L'Oise Agricole 01 juin 2023 a 07h00 | Par Actuagri

Les céréaliers n'entendent pas renoncer au «défi alimentaire»

Alors que les sujets climatiques et environnementaux dominent l'actualité, les producteurs céréaliers de l'AGPB ont rappelé lors de leur congrès la nécessité de maintenir une «compétitivité responsable» pour fournir une demande en croissance, notamment de l'autre côté de la Méditerranée.

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- © AGPB

Si les céréaliers français comptent produire «mieux», ils entendent aussi produire «plus» dans les années qui viennent, pour répondre à une demande intérieure et extérieure qui n'a jamais été aussi élevée, ont insisté les dirigeants de l'association générale des producteurs de blé (AGPB) qui tenait son congrès le 25 mai dernier à Paris.

Soucieux de faire prendre conscience du défi alimentaire à venir, les céréaliers de France ont consacré une bonne partie de leurs travaux à la relation avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. Plusieurs experts se sont succédé dans le cadre symbolique de l'Institut du Monde Arabe pour illustrer l'explosion des besoins de ces pays, clients traditionnels du blé français. «Depuis le début du siècle, la population des cinq pays d'Afrique du Nord (Égypte, Algérie, Maroc, Tunisie et Lybie) a progressé de 68 millions d'individus, plus que la population française totale», a résumé Sébastien Abis, le directeur général du club Demeter, auteur d'une «Géopolitique du blé». Ces régions pauvres en terres arables et en eau sont importatrices nettes de calories, parfois à plus de 50%, a souligné l'expert. À elle seule, l'Égypte a ainsi importé 215 Mt de blé ces vingt dernières années, soit l'équivalent de 30.000 t par jour !

Les atouts de la France

La France dispose d'indéniables atouts pour répondre à cette demande en forte croissance. «L'Afrique du Nord est un débouché naturel et de circuit court», a souligné Jean-François Lepy, directeur de Soufflet Négoce (Groupe InVivo), qui opère sur cette destination.

Les cinq pays de la zone ont représenté près d'un tiers des exportations françaises de blé depuis 2000, l'Algérie représentant à elle seule 10 % de la collecte de l'Hexagone. «Notre capacité à exporter, sur cette zone notamment, témoigne de notre capacité à être compétitifs sur le marché mondial», a poursuivi M. Lépy.

«C'est la raison pour laquelle nous devons trouver durablement notre place sur ces marchés et rééquilibrer les inégalités croissantes sur le commerce», a-t-il plaidé, évoquant notamment le souhait de disposer de dispositifs assurantiels dédiés à certaines destinations, voire de relancer la contractualisation avec les pays clients.

Le commerce du blé, terrain d'affrontement

Avec la multiplication des conflits et notamment la guerre en Ukraine, le commerce international du blé, qui ne cesse de progresser, est devenu un nouveau terrain d'affrontement. «Jusqu'à une période récente, le marché du blé était assez libre et clients et fournisseurs se retrouvaient autour de cahier des charges techniques», a témoigné Jean-François Lepy, de Soufflet négoce.

«Aujourd'hui, les considérations géopolitiques sont devenues prépondérantes», a-t-il expliqué, citant notamment les facilités accordées par les acteurs russes à l'Autorité égyptienne en charge des approvisionnements (GASC), les froids diplomatiques entre l'Algérie et la France dont pâtissent les exportations, l'utilisation politique du corridor maritime, etc.

Pour préserver les positions françaises et européennes en Afrique du Nord, la relance du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée paraît aujourd'hui prioritaire. L'espoir suscité par la création de l'Union pour la Méditerranée dans les années 2000 s'est étiolé, a regretté Sébastien Abis, du Club Demeter. «Qui connaît par exemple l'existence de Med-Amin, un réseau de partage des informations agricoles créé en 2014 par 13 pays riverains de la Méditerranée ?», s'est-il interrogé, militant pour une reconnexion des deux rives sur quelques sujets importants, comme l'agriculture, l'eau ou le climat.

Karim Amellal, ambassadeur et délégué interministériel à la Méditerranée, a assuré qu'une relance du dialogue était à l'ordre du jour. «L'Espagne, qui prendra la présidence de l'UE en juillet, souhaite organiser un sommet méditerranéen à Bruxelles en décembre prochain au cours duquel la question de la sécurité alimentaire sera abordée. S'il ne voyait pas le jour, la France en prendrait l'initiative.»

Un besoin de repères dans un contexte instable

Dans un environnement économique et géopolitique incertain et dégradé, «il faut plus de cohérence et de clarté» dans la mise en oeuvre des politiques publiques françaises et européennes affectant les productions céréalières, a plaidé le président de l'association générale des producteurs de blé (AGPB) Éric Thirouin, en clôture du congrès.

Nombre de mesures annoncées depuis le début de l'année risquent en effet d'affaiblir durablement les capacités des producteurs français. Le président de l'AGPB a notamment fait allusion, en présence du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et du président de la FNSEA Arnaud Rousseau, aux moyens nécessaires à la mise en oeuvre de la «planification écologique» lancée par le président de la République, à la levée des distorsions de concurrence induites par les interdictions françaises de produits phytosanitaires, ou encore à la fixation d'un cadre clair pour les importations des céréales ukrainiennes en Europe.

Si l'AGPB se félicite du chantier d'examen des alternatives aux molécules potentiellement menacées, Éric Thirouin a insisté sur la nécessité d'un encadrement politique des décisions de l'Anses pour éviter les distorsions de concurrence et la réaffirmation du principe «pas d'interdictions sans solutions». «Il est important de dire qu'il faut continuer de produire plus de biomasse alimentaire et que

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