L'Oise Agricole 16 décembre 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Agora consolide sa situation pour mieux préparer l’avenir

La directrice Agnès Duwer et le président Thierry Dupont ont présenté la campagne de commercialisation 2020-2021 et les projets de la coopérative.

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La situation sanitaire se dégradant, les responsables de la coopérative ont décidé de faire la conférence de presse et l’assemblée en numérique. Agnès Duwer, directrice, et Thierry Dupont, président, ont répondu aux questions des journalistes.
La situation sanitaire se dégradant, les responsables de la coopérative ont décidé de faire la conférence de presse et l’assemblée en numérique. Agnès Duwer, directrice, et Thierry Dupont, président, ont répondu aux questions des journalistes. - © Agora

2020 aura été émaillée par de nombreux faits marquants, que le président tient à rappeler : arrivée de la nouvelle directrice le 1er juillet, début de réflexion sur la stratégie 2030 en septembre, séparation de la vente et du conseil et une moisson rapide après une année relativement sèche. «Les rendements ont été hétérogènes et la collecte globale se situe à 875.000 t, supérieure à la moyenne annuelle de 850.000 t», détaille Agnès Duwer.

Avec une bonne maîtrise des charges, l’activité a été conforme au prévisionnel : le chiffre d’affaires s’élève à 265 millions d’euros, l’EBE (excédent brut d’exploitation) à 7 millions d’euros et le résultat consolidé à 3,5 millions d’euros. «Les fondamentaux sont solides, ce qui permet d’aborder la période de transition avec plus de sérénité», assure-t-elle.

Agora a fait le choix de la vente plutôt que du conseil, mais la marge sur les produits phytosanitaires est en baisse. Les participations de la coopérative s’élèvent à 7 millions d’euros dans le groupe Tereos et 2 millions dans Prise directe, ainsi qu’un million deux cents mille euros dans la Semmap, le port situé sur l’Oise à Pont-Sainte-Maxence et qui permet le chargement de péniches grand gabarit.

Les fonds propres, à hauteur de 82 millions d’euros, et une ristourne d’un million d’euros versée aux adhérents assoient la situation de la coopérative. «La rémunération du blé en 2020 a été de 180 euros/tonne et ce prix de campagne a été choisi par 83 % des adhérents, signe de la confiance qu’ils nous accordent», se félicite Agnès Duwer.

Crise sanitaire

L’année 2020 a été marquée par la pandémie du Covid qui a modifié les pratiques de la coopérative qui a à la fois fonctionné en présentiel et en virtuel. «Je tiens d’ailleurs à remercier les collaborateurs et les adhérents pour le respect des gestes barrières et l’implication en télétravail qui ont permis à la coopérative de poursuivre ses activités. Pourtant, 25 % des salariés ont été touchés en 2020 : malades, cas contacts ou chez eux pour garde d’enfants», insiste Thierry Dupont.

L’Agora des collèges, dispositif de communication vers les jeunes, n’a pas pu se tenir en présentiel comme pour les autres éditions, mais la coopérative s’est rapidement adaptée afin que l’événement ait quand même lieu. C’est par écrans interposés que les collégiens ont pu dialoguer avec les adhérents engagés et ainsi découvrir les métiers de l’agriculture. «L’opération sera renouvelée en 2022 et déjà une trentaine de collèges sont inscrits», précise le président.

Des hausses de prix

Avec la crise, depuis quelques mois, les prix de l’énergie sont en forte hausse et impactent l’activité de la coopérative. «Le coût des transports a augmenté de 300 %, il y a une pénurie de chauffeurs routiers dans de nombreux pays, les containers manquent et les ports sont encombrés. La logistique est un sujet dont nous devons rapidement nous emparer. Un jour de moisson chez Agora, ce sont 80 camions sur la route», prévient Agnès Duwer.

Heureusement, en adhérant à la structure Inoxa comme 19 autres coopératives pour l’approvisionnement, Agora a pu sécuriser de bonne heure les commandes en intrants des adhérents qui s’étaient engagés, limitant ainsi l’augmentation des prix. Mais il va falloir maintenant assurer la logistique jusqu’aux adhérents.

De même, grâce à des contrats gaz bien négociés, la coopérative n’a pas subi de pénurie pour sécher le maïs dont la récolte 2021 a été particulièrement abondante. D’ailleurs, la moisson 2021, qui a duré 50 jours, s’est soldée par une collecte de 955.000 tonnes pour Agora, en hausse.

Restent de nombreux enjeux à relever comme le développement d’Aladin au delà des habituels agriculteurs très sensibles à l’achat en ligne, du colza bas carbone qui ne représente qu’un peu plus de 4.000 t pour l’instant, l’obtention de CEPP (certificats d’économie de produits phytosanitaires) dans les objectifs chiffrés et la mise en place de crédits carbone avec un groupe de trente jeunes adhérents qui expérimentent le dispositif (voir page 19).

La coopérative est également attentive à l’évolution du dossier du canal Seine Nord Europe. «C’est un véritable atout, quand on connaît les contraintes qui vont peser sur le transport routier par rapport au changement climatique, de pouvoir imaginer utiliser plus de fluvial et de ferroviaire pour transporter le grain. Reste à en connaître les modalités et l’évolution que cela entraînera dans nos métiers», tempère Thierry Dupont. Ce n’est en effet pas pour demain que navigueront les péniches sur le canal.

- © Agora

Agora 2030

Début septembre 2020, les membres du conseil d’administration d’Agora sont entrés en séminaire pour deux jours afin d’entamer la réflexion sur la stratégie de la coopérative. S’en sont suivis 18 mois avec 8 rencontres entre les élus et les managers des différents pôles de la coopérative. Une vision portant sur une agriculture dynamique et collective, des agriculteurs professionnels au sein d’un territoire en mutation les a rassemblés.

Il s’agit de défendre un modèle de production qui soit accepté par la société, c’est-à-dire qui produise des denrées pour l’alimentation humaine et animale tout en respectant l’environnement, luttant contre le changement climatique, protégeant la biodiversité et dans des conditions sociales respectueuses. «Nous sommes à proximité d’un énorme bassin de consommation et la coopérative, ancrée dans son territoire, est reconnue comme un acteur important au service des hommes», détaille Thierry Dupont.

Cette feuille de route, qui sera présentée officiellement dès que les conditions sanitaires le permettront, s’appuiera sur des principes porteurs comme la gouvernance de la coopérative, l’équilibre économique à court, moyen et long terme et la responsabilité globale et se déclinera selon cinq axes : l’agro-écologie, l’orientation des marchés, l’innovation, la relation avec l’adhérent et les partenariats. Elle sera dévoilée dans les mois à venir.

Calendrier 2022

  • 27 janvier : Agroforum
  • 8 juin : visite de la plateforme agriculture biologique à Léglantiers
  • 9 juin : Agora des collèges
  • 10 juin : visite de la plateforme agro-écologie de Catenoy

Le format de ces rendez-vous sera bien entendu adapté en fonction des conditions sanitaires du moment.

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