L'Oise Agricole 15 juin 2023 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

CGB Oise:des espoirs sur les prix, mais des inquiétudes quant aux moyens de production

Les adhérents de la CGB Oise étaient invités le 8 juin pour leur assemblée annuelle : élections, point sur le marché du sucre, les avancées du Plan national de recherche et d'innovation étaient à l'ordre du jour.

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Henri Faes, Pierre Dewilde et Emmanuel Pigeon.
Henri Faes, Pierre Dewilde et Emmanuel Pigeon. - © DLC

Pierre Dewilde, qui remplaçait Alexis Hache indisponible, accompagné d'Henri Faes, directeur adjoint de CGB Oise, Emmanuel Pigeon, directeur de la CGB Hauts-de-France, et Nicolas Rialland, directeur général de la CGB, ont brossé le rapport d'activité 2022 et les perspectives 2023.
2022 aura été marquée par un printemps sec, avec des problèmes de désherbage, et un été caniculaire et sec, un démarrage anticipé de certaines sucreries qui ont versé une indemnité d'arrachage précoce. Plus tard, décembre a subi un épisode de gel et les rendements n'ont pas progressé, sans doute à cause de la sécheresse. Fait particulier, des betteraves non marchandes à l'arrivée en sucrerie. Le bâchage Top Tex a montré ses limites et des planteurs ont subi de lourdes pertes, partiellement compensées pour les planteurs Tereos.
Au final, les 1.529 planteurs de l'Oise ont cultivé 34.780 ha, pour un rendement de 67,5 t à 16°, un des plus bas en France, le département ayant aussi beaucoup subi la sécheresse.


Vers 50 EUR/t ?
Heureusement, les prix ont été plus favorables pour la betterave, le cours du sucre se portant plutôt bien. Mais, si la CGB Oise veut croire à un prix autour de 50 EUR/t, elle n'oublie pas la formidable hausse des charges subie par les planteurs et les risques pris avec des semences non traitées NNI. «Au niveau mondial, on constate une dynamique haussière car certaines régions (Inde, Chine, Mexique) ont moins produit. Le marché du sucre est tendu et devrait le rester», analyse Nicolas Rialland. Les spéculateurs sont très présents sur le sucre actuellement, mais pas aux prix records constatés en 2022.
Au niveau européen, c'est le statu quo. Les surfaces sont stables, malgré la baisse en France, compensée par des hausses dans les pays de l'Est. La prévision de production s'établit à 14,7 millions de tonnes de sucre pour une consommation estimée de 16,6 M t, en déficit et donc des importations. Les imports habituels se font à hauteur de 2,2 millions de tonnes ; au-delà, il faudra payer des droits de douane de 419 EUR/t en plus du prix du sucre ! Le marché spot en Europe est actuellement de 800 EUR/t. Avec un gaz à 50 EUR/ MWh, plutôt à la baisse, les betteraves sucrières devraient être payées entre 52 et 58 EUR/t selon les hypothèses. «50 EUR/t est un prix probable», assure Nicolas Rialland.
Un dernier mot sur l'éthanol dont le marché se calme après la flambée pendant la crise Covid. À 70-80 EUR/hl, il est moins rémunérateur que le sucre et il y a une concurrence avec celui produit à partir de céréales, comme c'est le cas pour 80 % de l'éthanol en Europe. Avec une hausse de la consommation de 85 %, la France n'est plus autosuffisante.
Enfin, Nicolas Rialland rappelle la procédure d'indemnisation jaunisse à caler pour cette année. «Les discussions sont en cours. Le dispositif doit être validé par le ministère de l'Agriculture et Bercy, puis devra faire l'objet d'un accord de Bruxelles. Nous ne communiquerons pas tant que tout ne sera pas calé.»
Et d'insister sur le bras de fer avec Bruxelles qui, d'un côté, prône la souveraineté alimentaire et, de l'autre, veut baisser l'utilisation des phytos de 50 %. «Nous répétons : pas d'interdiction sans solutions. C'est le boulot du syndicalisme agricole de défendre les moyens de production. Personne d'autre ne le fera», conclut le directeur.

- © CGB

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