L'Oise Agricole 24 octobre 2021 a 12h00 | Par Dorian Alinaghi

«Avoir des installations viables et transmissibles»

Le 14 octobre, Jeunes Agriculteurs des Hauts-de-France et JA 60 ont organisé une journée PAIT installation à Moliens. Le but de cette journée est de faire comprendre aux participants la gestion des activités extérieures au quotidien.

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Pour les projets équins, l'accès aux aides à l'installation est spécifique.
Pour les projets équins, l'accès aux aides à l'installation est spécifique. - © D.A.

Événement organisé dans le cadre des journées des partenaires du PAIT, les Jeunes Agriculteurs des Hauts-de-France ont planté leur drapeau à Moliens sur l'exploitation de Rémi Duponchel. 22 participants venant du Paraclet et du lycée agricole d'Airion y ont assisté et écouté les témoignages de différents agriculteurs ayant d'autres activités ou responsabilités à l'extérieur de l'exploitation.

En effet, de nombreux participants étaient dans l'incertitude sur leur avenir. Certains veulent être salariés, d'autres souhaitent s'installer, mais la zone géographique n'est pas encore déterminée. De plus, l'autre problématique reste le coût. L'agriculture nécessitant de lourds capitaux, l'installation n'est donc pas simple. «Les Jeunes Agriculteurs des Hauts-de-France organisent des journées installations en partenariat avec le PAIT. On a plusieurs axes de travail, notamment le RGA (renouvellement des générations en agriculture). On traite également de la communication et de la promotion des métiers. Mais on défend surtout des dossiers syndicaux comme l'installation, la Pac, le foncier et ceux issus des diverses filières (bovines, betteraves...). On s'adresse aux porteurs de projets, mais aussi aux écoles. En tant que Jeunes Agriculteurs, on est les principaux acteurs sur le sujet de l'installation donc on se sent d'autant plus concernés. Dans 5 ans, près de 50 % des agriculteurs partiront à la retraite en France. Au niveau national, 5.000 installations aidées par la dotation jeune agriculteur (DJA) par an sont comptabilisées. Au terme de la Pac 2027, JA souhaite 10.000 installations aidées. Il faut donc que les enveloppes suivent également. On est toujours dans l'optique d'avoir des installations viables et des fermes transmissibles. Il faut donc montrer et démystifier le travail de l'agriculture afin d'inciter les jeunes à vouloir pratiquer ce merveilleux métier», explique Apolline Vasseur, animatrice au JA Hauts-de-France.

Dès lors, les deux intervenants agriculteurs, Rémi Duponchel et David Demarcy, ont présenté leur parcours mais aussi la manière dont ils gèrent leur temps. Le premier a une exploitation qui comprend 40 hectares de cultures et 30 hectares de pâtures ainsi que 100 à 130 bovins (une trentaine de vaches allaitantes et le reste à l'engraissement), et une quarantaine de moutons. De plus, il exerce une double activité : Rémi Duponchel est aussi acheteur, bovins et ovins principalement, chez un négociant, Picnor. Cette double activité lui donne de nombreux avantages. Il est prestataire, donc il gère son temps à sa guise. «Le jour où il fait soleil, on voit moins les agriculteurs en ferme, je reste donc chez moi à faire mon travail. Par contre, les jours pluvieux, je me déplace à la rencontre des agriculteurs. Je n'ai pas d'horaires fixes, je peux partir à 7 h comme à 10 h. J'ai tout de même des objectifs à la semaine et plus je travaille, plus je touche de l'argent. C'est très avantageux», explique-t-il. Mais la question financière n'est pas la seule raison. Cette gestion du temps lui permet également de prendre soin de ses animaux. «Par exemple, le matin, lorsqu'une vache est en train de vêler, je peux patienter pour m'en occuper au mieux. Mon travail me permet de faire de l'élevage. De plus, même si mon père est à la retraite, quand je suis en déplacement, il peut s'occuper des animaux s'il y a une urgence. Mon travail à l'extérieur me permet pour le moment de continuer l'élevage», poursuit-il.

David Demarcy a une exploitation de 165 ha (dont 36 ha de prairies permanentes et 107 ha de cultures de vente) en polyculture-élevage laitier dans l'Oise avec une production 600.000 l de lait. Dès son plus jeune âge, il savait qu'il allait reprendre la ferme familiale mais, pour cela, il fallait comprendre ce qui gravitait autour de lui. «Cinq ans après mon installation, j'ai intégré les Jeunes Agriculteurs de l'Oise afin de connaître tous les jeunes exploitants autour de moi, mais cela permet aussi de partager nos expériences, nos points forts et nos points faibles. On trouve une certaine entraide entre nous» explique-t-il. Après plusieurs années d'acharnement au travail, David Demarcy s'est mis en tête de trouver des solutions pour se dégager du temps. En effet, cet agriculteur possède plusieurs casquettes : président du GDS de l'Oise, mais aussi élu à la Chambre d'agriculture entre autres.

