou humaine. Une équipe formée de Sylvie Douchet, Brigitte Henry, Nicolas Timmerman et Christine Waffeleart. Ils sont là pour vous aider à retrouver de la sérénité et des perspectives d'avenir. Le code d'éthique de l'association se résume par quelques mots : écoute, confiance, bienveillance, neutralité et respect mutuel.
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