L'Oise Agricole 03 juillet 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Donner à Réagir pour continuer son action grâce à la défiscalisation

L'assemblée générale de l'association créée pour aider les agriculteurs en difficultés a été l'occasion de partager une bonne nouvelle, sa reconnaissance d'intérêt général. Ainsi, les entreprises qui donneront 100 euros seront défiscalisées à hauteur de 60 % et les particuliers de 66 %.

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Assemblée générale de Réagir : la plupart des partenaires sont présents. Se pose la continuité des actions menées si des moyens financiers supplémentaires ne sont pas accordés. Grâce à la défiscalisation des dons, les OPA peuvent donner plus pour une même somme déboursée au final.
Assemblée générale de Réagir : la plupart des partenaires sont présents. Se pose la continuité des actions menées si des moyens financiers supplémentaires ne sont pas accordés. Grâce à la défiscalisation des dons, les OPA peuvent donner plus pour une même somme déboursée au final. - © dlc

C'est François Mellon, le président de l'association, qui le dit clairement : «nous comptons sur nos donateurs habituels pour relever leur niveau d’aide grâce à cette possibilité fiscale car il en va de l’avenir de la structure qui a fait la preuve de son efficacité et qui, aujourd’hui, perd des soutiens alors qu’elle est de plus en plus sollicitée par des agriculteurs en difficultés. Notre valeur fondatrice est la solidarité. Avons-nous encore la volonté de la faire vivre ? C’est le dilemne auquel nous sommes confrontés !»

Car l’association a, depuis sa création il y a 8 ans, aidé 147 exploitations agricoles dont 70 % avec succès. Cela fait tout de même 294 personnes qui ont trouvé au sein de l’équipe Réagir une écoute attentive, un diagnostic de leur situation et la recherche de solutions avec les partenaires : MSA, coopératives, banques, fournisseurs...

Une activité en hausse

Malheureusement, les personnes qui sollicitent Réagir sont de plus en plus nombreuses et le font tardivement, alors que leur situation est déjà fortement dégradée. Ce sont les concernés qui doivent faire la démarche, même s’ils ont été au préalable repérés par des partenaires et invités à faire la démarche.

Au 26 juin, date de l’assemblée, 64 exploitations agricoles sont suivies : 37 en mode renforcé et 27 en allégé. 15 sont sorties du dispositif depuis le début de l’année, 11 y sont entrées. «Nous observons une forte dégradation des situations. Les personnes qui nous contactent sont dans une situation d’impasse, le plus souvent économique avec une pression par un huissier, une convocation au tribunal, une pression forte des fournisseurs, le plus souvent la MSA», expose Sylvie Douchet, la responsable de Réagir. En 2024, 5 dossiers sont partis en redressement, 1 est en cours de liquidation, deux sont sortis de la liquidation avec une nouvelle réorientation très favorable et un est en gérance sous tutelle, ce qui est très compliqué.

«Les personnes que nous accompagnons sont souvent découragées, dépressives et parfois abîmées par la vie, ce qui demande des compétences larges pour les accompagner. Elles sont dans l’incapacité de prendre des décisions et d’agir, ce que nous ne faisons pas à leur place. Souvent, il faut leur laisser du temps pour reprendre confiance en elles, réfléchir et enfin se saisir des solutions que nous leur proposons», poursuit Sylvie Douchet.

Une évolution dans les profils

64 % des personnes suivies ont entre 40 et 60 ans. Les plus de 60 ans rencontrent des difficultés pour transmettre leur exploitation et cumulent souvent problèmes humains et de santé. Les moins de 30 ans représentent quand même 9 % ; ils se posent la question de leur installation et subissent parfois des incompatibilités intergénérationnelles. Les 50-60 ans sont souvent des personnes pour qui la gestion administrative et financière est un véritable cauchemar.

En ce qui concerne l’orientation technico-économique des exploitations suivies, l’élevage reste dominant mais sa part s’atténue, du fait de l’arrêt de l’élevage dans bon nombre d’exploitations de l’Oise. Néanmoins, de nouvelles activités rencontrent des difficultés qui nécessitent un suivi par Réagir : c’est le cas du maraîchage ou de l’activité équine, où il y a beaucoup d’impayés. «95 % des personnes accompagnées rencontrent des problèmes humains. Il est difficile de savoir si ce sont les problèmes humains qui ont entraîné les difficultés économiques ou l’inverse».

Au niveau territorial, Réagir intervient sur l’ensemble du département, mais un peu plus dans le Nord-Ouest et dans le Nord-Est, zones traditionnelles d’élevage.

L’activité 2024 de Réagir a également consisté en des actions plus transversales comme la participation au CTMapa (comité technique pour le prévention du mal-être et de l’accompagnement des populations agricoles en difficultés) qui a mis en place un annuaire regroupant tous les dispositifs d’accompagnement. Ma boussole agricole est en cours de finalisation et sera présentée en juillet avant d’être mise en route en septembre.

En 2024, l’association a été reconnue d’intérêt général, ce qui ouvre la voie à la défiscalisation des dons. Alors que les moyens humains sont limités et que la demande d’accompagnement s’accroît, François Mellon en appelle aux organisations professionnelles agricoles. Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture, promet de revoir sa contribution et pense que de nouvelles enveloppes pourraient être sollicitées. En attendant, si les responsables agricoles veulent continuer à faire vivre ce bel outil de solidarité dont les résultats sont plus que probants, ils doivent prendre leurs responsabilités. Des agriculteurs aidés aujourd’hui, ce sont des drames en moins demain.

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