L'Oise Agricole 02 novembre 2022 a 14h00 | Par Dorian Alinaghi

L’État et la CCI soutiennent les entreprises sensibles à la sobriété énergétique

Le mardi 25 octobre au sein de la Chambre de commerce et de l’industrie à Beauvais, une conférence a été organisée sur le thème de la sobriété énergétique. Dans un contexte difficile, les entreprises de toutes tailles sont plus que jamais concernées par la crise énergétique. Toutes les économies et les idées de transition énergétique sont bonnes à prendre.

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Les tensions sur le marché de l'énergie ont des origines structurelles (diminution des stocks de ressources de matières premières) et conjoncturelles (pression de la demande en phase de reprise économique, crises…). Elles entraînent une volatilité des prix de l'énergie orientés à la hausse. Dès lors, la préfecture et la CCI de l’Oise ont invité 140 chefs d’entreprise afin d’échanger sur la sobriété énergétique.

D’ailleurs, le 26 septembre, une enquête avait été réalisée auprès de 230 dirigeants, révélant que 76% d'entre eux subissent un impact fort ou modéré de la hausse du coût de l’énergie. Les entreprises les plus touchées sont la logistique, l’hôtellerie et les établissements de santé. La hausse des coûts énergétiques s'étale de 10% à 25% pour plus de la moitié des entreprises. Pire pour les industries, où les coûts sont multipliés par cinq.

Dès lors, la stratégie de l’entreprise est remise en cause, ainsi que les investissements, pour 40 % des sondées. Malgré des actions menées, 92 % des dirigeants estiment ne pas pouvoir évaluer les conséquences de ces actions sur la baisse de leur facture d’énergie.

L’Oise prête pour la sobriété
Avant que la table ronde ne démarre avec quelques exemples d’entreprises oisiennes qui ont trouvé certaines solutions, Laurence Hurni, directrice exécutive de la CCI de l'Oise, a informé les invités sur le fait que «l’installation des éclairages Led divise la consommation de moitié. Nous sommes là pour vous aider à réaliser des diagnostics énergétiques.»

Philippe Bernard, président de la CCI de l’Oise et patron de l'entreprise Sotrasur à Auneuil, approuve les propos de Laurence Hurni. «Avec l’installation de Led sur mon bâtiment de 250 m de long, la facture a été divisée par deux. Il faut penser à l’avenir, pérenniser nos entreprises. Il n’y a pas de barrages entre l’État et les entreprises. L’État peut être un facilitateur. Arrêtons de nous mettre des freins. Nous avons décidé de faire de la CCI la maison des entrepreneurs. C’est notre rôle de faire descendre des informations. Les entreprises vont devoir mettre en place des stratégies de RSE (responsabilité sociale et environnementale). Sinon, elles ne pourront plus répondre aux appels d’offres. De même, Rev3 est un programme fédérateur, facilitateur, transverse.»
Ainsi, plusieurs entreprises ont présenté les solutions apportées à leurs locaux. Christophe Desjardin a fait construire un garage de 500 m² à Avrechy. Attention, la liste est longue : puits de lumière, éclairage Led, sol en dalles quartzées pour éviter une possible pollution des sols, recyclage des filtres à carburant, cabine de peinture récente, port du gant obligatoire pour tous les salariés, même le parking a été aménagé pour éviter un surplus d’huile sur le sol… Ce projet a bénéficié d’aides de la Région dans le cadre du fonds régional d'amplification de la troisième révolution industrielle (Fratri). Il est même possible de visiter ce garage vertueux.


Julien Crépin, président de Bio Propre, entreprise de nettoyage industriel à Margny-lès-Compiègne, compte sur ses 40 salariés qui prônent la sobriété énergétique et les enjeux environnementaux : «Mes salariés m’ont tous posé la question : que faites-vous pour me respecter et respecter l’environnement ? Au quotidien, nos produits sont bio sans rejet nocif, les déplacements sont assurés en véhicules électriques. Pour nettoyer des vitres on n’utilise pas de nacelles… Je pense qu’il faut prendre les devants, accompagner la transition et cela fonctionne très bien.»

France 2030 et Rev3
Après quelques interventions, François Gemenne, politologue, explique que les entreprises ont un rôle à jouer pour faire bouger l’État. «Selon les trajectoires économico-historiques, les États ont pollué de manière très différente selon les époques. En 1800, nous émettions 30 millions de tonnes de dioxyde de carbone, contre 36 milliards en 2019. Cette hausse spectaculaire vient surtout des pays d’Asie, qui sont passés de 16 % des émissions mondiales à 48 %. À l’inverse, l’Europe est tombée de 42 % à 15 %. Ainsi, ceux qui prétendent que la France ne représente que 1 % des émissions oublient que si cela est vrai aujourd’hui, ça n’était pas le cas il y a cinquante ou cent ans, et que le gaz émis alors est toujours en train de tournoyer dans l’atmosphère. Toujours est-il que désormais, c’est dans des villes comme Lagos, New Delhi, Jakarta, Mexico ou Le Caire que les enjeux climatiques se jouent. Or, les États, anciens ou nouveaux pollueurs, ne se préoccupent que de leurs émissions nationales, ce qui a bien peu de sens pour qui sait que les gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontières.»
Mais l’activité des entreprises est impactée durablement par des phénomènes de tension permanente sur les prix de l'énergie. La maîtrise des consommations énergétiques devient un enjeu majeur pour le développement et la pérennité des entreprises. De même que les enjeux environnementaux liés à la neutralité carbone imposent une transition énergétique vers des modes de consommation plus économes et respectueux du climat.
Pour cela, Corinne Orzechowski, préfète de l'Oise, a présenté plusieurs programmes venant en aide aux entreprises. Le premier, Rev3 : initié par la Région et la CCI Hauts-de-France, l'objectif est de promouvoir une région plus durable et plus solidaire. Dans l’Oise, la CCI vient en aide aux dirigeants d’entreprises et aux collectivités avec des outils de diagnostic (flashdiag énergie, flashdiag gestion des déchets, etc.), des parcours de formations (transition écologique, RSE…), des journées de coaching personnalisé. Mais aussi des interventions en fonds propres (financement participatif, fonds Cap 3 RI), une prise en charge des coûts (booster TPE-Transition écologique, diagnostic transition écologique, accélération de la transition écologique). De plus, un numéro unique (03 20 63 79 00) a été créé pour être à l'écoute des entreprises, les informer et les orienter vers les bons interlocuteurs et les aides et dispositifs dédiés.

«Nous connaissons et nous allons continuer à vivre des temps économiques difficiles si on ne reprend pas la main sur la crise énergétique. Mais il faut faire confiance à l’État qui est présent. Lors de la pandémie, on a vu combien on était fragile, notamment dans l’industrie du médicament. Nous sommes là pour vous aider, même en termes financiers à travers les appels à projets France 2030. Signez vos contrats avant la fin octobre pour avoir des tarifs garantis. Sinon, vous risquez de ne pas bénéficier des aides.»
Pour rappel, le 12 octobre, le Président de la République a énuméré les objectifs de France 2030. Ce plan, doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans, vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Il poursuit 10 objectifs pour mieux comprendre, mieux vivre et mieux produire, à l’horizon 2030. On y trouve entre autres : le leadership de l'hydrogène vert, la décarbonation de l’industrie, l’investissement dans une alimentation saine, durable et traçable et la production de près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides.
La CCI de l’Oise conseille aux entreprises de la contacter pour réaliser une transition écologique, mais aussi un gain économique.

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