«Ne pas hésiter à signaler à la gendarmerie et à porter plainte»
Muriel Soria est colonelle du groupement de gendarmerie départementale depuis un peu plus d'un an maintenant. Sous sa responsabilité, six compagnies (Beauvais, Clermont, Compiègne, Senlis, Chantilly et Méru) et 1.171 gendarmes. Point sur la délinquance en milieu rural.
Quels sont les récents actes délictueux subis par les agriculteurs? Sont-ils en hausse? Répartis sur tout le territoire?
Muriel Soria : d'abord, les actes commis à l'encontre des agriculteurs sont très vastes. Ils vont du petit larcin, dégradation de clôtures ou vol d'outils de bricolage, à des vols de matériels de grand gabarit et de grande valeur comme les GPS ou barres de guidage. De plus, on peut relever des actes de maltraitance animale et même des bovins tués et dépecés dans des herbages pour voler la viande. S'y ajoutent les incendies qui sont finalement rarement criminels. Pour vous donner des chiffres, en 2022, les faits, c'est-à-dire les événements portés à la connaissance de la gendarmerie et qui ont fait l'objet d'une constatation par les services et le dépôt d'une plainte, sont de 247 sur toute l'année. En comparaison, les faits relevés sur tout le département sont de 29.000. En 2023, si on compare à date égale avec 2022, en l'occurrence au 1er octobre, 183 faits sont comptabilisés, soit une baisse de 10 %, ce qui est significatif.
Il n'y a pas de secteur particulier pour la délinquance en milieu agricole. Les faits se produisent dans les zones agricoles du département, à savoir sur Clermont, Beauvais, au Nord de Compiègne et de Méru.
J'en profite pour dire que nous ne comptabilisons que les faits portés à notre connaissance et j'invite donc les exploitants agricoles à les signaler aux gendarmes, même si cela peut sembler dérisoire au vu de la valeur des objets concernés, en cas de vols notamment. Cela peut permettre de faire des recoupements pour élucider, notamment grâce à l'aide la police technique et scientifique.
Ces actes sont-ils commis par des filières organisées?
M.S. : effectivement, par exemple, les vols de GPS sont le fait de filières organisées avec recel de matériels agricoles et parfois revente à l'étranger, mais pas toujours. Parfois, pour des vols de moindre ampleur, les objets volés se retrouvent à vendre sur des sites internet bien connus. C'est pourquoi, si les biens vendus sont facilement identifiables, j'invite les agriculteurs victimes à chercher sur ces sites, ils peuvent y découvrir leur matériel volé. Évidemment, dans ce cas, il faut prévenir la gendarmerie et ne pas prendre seul rendez-vous avec le vendeur.
Les enquêtes de gendarmerie aboutissent-elles?
M.S. : il est compliqué de répondre à cette question car, d'un point de vue statistique, les affaires concernant l'agriculture sont noyées dans la masse. Les vols sont difficiles à élucider sans témoignages directs. C'est pour cela que nous conseillons aux agriculteurs, dans la mesure du possible, la mise en place de vidéo-surveillance car les images captées font preuve et elles aident les enquêteurs pour remonter les filières. Et puis il ne faut pas négliger l'effet dissuasif de panneaux installés dans les exploitations agricoles «site sous vidéo-surveillance». Ils peuvent décourager les voleurs.
En 2014, une convention Alerte Agri 60 avait été signée entre les services de l'Etat et les organisations professionnelles agricoles. Est-elle toujours opérante?
M.S. : oui, la liste des téléphones auxquels nous envoyons des alertes est mise à jour tous les ans. En 2022, 30 SMS ont été envoyés. Ils permettent aux exploitants d'ouvrir l'oeil car ces messages sont envoyés dans le temps de l'action, avec un descriptif des faits relevés. Cela n'a d'intérêt que si l'alerte est donnée très rapidement. Bien entendu, plus nous aurons de numéros, plus le dispositif sera efficace.
Quels conseils pouvez-vous donner aux exploitants agricoles?
M.S. : je les invite déjà à télécharger l'application Ma Sécurité qui comporte de nombreux conseils dont une partie est sécifique aux agriculteurs.
Plus localement, des référents sécurité ont été nommés parmi les gendarmes de l'Oise et ils peuvent être sollicités pour des conseils collectifs. Pour entrer en contact avec eux, il suffit de se renseigner auprès de sa brigade.
Je veux aussi alerter sur une délinquance plus insidieuse qui est la cybermenace. Les agriculteurs peuvent y être confrontés car ils gèrent de nombreux aspects de leur travail par des applications sur smartphone ou des sites internet. L'exemple le plus probant est cet éleveur qui, suite à un piratage informatique, était dans l'incapacité de gérer informatiquement la traite de ses vaches. C'est un point important de la prévention à mettre en place.
Trois nouvelles brigades seront créées dans l'Oise. Seront-elles amenées à traiter de ces faits ruraux?
M.S. : oui car elles concerneront Troissereux, Trosly-Breuil et Chantilly. Les deux premières seront installées dans des locaux, la troisième sera mobile. Le calendrier du déploiement n'est pas fixé, mais avoir plus de gendarmes, c'est améliorer la sécurité générale du département.
Alerte Agri 60 toujours d'actualité
En 2014, une convention avait été signée entre les organsiations professionnelles agricoles et la gendarmerie pour mettre en place un système d'alerte par SMS pour prévenir rapidement les exploitants agricoles dès que des faits adviennent.
Pour vous inscrire et recevoir ces alertes,
contactez Sylvie Cartier au 03 44 11 44 15 ou par mail sylvie.cartier@fdsea60.fr
Ma Sécurité, une application mobile de conseils en prévention et d'alerte
La gendarmerie nationale a créé une application smartphone gratuite téléchargeable sur Androïd et I-Os. Ma Sécurité est une application ministérielle mettant à disposition du grand public des conseils, des numéros utiles, des actualités locales ou thématiques... Elle s'adresse aux particuliers comme aux professionnels et donne de nombreux conseils de prévention.
Ainsi, dans l'onglet «entreprises, commerces», une partie concerne directement les exploitants agricoles, avec des fiches conseils et même un guide téléchargeable sur les points de vigilance à respecter pour limiter les risques, de vol notamment.
L'utilisateur rentre son code postal et il dispose ainsi des numéros utiles à proximité.
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