Grandes cultures biologiques, où en sommes-nous dans les Hauts-de-France?
En 2023, les surfaces régionales conduites en bio ont diminué de 3.500 ha.
Cela s'explique d'abord par la diminution très nette des conversions. Pour autant, avec 57.321 ha et près de 1.422 fermes, le mouvement de déconversion n'a pas l'ampleur que l'on pouvait redouter. Les producteurs engagés, dans leur grande majorité, sont attachés à ce mode de production, qui leur a permis de diversifier leur assolement et de redécouvrir le métier d'agriculteur.
Une conjoncture difficile
Le contexte économique, recul de la consommation et prix bas aux producteurs, explique les deux années difficiles que connaît le monde de la bio. Précisons tout de même, que si la part des ventes bio par les GMS chute de 4 %, celles liées à la vente directe progressent sensiblement. D'après l'Insee, en 2023, la hausse des prix sur les produits alimentaires bio est plus faible que pour les produits alimentaires classiques. Manger bio ne coûte pas forcément plus cher !
Le rebond de la consommation bio au premier trimestre 2024, qui semble se confirmer, couplé à une moisson en net retrait (- 42 % de de rendements en céréales), engendre une hausse des prix cet automne. En 2025, la France devra exceptionnellement importer pour combler ses besoins, en particulier pour les céréales utilisées en alimentation animale.
Agir pour préserver la valeur ajoutée
En Hauts-de-France, dans ce contexte, nombre de producteurs biologiques ont diversifié leur assolement. Cela a été possible à la faveur d'opérateurs économiques également engagés dans la recherche de valeur ajoutée.
Se distinguer sur les marchés repose de plus en plus sur des démarches de qualité et d'équitabilité proposées au sein des filières AB.
Il reste pour autant des questions posées par les agriculteurs biologiques. Quelles sont les cultures à privilégier au printemps 2025 pour répondre aux besoins du marché ? Des mécanismes de régulation ne devraient-ils pas être envisagés à l'image de ce qui a été engagé sur certaines filières agricoles ? Ces différents aspects feront l'objet d'une matinée d'exposés présentés à l'occasion des prochaines Rencontres grandes cultures bio de fin novembre.
VivLéBio, un programme de recherche
Les Hauts-de-France bénéficient depuis 10 ans de travaux de recherche conduits par Agro Transfert RT sur les enjeux de développement de l'agriculture biologique. Ce travail, qui associe différents partenaires, s'appuie sur des suivis réalisés au plus près du terrain.
Le projet VivLéBio s'est intéressé à deux problématiques centrées autour du développement des légumes de plein champ biologiques, la gestion des laiterons et la fertilité des sols.
Gestion des vivaces sans herbicides
Le laiteron des champs est une adventice de plus en plus problématique dans les systèmes agricoles bio ou conventionnel des Hauts-de-France. Comme toutes les vivaces, mais moins étudié en France que le chardon des champs ou le rumex, il a la capacité de se multiplier par ses racines où il stocke de l'énergie afin de pouvoir repousser après l'hiver. Il est très présent dans les systèmes légumiers où les outils d'affinage du sol viennent fractionner son système racinaire superficiel et cassant.
Les principaux leviers de gestion sont d'ordre mécanique, à l'aide de déchaumages répétés et de binages. L'étude montre que des leviers de gestion existent au niveau de la rotation avec des cultures comme le sarrasin, permettant de diminuer les densités de laiterons et au sein de l'itinéraire cultural avec des déchaumages répétés réalisé au bon stade (4 à 6 feuilles de l'adventice).
Fertilité des sols en AB
L'augmentation de la part des cultures de légumes dans les rotations a également un impact sur la fertilité du sol, obligeant les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques. A travers l'apport d'éléments naturels tels que le compost, le fumier, les fientes ou les engrais organiques, les agriculteurs visent une amélioration de la qualité des sols. Dans le cadre du projet VivLéBio2, nous avons suivi cinq parcelles d'agriculteurs qui se sont orientés vers les légumes pour apprécier sur plusieurs années l'évolution de différents paramètres constituant la fertilité physique et chimique des parcelles.
Pour en savoir plus !
Les quatrièmes Rencontres grandes cultures se dérouleront le mardi 26 novembre prochain à la salle des fêtes d'Ablaincourt-Pressoir, dans la Somme (près de la gare TGV).
À l'initiative des Chambres d'agriculture, de l'association Bio en Hauts-de-France et d'Agro-Transfert RT, la journée est ouverte à tous les acteurs du monde agricole intéressés par le développement de l'agriculture biologique régionale.
Pour y participer, contacter Gilles Salitot au 06 81 95 93 59 ou Hélène Plumart au 07 87 32 26 10.
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