La spirale du déclin pour la viande bovine?
La production française pourrait enchaîner une cinquième année de baisse en 2025.

L'Institut de l'élevage (Idele) a rendu publiques, le 23 janvier, ses prévisions pour le marché de la viande bovine en 2025. La production nationale est attendue à 1,29 million de tonnes équivalent carcasse (téc), en diminution de 1,8 % par rapport à 2024, elle-même en repli de 0,3 % par rapport à 2023. «Le contexte sanitaire complexe* génère une surmortalité et des problèmes de fertilité qui viennent apporter un coup supplémentaire à une production de viande déjà durablement affectée par la réduction des cheptels allaitants et laitiers, en cours depuis maintenant huit ans», résume l'Idele.
La baisse de la production de gros bovins en 2025 est imputable aux femelles (-3,6 % à 730000 téc) tandis que taurillons et taureaux (+0,3 % à 357000 téc) et boeufs (+10 % à 59000 téc) s'affichent à la hausse. «Pour 2025, sauf aggravation de la situation sanitaire, nous attendons de moindres réformes allaitantes (- 2 000 têtes) et surtout laitières (- 67000 têtes)», écrit l'Idele. «Des volumes en partie seulement compensés par davantage d'abattages de génisses (+ 9500 têtes), notamment du fait de la présence renforcée de génisses croisées lait x viande.» En parallèle, «les poids carcasse des femelles devraient poursuivre leur hausse.»
Décapitalisation
L'Idele anticipe 768 000 abattages de vaches laitières en 2025 (-8 % sur un an), expliquant que «le contexte laitier porteur devrait encourager les éleveurs à conserver les femelles pour les remettre en production et poursuivre l'atténuation de la décapitalisation, jusqu'à atteindre -1,1 % fin 2025» (-2,1 % sur un an au 1er décembre 2024). Si le cheptel de vaches allaitantes «connaît une dynamique en apparence comparable» (-2 % au 1er décembre 2024), «il est cependant plus affecté encore par le contexte sanitaire, avec des mortalités de vaches en légère hausse, et une baisse de fertilité non seulement au niveau des génisses, mais également des vaches, donnant lieu à une contraction nette des naissances depuis début septembre.» Au final, 656 000 réformes allaitantes sont anticipées cette année (-3,6 % sur un an).
Du côté des mâles non castrés, un net repli des abattages est attendu dans les races laitières (- 8000 têtes en 2025 après
- 3000 têtes en 2024). À l'inverse, la production de jeunes bovins de type viande est «dynamique relativement aux mâles disponibles pour engraissement», l'Idele prévoyant une hausse des abattages de l'ordre de 6000 têtes cette année. «Par ailleurs, même si elle reste secondaire en tonnages, la production de boeufs marque un retour inattendu en 2024, avec
+ 4 % par rapport à 2023. La forte hausse des effectifs en ferme de mâles âgés de plus de deux ans nous laisse présager d'une hausse des abattages encore plus marquée en 2025, autour de +10 %», selon l'Idele.
Moindre autosuffisance
Aucun rebond de la production n'est attendu en veau de boucherie (-2 % à 144000 téc en 2025), mais la décroissance ralentit (celle-ci avait atteint 4,3 % en 2024 et 7 % en 2023 et en 2022). Alors que «l'évolution des coûts alimentaires et énergétiques avait conduit les intégrateurs à réduire drastiquement les mises en place et donc la production en 2022 et 2023, les niveaux de charges de l'atelier se sont stabilisés en 2024», note l'Idele. Résultat, l'élevage du veau de boucherie commencerait à montrer «quelques signaux positifs, en particulier au niveau du remplacement des départs en retraite».
La consommation de viande bovine, qui a reculé de 1,9 % en France en 2024, pourrait céder à nouveau 1 % en 2025 pour revenir à 1,415 million de téc. C'est moins que le repli attendu de la production (- 1,8 %). L'équilibre du marché serait obtenu par une hausse des importations (+3,5 % à 365000 téc) supérieure à celle des exportations (+1,3 % à 240000 téc). En vif, les exportations de broutards devraient connaître une quatrième année consécutive de forte baisse (-8,2 % à 862000 têtes).
* Allusion à la FCO et à la MHE notamment.
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