L'Oise Agricole 19 juin 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Comment recréer du lien entre territoires ruraux et société ?

Tel était le thème des deux tables rondes organisées par la coopérative Agora le 12 juin, lors de la dernière étape de l’Agora des collèges, démarche d’échanges entre des collégiens, leur professeur, et des agriculteurs autour de la découverte de l’agriculture.

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Étienne Grodet, Agnès Duwer, président et directrice d’Agora, Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture de l’Oise, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional en charge de l’agriculture, et Simon Ammeux, président de la FRSEA Hauts-de-France.
Étienne Grodet, Agnès Duwer, président et directrice d’Agora, Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture de l’Oise, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional en charge de l’agriculture, et Simon Ammeux, président de la FRSEA Hauts-de-France. - © DLC

Sous la grande tente installée sur la plateforme de la coopérative à Catenoy, piaillent 330 collégiens de l’Oise et du Val-d’Oise venus clore l’opération Agricurieux Tour 2025 par une visite, la participation à plusieurs ateliers et un pique-nique dans une joyeuse ambiance sous le soleil.

Les responsables de la coopérative et son président Étienne Grodet ont profité de l’opération pour organiser deux tables rondes auxquelles maires et élus territoriaux étaient invités à participer, autour des relations entre agriculture et monde rural. Malheureusement, ils n’ont été qu’une poignée à faire le déplacement. Pourtant, voilà un sujet qui occupe les édiles et qui pourrait peser lors des prochaines élections municipales de 2026. «Pour nous, il est important de parler d’une seule voix et c’est pour cela que nous profitons de la plateforme pour communiquer», assure Étienne Grodet. En préambule, Frédéric Bovet, secrétaire général de la préfecture, tient à rappeler le soutien inconditionnel de l’appareil étatique à l’agriculture départementale, «à la croisée de plusieurs enjeux : compétitivité, innovation, transition agro-écologique, adaptation au changement climatique, souveraineté alimentaire et renouvellement des générations entre autres.»

L’agriculture, composante essentielle de l’Oise

La première table ronde rassemble Simon Ammeux, président de la FRSEA Hauts-de-France, Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture de l’Oise, Étienne Grodet, Agnès Duwer, directrice d’Agora, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional. Simon Ammeux dresse le constat d’une région dotée d’une agriculture très forte, mais soumise à une intense pression foncière et à une bétonisation constante. Les grandes cultures sont majoritaires, avec des betteraves sucrières et surtout des pommes de terre, mais la polyculture-élevage se maintient. 1.400 industries agroalimentaires sont présentes dans la Région, surtout dans le Nord et le Pas-de-Calais : Roquette, Mac Cain, Herta, Haägen Dazs…

Luc Smessaert ne souhaite plus qu’on oppose agriculture et environnement. L’agriculture départementale recherche de la valeur ajoutée, et particulièrement les jeunes qui s’installent, souvent porteurs de projets innovants. La production agricole trouve des débouchés dans la chimie verte et participe à la décarbonation de l’économie. Il ne s’agit plus seulement de nourrir la population, mais de donner un sens plus large au métier. Étienne Grodet partage cette analyse et souligne la forte présence du secteur coopératif : trois quarts des agriculteurs de la région adhèrent au moins à une coopérative. 19.000 emplois dans les Hauts-de-France sont liés au milieu coopératif. Des données analysées par Agnès Duwer : «dans l’Oise, l’agriculture est en concurrence avec les autres activités économiques ; difficile d’attirer les talents et de lutter contre l’urbanisation. Sans compter les conflits de circulation à régler avec les maires pendant la moisson. Tous ensemble, nous devons aider l’agriculture à fonctionner.»

De son côté, Marie-Sophie Lesne a bien compris le poids de l’agriculture dans l’économie régionale. «Parler de produire, de productivité, de souveraineté alimentaire, ce ne sont pas des gros mots. Nous devons asseoir notre puissance agricole, c’est stratégique pour la région, d’autant que nous savons tous que les équilibres sont fragiles. Les enjeux sont nombreux : adaptation au changement climatique, décarbonation… Nous devons aider l’agriculture à investir pour plus de résilience, des coûts de production moindres, des charges de travail allégées, des filières plus structurées. Cela ne peut se faire que collectivement.»

Comment recréer du lien ?

Il s’agit ici de témoigner des actions, petites ou grandes, menées en ce sens. En l’absence d’Alain Vasselle, président de l’Union des maires de l’Oise, Benoît Biberon, conseiller départemental en charge de l’agriculture, invite les agriculteurs à s’investir dans les conseils municipaux à l’occasion des élections de 2026, cela favorisera une meilleure compréhension.

De leur côté, Sylvie Thoma et Thierry Dupont, administrateurs Agora, témoignent de leur expérience dans l’Agricurieux Tour. «Les enfants ont vu le blé pousser, puis on est allés à la coopérative voir ce qu’il devient avant de finir dans les assiettes. Je les ai même accompagnés au Salon de l’agriculture, c’est extrêmement positif», expose Sylvie Thoma. Thierry Dupont rappelle que l’idée de l’Agora des collèges en née lors de l’édition de Terres de Jim en septembre 2017 près de Compiègne. «Nous avons eu envie de continuer à parler positivement d’agriculture aux jeunes.»

Les Jeunes Agriculteurs de l’Oise participent également à des manifestations grand public. «Nous sommes présents au Marché fermier du Conseil départemental, au Salon de l’agriculture du Beauvaisis et organisons Campagne en fête tous les deux ans. Cette année, ce sera à Corbeil-Cerf, les 6 et 7 septembre», développe Armelle Fraiture, trésorière JA Oise.

Enfin, Laurent Delaere, agriculteur et maire de Fontaine-Saint-Lucien, est persuadé que les bonnes relations se bâtissent au quotidien dans les communes avec du respect mutuel et en expliquant ce que l’on fait et pourquoi on le fait à ses voisins qui s’interrogent. Martine Borgoo, conseillère départementale, rappelle le travail effectué au sein de la charte de bon voisinage, remise à jour avec l’aide de Timothée Dufour, avocat. Et le président Grodet de conclure que la communication est une affaire de long terme, qu’il ne faut pas baisser les bras et que chaque petite action participe à une meilleure compréhension entre agriculteurs et la société.

Clôture de l’Agora des collèges

Depuis 8 ans, Agora a sensibilisé plus de 4.300 collégiens. En 2025, ce sont 330 jeunes qui ont participé, 12 classes venant de 8 collèges. Leur agriculteur contact est venu deux fois en classe leur parler de son activité et ils sont allés sur sa ferme une fois. Le 12 juin était la journée de clôture de l’édition 2025, qui se veut festive. Les jeunes ont suivi 12 ateliers autour du machinisme, de l’environnement, du sol et des cultures. Avant de poser tous ensemble pour une photo de groupe prise depuis un drone. Après un déjeuner convivial avec des frites de la friterie des Tuche, ils ont composé un slam sur l’agriculture.

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