La volonté de produire durablement et de s'inscrire dans la vie du territoire
Mathilde Blarel et Vianney Janssens se sont installés sur une ferme en agriculture biologique, dans la vallée des Évoissons, en toute limite de la Somme et de l'Oise.

Après plusieurs années en maraîchage bio et apiculture en Belgique, le jeune couple avait rêvé de l'Auvergne pour revenir en France. Ils ont sillonné plusieurs régions en quête d'une ferme, puis ont finalement posé leurs bagages sur l'exploitation du père de Mathilde, dans la vallée des Évoissons, à Méréaucourt, dans la Somme, en limite de l'Oise.
«Mon père habitait la maison, alors nous avons construit une yourte à proximité pour y habiter, installé nos 40 ruches et Vianney a commencé avec un peu de maraîchage sur un demi hectare que mon père nous a cédé», explique la jeune femme de 36 ans. Même si Vianney a un diplôme agricole, Mathilde est géologue, activité qu’elle poursuit aujourd’hui à temps partiel et à distance.
Son père avait ressemé ses terres en herbages, converti tout en bio et élevait des vaches blondes d’Aquitaine de haute génétique dont il vendait les produits à d’autres éleveurs.
Transformation et commercialisation
Mais Amiens et les grandes villes sont loin de Méréaucourt et les maraîchers bio des alentours approvisionnent déjà les Amap déjà existantes. «Il nous fallait trouver autre chose et l’idée nous est venue de produire des petits fruits et des herbes aromatiques et de les transformer en sorbets. Nous avons planté fraisiers, groseillers, framboisiers, cassissiers, semé des melons sur un bout de prairies, tout en continuant le maraîchage le temps que nos plantations arrivent en production», détaille Mathilde.
Le couple investit 50.000 euros dans un laboratoire de transformation : tubine, surgélateur et vitrine réfrigérée, tout en obtenant le label Agriculture biologique.
Ils souhaitent vendre lors d’évènements culturels, des festivals de musique ou d’arts de la rue. «Nous sommes passionnés de culture et notre idée était de participer à notre manière, avec nos produits locaux, à une dynamique locale proche de nos valeurs.» Ils installent leur camionnette au Festival des écrémés, à Contre (80), à R4, près d’Amiens, au Trail des Évoissons, à La rue est à Amiens, à des fêtes de jardiniers, au Chahut vert à Hornoy-le-Bourg... à une heure maximum de la ferme. Des Amap vendent aussi leurs sorbets et miels et des restaurateurs de la côte passent commande. «De fin mai à mi-juillet, puis de fin août à fin septembre, nous sommes quasiment sur des événements tous les week-ends», ajoute Mathilde.
Pour contenter les papilles, Mathilde et Vianney ont élaboré des recettes de sorbets, des plus classiques (fraise, framboise...) aux plus orginales : ortie-gingembre, reine des prés, lavande, verveine, cultivées sur place ou cueillies dans la nature...
«Cela nous a pris du temps car il fallait trouver les bons dosages, certaines plantes aromatiques peuvent se révéler très puissantes. Au final, nous maîtrisons une vingtaine de recettes, avons éliminé celles trop longues en préparation ou trop particulières pour plaire au plus grand nombre», explique la jeune femme. Il faut parfois seulement 10 grammes de plante aromtique pour parfumer un kilo de sorbet : «tout est bio : les fruits, les plantes, le sucre. Comme notre production est locale, nos cornets sont très appréciés dans les événements.» À 2,50 ou 3 euros la boule, les sorbets des Reines des prés sont abordables par le plus grand nombre, ce à quoi tenaient Mathilde et Vianney.
Ils fabriquent également des sirops et lorsque le père de Mathilde a pris sa retraite, ils ont repris le troupeau d’une quarantaine de vaches allaitantes.
Viande bio locale
Ils ont diminué le cheptel à 20 vaches et proposent à la vente, sur commande, des caissettes de viande de bœuf ou de veau. Ils abattent ainsi une vache tous les deux mois et les colis, de 5 à 10 kg, sont vendus entre 14,5 et 20,5 €/kg selon la qualité des morceaux. Mathilde et Vianney ont constitué un réseau de clients fidèles et sont heureux de voir leur troupeau entretenir cette jolie vallée des Évoissons et garder au paysage son charme authentique qui plaît tant aux personnes qui viennent tester chez eux un hébergement original, la yourte.
«Après notre expérience personnelle réussie, nous avons monté nous-mêmes deux autres yourtes qui accueillent des vacanciers pour deux nuits minimum. Il y a des années, mes parents avaient développé l’accueil à la ferme sous forme de tentes au pré et ils avaient monté des sanitaires. Nous avons réutilisé tous les réseaux pour contruire nous-mêmes les yourtes qui accueillent 4 ou 6 personnes.»
Chacune dispose de l’eau, d’un évier, d’un poêle à bois, de couchages pour 4 ou 6, d’une table et de chaises, est parfaitement isolée et dispose d’un extérieur avec une vue magnifique sur la vallée. Une seule yourte a l’électricité.
«Nous mettons à disposition un petit magasin où nos hôtes peuvent venir acheter fruits, légumes, sorbets, sirops, miels et œufs. Nous allons chercher du pain tous les jours, ce qui leur permet de rester sur place en toute simplicité, au plus près de la nature», explique Mathilde. La clientèle, en recherche de déconnection, vient de région parisienne, de grandes villes de proximité, de Belgique, du Royaume-Uni ou des Pays-Bas.
Les séjours en yourte sont commercialisés via le site de la ferme, par la plateforme touristique des Hauts-de-France, Airbnb et le bouche-à-oreille. «Nous faisons de belles rencontres avec nos hôtes, certains sont devenus des amis», se réjouissent Mathilde et Vianney. Des idées plein la tête, des projets qui prennent forme et participent à la vie d’une des plus petites communes de Picardie.
Les reines des prés
Ferme diversifiée en agriculture biologique
Place de l'église, 80290 Méréaucourt
Mathilde Blarel, tél. 07 67 11 81 90
Vianney Janssens, tél. 06 26 06 71 26
www.lesreinesdespres.fr
info@lesreinesdespres.fr
Facebook Les reines des prés
Yourtes à la ferme, petits fruits et plantes aromatiques, sorbets et sirops, miels. Colis de viande de bœuf et veau bio.
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