Pas d'accord sur les prix pour la campagne 2024
C'est historique : pour la seconde fois depuis sa création en 1997, le Gappi et McCain n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur les prix pour la campagne de pommes de terre 2024 lors de l'assemblée générale du groupement qui s'est tenue, très en avance cette année, le 17 novembre.
L'assemblée générale annuelle du Gappi (Groupement d'agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l'industrie) s'est tenue le 17 novembre au lieu de l'habituelle fin janvier. À Bapaume (62), beaucoup ont convergé depuis les Hauts-de-France et la Marne, où sont répartis les 800 adhérents du Gappi, présidé par Bertrand Achte. Face à eux, après 3 heures de contextualisation et la présentation argumentée de l'estimation de proposition de prix du Gappi pour 2024, les équipes de McCain, Erwin Pardon, P.-D.G. McCain Europe continentale, Leslie Camus, vice-présidente du groupe en charge de l'agriculture, et Maxence Turbant, directeur agriculture France et Belgique, ont fait leur contre-proposition. Et les adhérents sont repartis, c'est historique, sans prix définitif.
50 euros/ha
C'est le complément de prix de l'industriel aux producteurs pour compenser l'explosion des charges. «Il faut admettre que McCain est, à ma connaissance, le seul industriel dans cette démarche, ce qu'il faut saluer. Car le prix est une chose, mais les conditions des contrats sont aussi à prendre en compte», admet Bertrand Achte.
Il évoquera aussi le contrat hectares (l'industriel paie pour une surface plantée et non un tonnage récolté), gage de sécurité pour les producteurs.
70 % des 219 producteurs du Gappi ayant répondu à une enquête vont devoir renouveler leur contrat d'électricité d'ici la fin 2023.
41,6 % envisagent de diminuer leurs surfaces d'emblavement de pommes de terre en 2023. Pourtant, la surface totale que McCain souhaite voir cultivée est de 19.334 hectares, soit 613 hectares de plus que cette année.
23,96 euros/t hors stockage
C'est l'augmentation du coût de production estimée par McCain. Le Gappi calcule, lui, une hausse de 28 euros, en se basant notamment sur des données de la Chambre d'agriculture. «Ce ne sont que 4 euros. Mais on ne peut plus accepter l'écrasement continu de nos charges, on a trop d'alternatives pour ne pas les intégrer», prévient le président du Gappi en pensant par exemple aux autres cultures, comme la lucrative betterave.
Plus 45 euros/tonne pour les variétés hâtives ou Innov hâtives et plus 45 à 65 euros pour les autres, soit une augmentation moyenne de 35 % : c'est l'estimation de proposition de prix initiale du Gappi. Plus 35 à 40 euros, pour les hâtives et Innov hâtives et 45 euros pour les cultures principales, c'est ce que contre-propose McCain. «Soit une hausse moyenne de 27 %, compte Leslie Camus qui détaille : cela prend en compte la revalorisation pour les variétés irriguées, la mise en place d'une prime groupe froid (10 EUR en mai, 12 EUR en juin). Et ça couvre largement la hausse des coûts de production, estimée entre 24 et 28 euros.» «5 euros nous séparent, c'est dommage, regrette Bertrand Achte. Mais nous ne voulions pas descendre plus bas car c'est, à notre sens, la juste rémunération.»
Suite à quoi Geoffroy d'Evry, président de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), a conclu : «sur la productivité, en rien le producteur ne peut être la variable d'ajustement, a-t-il milité. La planète pommes de terre européenne a le regard braqué sur nous en ce moment, à se demander ce qui ressortira et à en tirer des conclusions.» Dans les faits, aucune conclusion n'est venue clore cette assemblée générale pas commune. Les négociations se poursuivent.
Trois questions à Bertrand Achte, président du Gappi
«Les discussions vont se poursuivre»
Pourquoi cette date d'assemblée générale si précoce ?
Aujourd'hui, il y a clairement une crainte de l'industriel quant aux surfaces dédiées à l'emblavement de pommes de terre. Ce rendez-vous précoce vise à donner de la visibilité pour stabiliser les surfaces de production.
Quel est votre sentiment sur l'absence d'accord trouvé avec McCain sur les prix ?
Aujourd'hui, je suis frustré qu'on n'ait pas eu la capacité de faire une proposition de prix commune. Nous étions encore en négociation hier (mercredi 16/11, ndlr) jusqu'à 20 h, en vain. Ça n'était arrivé qu'une fois depuis la création du Gappi en 1997. Quitte à avancer la date de l'assemblée générale, à la demande de McCain, j'aurais aimé qu'on vienne aujourd'hui avec un prix définitif à annoncer aux producteurs. Les discussions vont se poursuivre, mais elles ne devront pas nous empêcher de voir ce que les autres ont à nous proposer.
Comment éviter que cela ne se reproduise ?
Tant que nous n'aurons pas modifié les statuts de notre structure en organisation de producteurs, nous ne serons qu'un organe de conseil et nous ne pourrons réellement peser dans les négociations. Un changement de statut compliqué en raison des différents marchés de destination de notre produit de base.
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