Les industriels veulent produire plus et mieux
Le syndicat national de la nutrition animale (Snia) envisage de produire 20 millions de tonnes d'aliments en 2025, tout en assurant la décarbonation de la filière. Cette dernière est cependant inquiète du règlement sur la déforestation de l'Union européenne qui doit s'appliquer à partir du 1er janvier prochain.
En septembre 2023, il était question pour le Snia de vouloir conserver le potentiel de production pour l'année 2024. C'est chose faite avec un volume de 19,616 millions de tonnes d'aliments produits contre 19,119 Mt en 2023, soit une augmentation prévue de + 2,6. «Le rebond est là», a indiqué Philippe Manry, directeur général de Sanders et vice-président du Snia. En 2022, la production de la filière avait chu-té de - 6,5 % par rapport à 2021 et en 2023, elle s'est stabilisée (- 0,7 %). La fédération des industriels ambitionne même pour l'an-née 2025, de dépasser les 20 Mt. Dégager 400 000 tonnes de plus semble réalisable même si les récoltes françaises ont été plus que moyennes et que les épizooties (FCO, MHE) s'étendent sur les bovins et les ovins, ce qui pourrait réduire les débouchés à hauteur des décapitalisations effectuées.
Autoconsommation
D'un autre côté, la grippe aviaire a été réduite à peau de chagrin à la faveur d'une vaste campagne de vaccination. Les volailles ont pu retrouver leurs bâtiments en nombre et les industriels ont pu augmenter leur production de + 1,5 % à presque 7,8 Mt (7,798 Mt exactement) sous l'effet d'une demande croissante. C'est le cas notamment pour les palmipèdes gras dont l'alimentation a bondi de + 19,9 % entre 2022 et 2023. «Mais on n'a pas rattrapé tous les volumes dans cette filière», a sou-ligné Stéphane Radet, directeur du Snia. À elles seules, les volailles représentent 40,8 % du volume global de la nutrition animale. La production d'aliments pour bovins (5,356 Mt en 2023) qui pèse presque un tiers (32 %) de la filière augmente légèrement (+ 1,8 %) : + 1,7 pour les vaches laitières et +2 % pour les bovins à l'engraisse-ment. «Et ce, malgré la baisse des cheptels». La baisse de production sur l'aliment porcin (22,5 % du total) est également sensible et affiche pour 2023, 4,296 Mt, en recul de - 5,4 % par rapport à 2022. En cause, «une plus grande part d'autoconsommation sur les exploitations ainsi qu'une plus grande maîtrise des plans d'alimentation en lien avec la sélection des animaux et les conduites d'élevage», a précisé François Cholat, président du Snia.
2,28 milliards d'euros
Le Snia qui entend renforcer son lien entre les filières végétales et animales pour relever le défi de la souveraineté alimentaire pour-suit son objectif de réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030. Une transition qui passe par une meilleure gestion de l'eau, par des solutions nutritionnelles innovantes et une meilleure efficacité de l'alimentation visant notamment à réduire les émissions de méthane ou par l'approvisionnement en matières premières bas carbone. À ce titre, le Snia demande des clarifications pour atteindre l'objectif d'un soja 100 % déforesté. En cause, l'application programmée du règlement européen contre la déforestation (EURD) et la dégradation des sols (lire en-cadré). Selon la Fefac (European Feed Manufacturers Federation), le surcoût estimé de ce texte est estimé à 2,28 milliards d'euros pour l'ensemble de la filière européenne. Dénonçant une «vraie complexité» dans la réalisation concrète des objectifs, le Snia demande «une application pragmatique. Sinon, nous risquons des ruptures dans les chaînes d'approvisionnement», a indiqué Ludovic Michel. Les denrées végétales en provenance notamment d'Afrique et d'Inde qui ne sont pas géographiquement tracées, en raison du retard techno-logique des pays, se verront ainsi interdits d'exportation.
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