Une perte historique pour la ferme Oise
Les organisations professionnelles agricoles (OPA) de l’Oise se sont réunies ce lundi 29 août pour tirer un premier bilan post-moisson.

La perte pour la ferme Oise est estimée cette année à près de 300 millions d’Euros. C’est le constat fait ce lundi 29 août par les présidents et directeurs des OPA toutes réunies, présidents et directeurs, à Beauvais. Guillaume Chartier, président de la FDSEA60, Jean-Luc Poulain, président de la Chambre d’agriculture, et Frédéric Bisseux, président de JA, avaient dès fin juillet suscité l’organisation de cette réunion. En effet, l’état des récoltes laissait présager des mauvais résultats.
Ils ont été encore plus mauvais qu’envisagé. Il manque en effet près de 40 quintaux en moyenne par hectare sur l’ensemble de la ferme Oise. Les 4 coopératives présentes ce lundi, Agora, Valfrance, Ucac et Coop de Milly ont ainsi relevé que les résultats sont mauvais à médiocres partout, avec toutefois un gradient d’Est en Ouest, plus mauvais dans l’Est, moins mauvais dans l’Ouest, mais toutefois restant inférieurs à la moyenne quinquennale.
Les 2 centres de gestion estiment le manque entre 600 et 700 € de marge brute par hectare. Aucune entreprise ne peut supporter une chute aussi rapide, aussi brutale de ses résultats.
Une situation historique dans un contexte déjà dégradé
Guillaume Chartier, en introduction de cette réunion, avait rappelé que le secteur de l’élevage est en crise depuis près de 2 ans. Dans ce contexte, les mauvais résultats dans les productions végétales viennent ainsi fragiliser toutes les exploitations de l’Oise, les polyculteurs et les polyculteurs-éleveurs. Le président de la Fdsea60 a rappelé la mobilisation du syndicalisme majoritaire pour mener les combats en vue d’améliorer les modalités de construction du prix pour les productions animales, en illustration les mobilisations récentes sur le prix du lait vis-à-vis de Lactalis.
Il relève, pour les grandes cultures, que non seulement les volumes cette année ne sont pas là, mais, en plus, les prix ne sont pas au rendez-vous pour cause de bonne production globalement au niveau mondial, ce qui évidemment n’arrange rien.
Il a ainsi, dans ce contexte particulièrement grave et inquiétant pour toutes les exploitations du département, «que chacun soit dans son rôle dans l’accompagnement des agriculteurs en coordonnant l’action des OPA pour être efficace et pertinent».
La première des priorités, pour les OPA, est d’assurer le démarrage de la campagne 2017 et d’assurer la reconsolidation des entreprises sur le moyen terme car il faudra quelques années afin de rétablir une saine situation. Les centres de gestion ont un rôle technique important en analyse de la situation afin d’établir des prévisionnels de trésorerie, indicateurs de besoins réels et concrets pour chaque exploitation.
Banques et MSA sont ensuite au premier rang des organismes dont les agriculteurs attendent un accompagnement. Dégrèvements et reports de cotisations sont attendues auprès de la MSA. Pour les banques, chacun convient qu’une véritable année blanche, c’est-à-dire un report en fin de tableau ou un ré-étalement des annuités de l’année apparaît nécessaire et, à ce jour, les deux caisses de Crédit agricole de l’Oise, Brie-Picardie et Île-de-France, sont bien dans cette démarche. Le dispositif est ainsi déjà validé par la Caisse régionale de Brie-Picardie, y compris pour les prêts sur le matériel.
Des conséquences lourdes pour tous
Invité par la Fdsea 60, le préfet de l’Oise a participé à la clôture de la réunion. Les présidents des OPA tenaient en effet à faire part au représentant de l’État dans le département la gravité de la situation. Dès à présent en effet, tous les organismes économiques ont décidé de geler les investissements envisagés. Ainsi la situation constatée dégradée dans les exploitations doit bien s’entendre comme ayant une incidence économique globale. Chaque exploitation génère 7 emplois dans l’Oise et lorsque les agriculteurs vont mal, l’ensemble de l’économie qui en dépend souffre.
Les OPA demandent ainsi une prise de conscience de l’État sur la nécessité de mesures d’accompagnement et d’un véritable choc de simplification sur toutes les normes qui pèsent sur les exploitations et qui coûtent de l’argent ainsi que l’ont rappelé Thierry Dupont, président d’Agora, et Jean-Luc Poulain.
Concrètement, Guillaume Chartier et Jean-Luc Poulain ont ainsi souhaité que puissent être annoncées très vite une vraie mesure de dérogation à l’obligation de Cipan et la reconnaissance comme couvert des repousses de blé. Cette mesure est encore étudiée par les services de l’État, mais pose des questions réglementaires.
Le préfet a assuré les présidents des OPA de sa conscience de la situation et du relais qu’il en assure auprès de l’État.
Il a exprimé son souhait de répondre à la revendication de la Fdsea d’une mesure simple de dégrèvement de TFNB.
Il a également confirmé l’annonce d’un plan spécifique en octobre et, avec M. Guinard, directeur de la DDT, le versement du solde des aides Pac 2015 en septembre et une mesure d’avance de trésorerie dont les contours ne sont pas encore précisés pour les aides Pac 2016.
Retrouver des marges de manœuvre
Pour les présidents des OPA, l’urgence est au court terme mais la vraie question sera de retrouver des marges et de baisser les charges. Didier Verbeke a ainsi relevé que les charges de structure ont significativement augmenté au cours des 5 dernières années, de 100 à 400 € hectare en moyenne, sous l’effet combiné de nouveaux investissements et de nouvelles charges ou contraintes.
C’est sur ce plan, aussi, que tant les OPA ensemble que les services de l’État doivent trouver des solutions pour assurer l’avenir.
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