Une chambre de région presque au complet
Le processus de régionalisation des Chambres d’agriculture des Hauts-de-France a franchi une nouvelle étape avec un accord de principe sur la création d’une chambre de région entre les élus de l’Aisne, du Nord-Pas-de-Calais et de l’Oise. La Somme reste en retrait.
Le moment était historique, vendredi dernier, au palais de Fervaques, à Saint-Quentin (02). Les élus des chambres départementales (Aisne, Oise) et inter-départementales (Nord-Pas-de-Calais) ont en effet adopté le principe de la constitution d’une chambre d’agriculture de région pour les Hauts-de-France. Une organisation qui, si elle doit être effective au 1er janvier 2021, se met en place sans la Chambre d’agriculture de la Somme ; ses élus ayant considéré, par leur abstention lors du vote, que «le moment n’est pas encore venu».
De chambre départementale à chambre territoriale
Concrètement, qu’est ce que cela change ? Le projet politique de la Chambre de région se définit autour de deux objectifs : un axe régional permettant la représentation de la profession agricole auprès des instances régionales et nationales, ainsi que la prise de décision ; un axe territorial garant de proximité et d’animation ainsi que l’application de la politique votée par la Chambre de région, sans perdre le lien avec les acteurs locaux. Christian Durlin (Nord-Pas-de-Calais) l’assure : «Les défis sont nombreux. On doit à la fois être performant pour être écouté. On doit maintenir de la proximité avec les agriculteurs. Et enfin, il y a une diversification des exploitations et de nouveaux enjeux à accompagner». Les chambres départementales ou interdépartementales telles qu’on les connaît aujourd’hui deviennent des chambres «territoriales» - elles perdent leur caractère d’établissement public - avec un transfert de leurs budgets, biens immobiliers et mobiliers, créances, contrats, droits et obligations vers la Chambre de région. Idem en ce qui concerne leurs salariés : c’est aussi la Chambre de région Hauts-de-France qui devient employeur unique.
Un rapprochement «inéluctable»
Le président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France et futur président de la Chambre de région Olivier Dauger estime entre «deux et trois ans» le temps nécessaire pour que la nouvelle organisation «trouve son rythme de croisière». Et Christian Durlin de renchérir : «C’est pour cela que nous avons discuté de cela dès le début du mandat.»
L’état d’avancement du projet de régionalisation dans les Hauts-de-France ferait que d’autres départements s’intéressent de près à ce qui s’y passe : «Nous sommes regardés par les Pays-de-Loire, la Normandie et la Bretagne», constate ainsi Olivier Dauger. Toujours selon lui, ce rapprochement était de toutes manières «inéluctable», suivant l’expérience précédemment vécue par le Chambres de commerce et d’industrie (CCI) et les Chambres des métiers et de l’artisanat. Pour Christian Durlin, «la tendance est plutôt à répondre collectivement à des appels à projet pour avoir accès à de nouvelles techniques. C’est seulement comme cela qu’on peut aller plus loin».
Qui fait quoi ?
Dans l’organigramme de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, la régionalisation ne devrait pas apporter de révolution ; le président en poste, Olivier Dauger, conserverait ainsi le siège. La direction générale de la nouvelle structure serait assurée par Michel Leroy. Chacun des présidents de chambre départementale ou inter-départementale prendrait le titre de «président de territoire» et hériterait de la présidence d’un pôle de compétences. En résumé, «la Chambre de région est le moteur, mais les pilotes sont les départements», explique M. Dauger. En termes d’implantation, pas question non plus de centraliser en un lieu unique de décision : «Le siège social reste à Lille et le siège administratif à Amiens où l’on retrouve la Draaf, l’OFB...». Enfin, faire coexister une chambre de région et des chambres départementales, dont une reste en dehors du schéma de régionalisation, peut-il en engendrer des doublons en matière de compétences, ou un risque de mise à l’écart pour cette dernière ?
«Absolument pas, assure Olivier Dauger. La Somme garde les compétences d’une chambre départementale. Nous allons continuer à travailler pour et avec cette chambre départementale.»
Un plan de relance au goût sucré-salé
Présenté début septembre par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, le volet «Transition agricole, alimentation et forêt» du plan de relance n’a pas manqué de faire réagir les élus des Chambres d’agriculture des Hauts-de-France vendredi dernier quand la tête de réseau (APCA) se félicitait lors de sa présentation «des mesures annoncées dans ce plan et des moyens inédits alloués». Pour mémoire, le plan de relance agricole se fixe trois objectifs : renforcer la souveraineté alimentaire ; accélérer la transition agroécologique pour donner accès à tous les Français à une alimentation saine, durable et locale ; et adapter l’agriculture et la forêt au changement climatique. «Que ce soit sur la protéine, les abattoirs, l’équipement des exploitations, la diversification ou, encore, l’alimentation, il y a beaucoup de cases que l’on peut cocher», a déclaré Olivier Dauger. Néanmoins, a-t-il poursuivi, «il faut chasser en meute si l’on veut saisir des opportunités.» Pour Christian Durlin, «maintenant que nous connaissons le cadre, nous savons aussi que les premiers arrivés seront les premiers servis...» S’il est bien un sujet sur lequel la future Chambre d’agriculture de région entend prendre sa part, c’est celui des abattoirs : «Sur les équipements de taille moyenne, on a clairement un déficit», constate Olivier Dauger. président de la Chambre d’agriculture de l’Aisne, Robert Boitelle plaide ainsi pour le développement «d’abattoirs territoriaux, ce qui permettrait de réduire les distances entre les lieux d’élevage et de transformation». L’absence de trace d’un soutien à la filière méthanisation, en revanche, rend amers les élus consulaires des Hauts-de-France : «Que la méthanisation ne soit pas dans le plan de relance alors que d’autres énergies vertes y sont est un problème, souligne M. Dauger. Après les discours sur les accords de Paris sur l’économie circulaire, on aurait pu croire que la méthanisation serait mise un peu plus en avant puisqu’elle utilise plusieurs gisements au sein d’un territoire...». S’ils n’ont guère d’espoir à obtenir un soutien au plan national, c’est donc du côté de la Région Hauts-de-France que les Chambres d’agriculture continueront d’aller le chercher. Et Olivier Dauger de l’affirmer : «On a la chance d’être bien placé dans ce domaine et d’avoir une bonne écoute.»
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