La bio peine à sortir de la crise
L'Agence Bio a présenté le 13 juin les chiffres de la filière pour 2023. La crise que connaît le secteur depuis plusieurs mois ne semble pas s'enrayer. La Fédération nationale de l'agriculture biologique appelle à «engager un sursaut de développement».

Les 15 millions d'euros supplémentaires que le ministère de l'Agriculture vient de mettre dans «l'enveloppe budgétaire de soutien aux exploitations en agriculture biologique ayant subi des pertes économiques importantes», suffiront-ils à redynamiser le marché du bio en France ? De l'avis de certains experts, c'est «un cautère sur une jambe de bois». En effet, les chiffres présentés par l'Agence bio sont pour le moins inquiétants : pour la première fois, la SAU en bio régresse de 2 % à 2,8 millions d'ha. Aujourd'hui, seuls 10,4 % de la SAU sont en bio contre 10,5 % en 2023. «Ce qui nous éloigne de l'objectif de 18 % de SAU bio en 2027 que la France a fixé dans la politique agricole commune», regrette l'Agence bio. Les feux semblent passer à l'orange dans de nombreuses productions : - 29 000 ha pour les surfaces fourragères ; - 24 000 ha pour les grandes cultures, - 3 % en lait bio... «Nous avons perdu 54 000 hectares en un an», a souligné Laure Verdeau, directrice de l'Agence. Plus inquiétant, c'est le nombre de conversion du conventionnel vers le bio qui s'est essoufflé en 2023. Le solde positif de 2 % entre les arrivées (7 % de nouveaux) et les sorties (5 % des effectifs) confirme la faible dynamique des conversions. L'année 2023 a connu 3054 arrêts de certification biologique en 2023, contre 2 947 en 2022. Le phénomène inquiète car la tendance pourrait encore se détériorer en 2024. Au total, ce sont actuellement 61 000 exploitations qui sont certifiées bio, soit 14 %du nombre des fermes françaises. Les résultats 2023 de la filière confirment également une baisse du nombre des entreprises de l'aval certifiées bio (- 2,4 %) et du nombre d'emplois qui y sont liés (- 7 %).
Pérennité du modèle
Les dirigeants de l'Agence bio expliquent cette désaffection pour le bio par la conjonction de nombreux facteurs, à commencer par la perte de pouvoir d'achat des Français et la progression de l'inflation alimentaire (+ 11, 8 % tous produits/+ 7,7 % sur le bio) qui se traduit par un recul de la consommation entre 2022 et 2023, (- 4,7 % en valeur globale). «La part de ces dépenses allouée au bio se réduit, et passe de 6 à 5,6 % de leurs dépenses», note l'étude présentée par l'Agence. «L'évolution du marché bio est de 0 % avec seulement 5 mil-lions d'euros de chiffres d'affaires supplémentaires, inflation com-prise sur un total de marché de 12,081 milliards d'euros (MdEUR).» Les dirigeants de l'Agence veulent cependant croire à la pérennité de leur modèle, notamment au travers de la vente directe qui a cru de + 9 % entre 2022 et 2023, parce que c'est «un modèle qui s'inscrit dans la durée» et que «le bio redémarre» dans la majorité des pays européens (lire encadré).
Le bio progresse en Europe
À contre-courant de la France, le marché du bio progresse presque partout en Europe, à l'exception la Finlande où il re-cule de 6 % s'établissant à 352 millions d'euros (MEUR).
En Allemagne, le marché progresse de 5 % et les surfaces en bio ont gagné 5 % par rapport à 2022 pour atteindre 1,94 mil-lions d'hectares (Mha), soit 12 % de la SAU.
En Espagne, le marché progresse de + 6 % (3 MdEUR) de même qu'en Italie (+ 8 %/5,5 MdEUR), en Belgique (+ 21 %/1,153 MdEUR) et en Suède (+ 1 %/3 MdEUR).
Toujours en Europe continentale mais hors UE à 27, le Royaume-Uni a vu son marché bio augmenté de 2 % en 2023 pour atteindre 3,65 MdEUR. La Suisse a suivi la même tendance : + 5 % pour une valeur totale de 4,4 MdEUR.
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