Le PIB agricole a chuté moitié moins que prévu
L’Insee a publié le 7 juillet les comptes provisoires 2020 de l’agriculture, montrant une baisse de 2,6 % en euros courants de la contribution du secteur au PIB (valeur ajoutée brute au coût des facteurs).
Exprimé par actif, ce PIB agricole connaît une diminution de 0,9 % sur un an, de 3,3 % en euros constants. C’est moitié moins que prévu, sous l’effet de meilleurs prix des grains. L’année 2020 a été marquée par des accidents climatiques (sécheresse, canicule), amputant les volumes de produits végétaux de 4,8 %, et par les fermetures des restaurants, la peste porcine africaine (PPA), faisant plier la valeur des produits animaux de 0,9 %.
Mais un début de flambée des prix des grains est intervenu, qui participe à une révision le 7 juillet du PIB agricole, en recul mais moitié moins que prévu en décembre. L’Insee confirme en revanche un peu plus la baisse des subventions (- 5,6 %) «en raison principalement de la disparition du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), transformé en allègement de cotisations patronales au 1er janvier 2019». Enfin, les consommations intermédiaires affichent un repli de 2 %, «du fait essentiellement de la moindre consommation d’engrais et de la baisse des prix de l’énergie».
Les organisations entre vigilance et alarmisme
Du point de vue de la FNSEA, «les agriculteurs ne sont pas récompensés de leurs efforts» : s’ils ont fait preuve de résilience face à la crise de la Covid-19, le résultat brut du secteur baisse pour la deuxième année de suite. Elle attend donc de pied ferme des avancées sur «l’amélioration de la résilience face aux aléas, l’adaptation au changement climatique des exploitations, combinée à une meilleure valorisation qui prenne en compte les coûts de production». Des enjeux auxquels doit répondre la loi Egalim 2 votée par l’Assemblée en juin, ou les travaux du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique.
À la CR, l’accent est mis sur la dégradation du solde des échanges extérieurs de produits agricoles (- 437 ME). Elle pointe l’«échec des politiques agricoles européenne et française qui ne permettent plus de nous battre avec des pays ne respectant pas nos normes de production». Côté APCA (chambres d’agriculture), on souligne qu’«à force de tensions économiques et d’aléas aux effets dévastateurs ces dernières années, les agriculteurs français ont réduit leurs investissements depuis dix ans». L’Insee montre en fait, dans ses documents, qu’«en 2020, l’investissement se contracte en valeur (- 5,2 % après + 4,6 %) et, mesuré à prix constants, se situe quasiment à son niveau de 2010». «Au moment où se dessinent les contours de la prochaine Pac, il faut garder à l’esprit que les agriculteurs français ont besoin d’un horizon clair et visible pour la conduite et la modernisation de leurs exploitations», déclare le président Sébastien Windsor.
Une forte baisse du volume des céréales
D’après l’Insee, la production végétale diminue en volume de 4,8 %, du fait du recul de la production de céréales (- 18,8 %), affectée par les conditions climatiques. Elle baisse nettement pour le blé tendre (- 26,1 %) et l’orge (- 24,1 %), mais croît pour le maïs (+ 6,6 %) en lien avec l’augmentation des surfaces. La production de fruits se replie (- 6,3 %), pénalisée notamment par la trop grande douceur hivernale et le gel printanier, ainsi que celle de légumes (- 3,1 %). La production des betteraves industrielles chute (- 30,8 %) affectée par le virus de la jaunisse. En revanche, la production de pommes de terre croît de nouveau (+ 3,4 %). Enfin, la récolte d’oléagineux est stable tandis que la production des protéagineux se replie nettement (- 9,8 %). En 2020, le prix de la production végétale (hors subventions) rebondit (+ 2,5 %). Les prix des céréales (+ 12,2 %) sont soutenus par la demande mondiale de pays structurellement importateurs pour constituer des stocks de précaution. Ceux des fruits se sont renchéris (+ 10,8 %) ainsi que ceux des légumes (+ 6,7 %), en raison probablement de surcoûts liés aux difficultés rencontrées par les filières, et de la consommation à domicile accrue. En revanche, le prix des pommes de terre se replie (– 3,1 %).
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,