«Après la rénovation des bâtiments, je devais penser à trouver un juste équilibre au sein de mon exploitation. Déjà, le bâtiment a été conçu pour qu'une seule personne puisse faire le travail. Dès lors, avec mon salarié, on prévoit, à chaque fin de semaine, le planning de la semaine suivante. Cette organisation est primordiale car chacun sait ce qu'il doit faire. Lorsque l'on est élu, pour être crédible, il faut une entreprise qui tourne. Dès lors, avec cette organisation, je gagne des minutes par-ci par-là, ce qui, au final, me permet de dégager énormément de temps. On se fait son cadre de vie selon ses souhaits. Aujourd'hui, mon défi est de concilier robotique et prairie. Le but étant de réduire la pénibilité du travail, surtout sur l'élevage» explique David Demarcy.

De nombreux aides pour s'installer correctement

Actuellement, le métier d'agriculteur peut faire peur par sa pénibilité et ses contraintes administratives. Cependant, de nombreux aides, qu'elles soient régionales ou nationales, facilitent le travail à l'installation. Dès lors, la DJA entre en jeu. Les futurs agriculteurs, s'installant pour la première fois, âgés de moins de 40 ans et titulaires d'un diplôme agricole de niveau IV, peuvent en bénéficier. Le montant de la DJA va de 10.000 à 30.000 EUR selon différents critères de bonifications. La DJA est divisée par 2 si l'installation se fait à titre secondaire (c'est-à-dire si l'activité agricole n'est pas l'activité professionnelle principale).

On trouve également l'abattement fiscal sur le bénéfice agricole imposable, dégressif et fractionné selon le revenu agricole global. Abattements non valables pour les exploitations au forfait et pour les sociétés ayant opté pour l'impôt sur les sociétés. De plus, le jeune bénéficie du dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB) à hauteur de 50 % par l'État. Les collectivités locales peuvent décider d'un dégrèvement facultatif pour les 50 % restants.

Mais aussi, l'agriculteur peut bénéficier d'une majoration ou priorité de subvention dans le cadre du Plan pour la compétitivité et pour l'adaptation de l'exploitation (PCAE), d'une priorité dans l'attribution des droits à prime et revalorisation du montant de la Pac et une priorité dans le schéma des structures (accès au foncier).

Autre soutien important, l'aide régionale spécifique à l'installation (Arsi). Les futurs agriculteurs, âgés entre 18 et 50 ans, non éligibles à la DJA pour un projet d'installation agricole qui permet l'affiliation à la MSA, peuvent en bénéficier. L'aide est de 9.000EUR. Elle peut monter à 12.000EUR pour les projets répondant aux priorités régionales : productions végétales ou animales spécialisées, circuits-courts, transformation, activités de service, productions sous Signe de l'identification de la qualité et de l'origine (Siqo).

Une autre aide non négligeable est le prêt PRCTA, un prêt à taux 0 %, sans garantie. Les futurs agriculteurs doivent avoir entre 18 à 50 ans et être éligibles à l'aide directe régionale Arsi pour les créations ou les reprises de projet agricoles, et la DJA et créant un atelier valeur ajoutée. Il s'agit d'un financement de biens corporels et incorporels, du fonds de roulement et d'une avance de trésorerie. Le prêt 0 % est limité au maximum à 20 % du montant total de l'investissement au démarrage et à 40 % pour les projets en filière élevage (un atelier élevage à minima en année 5), circuits courts (20 % du chiffre d'affaires dégagé en circuit courts avant le terme de l'année 5) et/ou Siqo (atelier ou production labellisé en année 5). Le montant maximum est de 50.000 EUR avec la possibilité d'un remboursement en 84 mois dont un différé compris entre 0 et 24 mois.

Maximiser les stages agricoles

De la 3e aux études d'ingénieurs, en passant par les BTS ACSE, production végétales ou animales, tous les étudiants à la recherche d'un stage ou d'un apprentissage peuvent s'inscrire gratuitement sur la plateforme Stage Agricole. Le syndicat agricole Jeunes Agriculteurs recense, par région, les exploitations et les entreprises du milieu agricole prêtes à accueillir des étudiants. Il suffit de remplir un formulaire en ligne et d'y joindre un CV. Stage Agricole propose un large éventail de structures agricoles afin de répondre aux attentes les plus précises des candidats : petite, moyenne ou grande exploitation, polyculture-élevage, horticulture, élevage équin, apiculture... il y en a pour tous les goûts.

Du côté des agriculteurs, Jeunes Agriculteurs recense l'ensemble des candidatures correspondantes au profil recherché. La plateforme est ouverte à tous les agriculteurs, quelle que soit leur orientation technico-économique ou mode de production. Il suffit de renseigner les informations générales de la structure d'accueil, mais aussi les horaires de travail, la période disponible, le niveau d'étude requis, la possibilité d'héberger sur place ou non, les missions du stagiaire ou de l'apprenti...

Lorsque le candidat trouve une annonce répondant à sa recherche, mais aussi correspondant à son profil, il peut contacter l'agriculteur à l'aide des coordonnées disponibles sur le profil de l'exploitation. Petit conseil : en général, les agriculteurs préfèrent avoir un contact direct avec l'étudiant plutôt qu'un intermédiaire. Suite à ce premier échange, l'agriculteur peut demander une lettre de motivation puis convenir d'un entretien. Une visite des lieux et une journée d'essai peuvent également être proposées. Si l'annonce est pourvue, il est possible de la retirer.

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