Chez Noriap, les pôles d’activités tirent vers le haut
Les activités de Noriap ? C’est la collecte des céréales avant tout, mais la coopérative performe aussi grâce à ses activités diversifiées. Elle faisait le bilan de sa campagne 2020-2021 lors de son AG, le 10 décembre.
Plus de trente ans après la naissance de la coopérative Noriap, le fil conducteur est resté le même : valoriser les productions de ses adhérents. Et ces productions sont avant tout végétales, blé en tête. 467 ME de chiffre d’affaires ont ainsi été réalisés grâce à la production végétale (collecte et approvisionnement), soit un peu plus du chiffre d’affaires total (821 ME). Le groupe a collecté 1 300 000 t de céréales lors de la campagne 2020-2021, dont 78 % de blé. «Grâce à la météo très favorable, les rendements et la qualité étaient au rendez-vous. Notre investissement dans de multiples filières a permis de valoriser cette collecte le mieux possible», annonce-t-on à la coopérative, lors de l’assemblée générale tenue le 10 décembre. «Nous ne pouvons pas en dire autant de la moisson 2021. La météo pluvieuse a lourdement impacté la qualité. Nous avons dû avoir recours à un gros travail du grain, ce qui aura une incidence économique», prévient François Gaffet, président de la coopérative.
Même si le blé contribue en grande partie au revenu des exploitations, les filières secondaires ont toute leur importance. «La future Pac devrait privilégier la diversité dans les assolements. Nous travaillons à permettre de nouvelles productions avec un accompagnement technique et des débouchés à nos adhérents», assure Nathalie Ternois, responsable de l’innovation chez Noriap. Par exemple, en 2021, 3 500 ha ont été emblavés à destination de SFP, pour la production de semences, 200 ha de tournesol, ou encore 30 ha de lupin ont été cultivés avec plus ou moins de réussite, compte tenu de l’année particulièrement humide et froide. «Nous n’avons pas la solution miracle, mais nous travaillons à offrir les meilleures opportunités aux agriculteurs.»
Les «pépites» distribution verte
Ces opportunités résident aussi dans les différents pôles d’activité de Noriap, en élevage et nutrition animale, en oeufs, en distribution verte, et en machinisme et travaux agricoles. Damien François, directeur du groupe, aime mettre en avant les deux «pépites» du groupe que sont la Sicap et Cobalys. La première gère vingt-deux magasins Gamn Vert répartis dans tout le territoire de la coopérative. «Ils ont fait l’objet de travaux de modernisation importants, qui les rendent plus attractifs. Depuis la crise, les gens ont aussi découvert qu’ils ont un jardin et qu’ils aiment s’en occuper.» Résultat : une évolution du chiffre d’affaires positive de 12 %, s’élevant à 30 ME. Cobalys, société spécialisée dans la distribution et le conseil pour les espaces verts à destination des entreprises et des collectivités, connaît aussi un franc succès. Son chiffre d’affaires bondit de
22,5 %, atteignant 14,7 ME.
La situation de Cocorette, en revanche, et plus délicate avec 151 ME de chiffre d’affaires grâce à 840 millions d’oeufs commercialisés, la marque subit la crise de la filière de plein fouet. «L’entreprise, dont nous sommes actionnaires majoritaires, fait face à une baisse de la consommation, alors qu’un pic avait été atteint lors du premier confinement, ainsi qu’à l’effet de l’augmentation des prix de l’aliment, sans réussir à la répercuter sur les prix de vente», note le directeur. Le président souhaite rassurer : «Nous n’abandonnerons pas les éleveurs de poules pondeuses et allons tout faire pour retrouver un équilibre.»
Même si le contexte est particulier, le groupe croit en un bel avenir, notamment apporté par la construction du Canal Seine-Nord Europe. «Nous sommes prêts. Nous bénéficions notamment d’une emprise foncière à Languevoisin, sur laquelle nous avons un silo de 100 000 t et un quai de 300 m de long. Les opportunités sont multiples», soutient Damien François.
Proactifs face au changement climatique
«Le climat fait la Une de l’actualité mondiale. Or, l’agriculture contribue pleinement à la lutte contre le réchauffement climatique», introduisait Nathalie Ternois, responsable de l’innovation chez Noriap. La coopérative voulait montrer qu’elle s’empare du sujet, en conviant Louis Bodin, ingénieur météorologiste responsable de la météo sur TF1 et RTL, et Jean-Louis Etienne, explorateur, lors de son AG (ce dernier était finalement absent).
Pour le météorologue, «le réchauffement climatique est bien réel, mais il ne faut pas se laisser entraîner dans une forme d’emballement. Les variations de température et les catastrophes naturelles ont toujours existé». Premièrement, la météorologie est une science très jeune : les premiers relevés météo scientifiques datent de 1870, et les premières images satellites ont été prises en 1961. «Mais des phénomènes météo forts ont été enregistrés depuis longtemps. En 1709, par exemple, la France a connu le "grand hiver" et Paris était sous 60 cm de neige. Au niveau mondial, la sécheresse de 1900, en Inde, a causé plus de trois millions de morts.» Comment faire pour se protéger au maximum de ces événements météo extraordinaires ? «Réintégrer la variabilité météo dans notre développement économique, assure le spécialiste. D’autant plus en France, car c’est le seul pays qui offre une telle diversité météorologique, avec des climats océanique, océanique dégradé, méditerranéen, méditerranéen dégradé, de haute-montagne, semi-continental et semi continental dégradé.» Le monde agricole, en l’occurrence, a ce rapport naturel avec le climat plus que n’importe quel autre secteur d’activité. «Il ne faudra jamais oublier son rôle premier, qui est de nourrir les Hommes. Mais la science doit aussi lui permettre de limiter son impact, tout en préservant la qualité des productions.»
Du concret
Chez Noriap, le sujet du stockage de carbone dans le sol est un sujet porté à différents échelons. L’association Poul’haies arbres de Novial, notamment, accompagne les éleveurs de poules dans leurs projets d’agroforesterie. «Par la réduction de l’amplitude thermique (protection du soleil et du vent), elle prévient le risque de piquage, ou de cannibalisme et développe le comportement exploratoire des animaux. L’agroforesterie participe également à l’enrichissement de l’écosystème et de la biodiversité de l’exploitation : fertilisation de la terre, santé du sol, lutte contre l’érosion... Enfin, elle contribue à la diminution d’émissions de gaz à effet de serre par la captation du carbone par les arbres. Sur le plan économique, elle permet à l’éleveur d’accéder à de nouveaux débouchés : bois d’énergie, bois d’oeuvre, bois raméal fragmenté…»
Autre exemple : l’accompagnement des agriculteurs qui s’engagent dans des pratiques d’agriculture régénérative. La coopérative a noué un partenariat avec la fondation Earthworm, en intégrant son programme Sols vivants. «Le changement de pratiques implique des risques. Nous faisons en sorte que l’ensemble de la chaîne de valeur, coopératives, marques, distributeurs, etc. prennent une partie de ce risque, pour que l’agriculteur bénéficie d’un filet», explique Bastien Sachet, son PDG. Le groupe Nestlé s’est ainsi engagé à mieux rémunérer ceux qui s’engagent à améliorer la santé des sols. «Quand l’agriculteur aura atteint un seuil de performances, il accédera à un autre niveau de rémunération. Cela permet aussi de récompenser les pionniers qui n’ont pas attendu ce programme pour faire des efforts», précise Nathalie Bonnet, responsable développement.
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