Dans la cour pavée de cette ferme du XVIIIe siècle, nichée à 8 kilomètres de Senlis, se prépare un événement pas comme les autres. Oubliez les traditionnelles brocantes où l'on déambule de stand en stand. Ici, dans une grange exceptionnelle de plus de 60 mètres de long, tous les objets sont mis en scène avec le talent d'Isabelle Godet, fleuriste événementielle reconnue qui habille les plus beaux châteaux de la région. «On va mettre en scénographie tous les objets de la brocante», explique Valérie Boulanger, l’organisatrice. «Tout est numérisé, étiqueté et passe par une caisse centrale. Les prix sont extrêmement doux car 80% des objets viennent des adhérents, sans aucune commission.» Une approche qui permet de proposer des milliers d'articles à des prix attractifs, dans un cadre entièrement repensé.

50 créateurs locaux

Dans la cour de ferme, une cinquantaine de créateurs et artisans locaux - à 95% originaires de l'Oise - proposeront leurs savoir-faire. Mais attention, pas question de «remplissage de stands». «J'ai la chance de pouvoir sélectionner uniquement les stands qui s'harmonisent entre eux, que j'aime, et les créateurs dont j'apprécie le travail», précise l'organisatrice. Au programme de cette édition : un coutelier local, un fabricant de chapeaux, des céramistes, un artisan qui fabrique ses cuillères en bois en n'utilisant que l'eau de la rivière, ou encore des balades en forêt accompagnées de rapaces. Sans oublier les nouveaux venus comme les Glaces Beaumont, une roulotte rose bonbon tenue par une mère et son fils - lui diplômé de l'école Bocuse - qui collectent leur lait directement à la ferme chaque matin. En prime, des auteurs locaux dont Jean Marc Vasseur, historien de l’abbaye de Chaalis, seront présents pour des dédicaces.

L'ambiance sera rythmée par des concerts programmés tout au long du week-end : accordéon, musique irlandaise, Brassens... «On n'a que des gens atypiques», sourit Valérie Boulanger. «Tous nos musiciens ont un job à côté. L'un de nos guitaristes est le photographe de Senlis, meilleur ouvrier de France.» L'échange de plantes, ADN historique de la manifestation organisée en partenariat avec Parcs et Jardins de l'Oise, permettra aux visiteurs de venir avec une plante et de repartir avec une autre. Quant à la restauration, entièrement végétarienne cette année, elle sera assurée dans un espace convivial avec de nombreuses tables.

L'engagement au cœur du projet

Cette 7e édition marque un tournant solidaire important. Désormais organisé par la nouvelle association Graines de Cultures, créée par Alban et Vincent, les propriétaires du lieu, l'événement reverse 100 % de ses bénéfices d'entrée à deux associations caritatives : Jardins & Santé, qui crée des jardins thérapeutiques en milieu hospitalier, et Open Garden, au profit des enfants handicapés mentaux. «Nous, au niveau de l'association, on n'a pas de but de récolter des fonds si ce n'est de les redistribuer», précise Valérie Boulanger. Une philosophie qui se ressent dans l'accueil des visiteurs, avec thé et pâtisseries maison offerts dès l'arrivée.

L'idée de cette manifestation si particulière puise ses racines dans les voyages de Valérie Boulanger. «Je suis une passionnée de jardin, de brocante et j'aime le contact humain», confie-t-elle. C'est en Angleterre et aux Pays-Bas qu'elle a découvert ces rassemblements dominicaux mêlant savoir-faire artisanaux, espaces de restauration conviviaux et groupes musicaux. Mais c'est surtout le concept des brocantes anglaises qui l'a séduite : «Ils ont des énormes entrepôts où plusieurs antiquaires sont représentés sans être présents, avec une seule caisse centrale. Cette idée de comptoir principal m'a fascinée.» De cette inspiration, elle a créé sa propre version : «J'ai customisé ce que j'aurais aimé trouver. Des objets bien mis en valeur et une armée de bénévoles qui remettent en scène dès que les objets partent.»

Un patrimoine vivant

La ferme du Château de Fontaine-Chaalis, avec son magnifique pigeonnier sur le point d'être classé, offre un écrin exceptionnel à cette manifestation. Alban et Vincent, qui ont fait une reconversion dans l'agriculture il y a quelques années, prêtent gracieusement ce lieu pour «faire vivre ce très beau bâtiment autrement qu'en activité agricole.» «Les gens viennent et reviennent et reviennent. Ils s'installent, il y a une ambiance botte de foin, ils ont envie de rester», résume Valérie Boulanger. «C’est une bulle de bonheur pendant trois jours.»