«On ne peut pas préserver la nature sans les agriculteurs»
Bio en Hauts-de-France conviait les curieux à St-Germer-de-Fly pour une visite de la ferme des Tourbières. Objectif : montrer aux habitants que les pratiques agricoles herbagères et bio sont des leviers efficaces pour contribuer à la préservation de l’environnement.

«C’est la deuxième journée que nous organisons dans le cadre du projet AgriBioDiv, en coopération avec Bio en Hauts-de-France et Terre de Liens, explique Matthieu Franquin, chargé de mission agroécologie au Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France. Nous voulons montrer qu’il est possible de concilier biodiversité et activité économique dans une ferme d’élevage.»
Sur les terres de la ferme des Tourbières, en lisière de Saint-Germer-de-Fly, en Pays de Bray, les scientifiques ont recensé 85 plantes différentes dont 7 espèces rares et 45 espèces d’oiseaux. Une richesse qu’ils appellent à protéger, mais avec la participation des agriculteurs. «On ne peut pas préserver la nature sans les agriculteurs. Les espaces naturels, les côteaux calcaires, les marais, les prairies, sont entretenus par les exploitants de la région.»
Selon le botaniste, nombreux sont les agriculteurs «très intéressés» par la biodiversité. «Nous (le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France, ndlr), on n’est pas exclusif sur la bio. On travaille avec 250 agriculteurs dans la région et la grande majorité sont en conventionnel. Mais, forcément, la bio apporte un plus environnemental.»
C’est le chemin choisi par Romain Roscouët, qui s’est donc installé il y a environ un an et demi, après 15 ans comme salarié agricole, qui est tout de suite passé en bio et qui compte aujourd’hui un troupeau de 30 charolaises allaitantes. «Je ne vois pas tellement de contraintes à être en bio dans mon système d’élevage. J’arrive à produire mes propres céréales, je n’achète rien et ne travaille avec aucune coopérative, de sorte que je suis autonome à 100 %.»
Certaines de ses pâtures se trouvent en zone humide, en bordure de l’Epte, voisines de la réserve naturelle des larris et des tourbières de Saint-Pierre-es-Champs, ce qui n’a pas représenté un frein pour l’éleveur lors de la reprise : «Ça me permet d’avoir de l’herbe tout le temps, alors que les étés s’avèrent être de plus en plus secs. Cette année, on a eu une récolte d’herbe exceptionnelle. En système allaitant, c’est un atout plutôt qu’un inconvénient.»
«Les zones humides comme celle de Romain sont très riches en biodiversité, ajoute Matthieu Franquin, mais elles peuvent aussi avoir un rôle fonctionnel en produisant du fourrage. La diversité floristique apporte aussi des propriétés thérapeutiques et une certaine richesse protéique. Si on ne va pas nécessairement pouvoir faire d’ensilage sur ce type de parcelles, la pousse d’herbe y sera plus étalée et va sécuriser l’été pour l’agriculteur.» Un petit marais est aussi une zone refuge pour les insectes et les auxiliaires pollinisateurs.
Si l’éleveur envisage d’augmenter son cheptel à 50 bovins dans les années à venir, il a aussi prévu de planter des haies. «Il faut arriver à ce que la ferme dégage un revenu convenable tout en respectant l’environnement. Il faut trouver un juste milieu économique et écologique», conclut Romain Roscouët.
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