L'Oise Agricole 12 juin 2024 a 18h00 | Par Céline Vincent

La préfète chausse les bottes

Le jeudi 30 mai dernier, à la demande de la FDSEA, Catherine Seguin, préfète de l'Oise, la DDT, la Dreal, VNF, le maire de Salency et les agriculteurs concernés par les inondations se sont retrouvés sur une prairie inondée d'Arnaud Basset à Salency.

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Rappelons le contexte de la vallée de l'Oise où bon nombre de parcelles longeant l'Oise sont des prairies, souvent engagées dans des mesures vertueuses telles que les MAEC, ou en système d'exploitation non intensif.
En premier lieu, les agriculteurs concernés ont fait part de leurs craintes et de leurs hypothèses à Catherine Seguin : ils pensent que la vallée va devenir une zone d'expansion improvisée de crue sans indemnisation et qu'ils vont être les «sacrifiés» du secteur et ainsi perdre récolte et revenu au nom du bien-être commun. Ils demandent à comprendre l'évolution de ces crues, qui paraissent incohérentes par rapport à ce qu'ils ont connu les années précédentes.
La première hypothèse est celle de  la fermeture du barrage de Venette afin de protéger l'île-de-France, et Paris : hypothèse rapidement effacée du tableau par VNF pendant la dernière réunion en préfecture tenue le 28 mai, quelques jours avant cette entrevue sur le terrain.
Les doutes persistent sur l'intervention de la main de l'homme dans ces évènements car l'inondation aura duré 5 mois et, en moins de 10 jours autour du 15 avril, la décrue s'amorçait. La question dans tous les esprit est : «les inondations sont-elles une conséquences d'une non prise de mesures et de décisions ?»
Rappelons qu'en amont se trouvent deux barrages de rétention d'eau, à Proisy et à Marle, dans l'Aisne, avec des zones d'expansion de crues indemnisées et, un peu plus en aval de ces barrages, le siphon de Manicamp, toujours dans l'Aisne. Le siphon de Manicamp permet qu'en période de crue, des vannes puissent se fermer et viennent inverser le courant des cours d'eau afin de créer une retenue d'eau en amont. En cas de décrue ou d'hauteur d'eau normale, les vannes s'ouvrent et l'eau reprend son fil. Celles-ci se ferment selon des paramètres d'hauteur d'eau mesurée en aval à Condren et seulement sous arrêté préfectoral, ce qui maintient l'équilibre des niveaux d'eau. Le syphon est géré par l'Entente Oise-Aisne.
La Dreal (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), quant à elle, affirme que le débit du syphon habituel est de 6 m3/s et que, depuis les premiers épisodes en novembre 2023, des vannes ont été fermées pour laisser passer 2,78 m3/s afin de protéger l'aval. Les agriculteurs rappellent qu'en été 2021, ils étaient inondés et qu'ils ont subi une perte de fourrages et que le dédommagement futt mince.
Nous savons aujourd'hui que les retards de paiement de l'ASP pour les dossiers Pac (bio, MAEc...) ont créé des tensions dans les trésoreries et, qui plus est, des fermages seront à payer sur ces parcelles où aucune valorisation ne sera faite, c'est donc une perte sèche pour les agriculteurs de la vallée. Quid du devenir des parcelles pour les générations futures si ce problème persiste ?

Des solutions ?
À ce jour, la stratégie de la préfète et de la DDT est d'avoir une meilleure compréhension des systèmes hydrauliques et de la vallée : il s'agit d'étudier les mesures qui peuvent être mises en place à court, moyen et long terme, de s'interroger sur la gestion des ouvrages hydrauliques gérés par l'Entente Oise-Aisne et de déposer un dossier Papi (Programme d'action de prévention des inondations) afin de réunir tous les acteurs autour de la table et de trouver des fonds pour mettre des mesures en place ainsi que des indemnités. Un travail sera mené avec l'Aisne afin d'étudier toute cette stratégie.
Au niveau des indemnités, une demande de classement de la vallée en ICHN (indemnité de compensation de handicap naturel) va être demandée, même si cela paraît difficile à obtenir d'apères Catherine Seguin. En effet, la dernière révision de la cartographie des zones ICHN était plus à la réduction qu'à l'augmentation. Malgré tout, la préfète l'assure : «nous explorerons toutes les solutions.»
La FDSEA interroge la DDT sur plusieurs sujets, tels que les ronds d'eau dans les parcelles (comment les déclarer à la Pac ?) ou encore la possibilité de faucher les jachères, sources de nourriture pour les troupeaux. À ce jour, nous attendons une réponse écrite de la part de l'administration, sur la bonne voie. Concernant les ronds d'eau de plus de 10 ares, ceux-ci sont à déclarer en accident de culture. Pour cela, les agriculteurs concernés doivent rouvrir leur dossier Pac  et déclarer l'accident de culture dans la fiche parcelle (RPG) sans avoir besoin de dessiner le rond d'eau. Il ne faut pas oublier de vérifier son dossier et de le signer (jusqu'au 15 juillet sans décalage de paiement).
La FDSEA va lancer une opération fourrage pour tout éleveur en difficulté nourricière. Contactez la FDSEA au 03 44 11 44 15.

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