Une plateforme d’orientation pour lutter contre le mal-être agricole
À l’issue du comité plénier pour la prévention du mal-être et l’accompagnement des populations agricoles en difficulté, la préfecture de l’Oise a annoncé le lancement de la plateforme «Ma boussole agricole», un outil numérique pour orienter et accompagner ceux qui traversent une période difficile.

Le 31 juillet 2025, la préfecture de l'Oise a officiellement lancé «Ma Boussole Agricole»
(www.maboussoleagricole.fr), une plateforme numérique destinée à orienter et accompagner les agriculteurs traversant des périodes difficiles. Cette initiative, fruit d'un partenariat entre l'État, la MSA Picardie et les organisations professionnelles agricoles, entend répondre à la souffrance des acteurs du monde agricole, entendue lors des manifestations de l’hiver 2024. «Être agriculteur est souvent une vocation, souligne Frédéric Bovet, secrétaire général de la préfecture de l'Oise, mais les exploitants et salariés agricoles font face à des difficultés croissantes : pressions économiques, aléas climatiques, isolement, problèmes de santé mentale. Ces facteurs multiples peuvent conduire à des situations de détresse, parfois dramatiques.»
La plateforme «Ma Boussole Agricole» se présente comme un annuaire en ligne accessible depuis un smartphone ou un ordinateur. Son fonctionnement est pensé pour être intuitif : l'utilisateur sélectionne sa problématique parmi plusieurs thématiques (santé, travail, famille, économie, droit) et se voit proposer des dispositifs d'accompagnement adaptés. «On est dans un monde aujourd'hui où on a de multiples informations qui nous arrivent, de multiples dispositifs. C'est parfois un peu compliqué pour un chef d'entreprise, pour un agriculteur, de s'y retrouver et de savoir à qui s’adresser», appuie Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture de l’Oise.
Chaque solution référencée est présentée de manière claire avec l'identification de la structure porteuse, la nature du dispositif, les situations prises en charge et les coordonnées de contact. Des vidéos de présentation et des documents explicatifs complètent l'information. L'outil permet également le partage via les réseaux sociaux ou par e-mail, facilitant l'aide par l'entourage.
Un outil conçu pour tous les acteurs du monde agricole
«Ma Boussole Agricole» s'adresse non seulement aux exploitants agricoles, mais aussi aux salariés agricoles, aux employés des organisations professionnelles agricoles (coopératives, Crédit agricole, etc.) ainsi qu'à leurs familles et proches. Une approche élargie qui reconnaît que le mal-être agricole peut toucher l'ensemble de l'écosystème professionnel et familial.
L'accompagnement proposé est gratuit, confidentiel et respectueux de l'anonymat. Les structures sont classées par département pour garantir une proximité géographique et une
connaissance fine des réalités locales.
Une initiative saluée au niveau national
Le coordinateur national du plan de prévention du mal-être en agriculture, Olivier Damaisin, présent lors du lancement, a qualifié la plateforme de «très bel outil, sinon l'un des plus beaux outils» qu'il ait vus dans les 70 départements qu'il a visités. «C'est l'interactivité qui fait la différence», précise-t-il, soulignant la navigation intuitive et le regroupement de toutes les informations en un outil unique. «J'ai proposé à madame la ministre de recevoir les personnes qui ont réalisé ce site afin de discuter d’une éventuelle déclinaison nationale. Un site comme celui-ci serait très utile en Savoie et en Haute-Savoie, où sévit la dermatose.»
La MSA Picardie a déboursé 7.000 € pour la conception du site, auxquels s’ajoutent 5.000 € de maintenance sur 5 ans.
Un réseau de sentinelles pour la détection précoce
Parallèlement au lancement de la plateforme, le dispositif s'appuie sur un réseau de 85 «sentinelles» formées dans le département de l'Oise. Ces personnes - agriculteurs, vétérinaires, inséminateurs, comptables, personnels administratifs - sont formées à détecter les signes de mal-être et à orienter vers les dispositifs d'aide appropriés. D’après la MSA Picardie, plus de la moitié des 170 signalements reçus en 2024 proviennent du réseau Sentinelles.
Si les chiffres exacts du suicide en milieu agricole restent difficiles à établir, les acteurs de terrain constatent une prise de conscience progressive. «Le sujet du mal-être est trop longtemps resté tabou, estime Luc Smessaert. Il faut absolument faire savoir qu’il existe des solutions, qu’on peut tous dans une carrière se retrouver dans une situation compliquée. C’est important aussi pour les jeunes qui souhaitent faire ce beau métier. Tout n’est pas rose, il y a des difficultés, mais il y a des personnes qui sont là pour que vous ne restiez pas au bord du chemin.»
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