L'Oise Agricole 18 mai 2015 a 08h00 | Par Action agricole picarde

La campagne 2014/2015 d’exportation de blé français : une heureuse surprise

Interview d'Anne-Laure Paumier, directrice adjointe de Coop de France métiers du grain.

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- © Actuagri

L’exportation française de blé vers l’Union européenne et les pays tiers peut atteindre, selon les années, jusqu’à 50% la récolte nationale. Son succès est et sera de plus en plus fondé sur la régularité et la qualité de notre production. Or, la moisson française 2014 a été caractérisée par son hétérogénéité et la présence d’une proportion inhabituelle de blés fourragers et de petits blés meuniers qui ne correspondaient pas à la demande de notre clientèle traditionnelle.

Pourtant, contrairement à toutes les prévisions, cette campagne figurera comme l’une des meilleures, en volume, de ces dernières années. Anne-Laure Paumier, directrice adjointe de Coop de France métiers du grain, où elle est en charge des marchés, nous explique les raisons d’un bilan inespéré.

En début de campagne, le Conseil céréales de FranceAgriMer, au vu de la qualité décevante de la récolte française de blé, estimait à quelque 8Mt les possibilités d’exportation vers les pays tiers. Depuis, la barre est montée à 10,6Mt, soit l’un des meilleurs résultat enregistrés ces dernières années.A quoi doit-on cette heureuse surprise ?

En début de campagne, le Conseil céréales de FranceAgri- Mer est toujours prudent dans l’élaboration de ses bilans prévisionnels, notamment s’agissant de l’export. Cette campagne, il avait des raisons particulières de l’être compte-tenu des doutes sur le disponible exportable de qualité souhaitée par certains de nos clients traditionnels, Algérie, Maroc, Yémen.

Heureusement, l’Egypte, un peu moins exigeant sur la valeur boulangère (Hagberg) est venu largement sur le marché Français, 2Mt achetées par le GASC (organisme d’Etat égyptien d’intervention), à ce jour, la meilleure performance française depuis l’embargo russe de 2010, palliant en grande partie les défaillances du Maghreb, dont les achats n’ont cependant pas été négligeables. La moindre présence de la Russie sur le marché mondial (taxation à l’export), la forte baisse de l’euro, ces derniers mois, ont considérablement favorisé le blé européen, dont français.

Et puis, il y a eu la recherche positive de débouchés pour nos blés fourragers et petits blés meuniers surabondants cette campagne, qui a permis de dégager d’importants volumes. Le dynamisme des exportateurs dans la conquête de ces débouchés est à saluer, mais aussi l’effort consenti par toute la filière, notamment par collecteurs qui ont eu un gros et coûteux travail de tri et d’allotement.

Enfin, la diversité des qualités a entraîné celle des prix et tout au long de la filière l’effort d’adaptation au rapport qualité/ prix a été la règle respectée pour maintenir la compétitivité de nos blés sur les marchés d’exportation, y compris vers l’U.E.

Ces exportations inhabituellement élevées de blé fourragers ou entre-deux présagent-elles de nouveaux courants commerciaux pérennes ou s’agit-il d’un fait purement conjoncturel?

Le fait conjoncturel est évident et la vocation de la France n’est pas de produire du blé fourrager pour fonder ses marchés d’exportation.

Néanmoins, les courants commerciaux, en particulier vers l’Asie, qui se sont ouverts cette campagne pour ces catégories de blé a démontré à nos clients potentiels que nous étions capables de répondre à tous les types de demande en pratiquant des prix compétitifs.

Dans ce contexte, les blés fourragers ont bénéficié d’une bonne valorisation par rapport au blé meunier. N’est-ce pas un risque d’encouragement au laxisme dans la politique de production qualitative prônée par les organisations professionnelles et illustrée par le plan protéines?

Toute la récolte de petits blés n’a pas bénéficié de cette bonne valorisation qui s’est surtout manifestée progressivement depuis le début de l’année, au fur et à mesure que se développaient leur exportation et ne constitue certainement pas un encouragement à produire médiocre.

Comment voyez-vous le marché céréalier en cette fin de campagne et pour le début de la prochaine?

Pour ce qui est du blé, les très grosses ventes à l’exportation ont permis d’alléger une perspective de stock de report qui était inquiétante, et si l’on considère le niveau élevé des tirages de certificats d’exportation, on peut espérer une bonne activité dans les prochains mois.

Par ailleurs, au niveau mondial, les dernières prévisions du CIC font envisager une production (705Mt) inférieure à la consommation (711Mt) d’où un recours au stock. Les disponibilités resteraient donc larges, mais un peu moins pesantes. Pour l’instant, sur le marché français, la prochaine campagne s’engage sur les mêmes bases de prix que l’actuelle.

L’orge a connu une très bonne campagne grâce à des exportations vers les pays tiers, majoritairement la Chine, qui dépasseront peut-être les ventes à l’U.E, et le début de campagne s’annonce bien.

Les raisons d’inquiétudes viennent du maïs avec un stock de report national annoncé de 3,6Mt contre une moyenne de 2,37 les 4 campagnes précédentes. Certes, le marché mondial sera mieux équilibré, la consommation devant dépasser la production, et nos concurrents ukrainiens sur le débouché U.E connaîtraient une sensible baisse de production. La fin de campagne risque d’être lourde et, comme pour le blé cette campagne, le salut résidera dans la conquête de nouveaux débouchés.

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