Comment le conflit russo-ukrainien s'invite dans la région
Réunie en session, le 10 mars, la Chambre régionale d'agriculture s'est penchée sur l'impact que le conflit entre l'Ukraine et la Russie pourrait avoir sur l'activité agricole nationale et régionale.
«Au-delà du drame humain, en Ukraine et pour les populations déplacées, le conflit qui oppose depuis maintenant plusieurs semaines la Russie à l'Ukraine rebat les cartes de la géopolitique et ne manquera pas d'entraîner un impact économique à l'échelle internationale à court et moyen terme», ont souligné les élus de la Chambre régionale d'agriculture qui se sont réunis à Amiens fin de semaine dernière. Économistes à l'APCA (chambres d'agriculture), Thierry Pouch et Marine Raffray ont livré leur éclairage sur la situation.
Après la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, les plans de relance avaient permis un retour à la croissance mondiale, entraînant une hausse des prix de l'énergie, des intrants et matériaux et ses conséquences inflationnistes. Aujourd'hui, avec le conflit et les sanctions à la Russie, le prix de l'énergie flambe, obligeant les fabricants d'engrais à limiter les productions. Pour la campagne 2022, 90 % des agriculteurs français sont fournis, mais la situation peut s'avérer très tendue pour la campagne 2023 si le conflit perdure. À elles seules, l'Ukraine et la Russie fournissent 30 % du blé à l'export et 80 % de l'huile de tournesol. Alors que le gouvernement ukrainien a pris des mesures d'interdiction d'exportation pour assurer sa sécurité alimentaire, la Chine a besoin de blé, suite à de mauvaises récoltes. D'autres pays dépendants des importations, au Moyen Orient et Afrique du Nord notamment, s'inquiètent de l'envolée des cours, laissant craindre une instabilité sociale, voire des émeutes de la faim. En réponse, à l'échelle régionale, une cellule de crise partagée avec la Draaf devrait être mise en place avec les filières pour échanger sur les problèmes et mutualiser les solutions.
Inquiétudes sur la stratégie européenne
Dans ce contexte, des voix s'élèvent sur la légitimité de la stratégie européenne «de la ferme à la table» (Farm to fork) découlant du «pacte vert» (Green deal). Si chacun au sein de la Chambre régionale d'agriculture, s'accorde sur «les efforts liés à la protection de l'environnement qui doivent se poursuivre dans un contexte de dérèglement climatique», le retour «imposé des jachères en 2023 qui priverait la population de 9 millions de repas» pose question. Une motion a ainsi été votée à l'unanimité par les élus régionaux demandant la révision de la stratégie européenne et ses traductions.
Accompagner les transitions
Ces mêmes élus ont déploré aussi le manque d'outils adaptés pour accompagner les agriculteurs concernés par des zonages environnementaux ; d'où une motion demandant des mesures agroenvironnementales et climatiques (Maec) adaptées à la région Hauts-de-France. «Les politiques de décroissance n'offriront aucune solution pérenne à notre société», ont souligné les élus de la Chambre régionale, avant d'accueillir Frédéric Motte, vice-président de la Région en charge de REV 3. Le Conseil régional propose ainsi de revisiter toutes ses politiques à l'aune de la «troisième révolution industrielle», permettant d'accompagner les transitions. La profession agricole est attendue sur des thématiques d'innovation :
produits biosourcés..., sur la structuration des filières d'avenir, créatrices d'emplois. Des territoires pourront en faire la démonstration, en association avec les mondes de la production, de la recherche, de l'enseignement et en y impliquant la population.
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