Passage de témoin en cours à la FNPL
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) s'est réunie le 19 mars à Paris pour sa 80 assemblée générale. Un nouveau conseil d'administration a été élu. Le nouveau président de la FNPL prendra ses fonctions le 9 avril.
Sans grande surprise, Yohan Barbe, actuel trésorier de la FNPL et membre du bureau de la FNSEA, devrait succéder, le 9 avril prochain, à Thierry Roquefeuil qui, après douze années de présidence, a décidé de passer la main. Ce sont d'ailleurs des hommages vibrants, chaleureux et sincères que le président sortant de la FNPL a reçu de la part des intervenants qui se sont succédé à la tribune. Arnaud Gaillot (JA), Arnaud Rousseau (FNSEA), Valérie Pécresse (Région Île-de-France)... tous ont salué son courage, sa force de caractère et sa détermination, quand touché par la maladie il y a trois ans, il a su faire face. «Une détermination sans faille», a insisté le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau qui a souligné aussi «l'humour et la hauteur de vue» dont Thierry Roquefeuil a su faire preuve. Ce qui a permis à ce producteur du Lot, fort de quarante années de syndicalisme qui a connu sept ministres de l'Agriculture, de dé-nouer bien des situations. «Mon ADN, c'est la défense du prix du lait», a confié celui qui avoue devoir «beaucoup à Jean-Michel Lemétayer», ancien président de la FNPL et de la FNSEA. «Parce qu'il m'a convaincu d'aller au bout de mes convictions.»
Cette 80e assemblée générale a permis à chacun de prendre, en condensé, un cours d'histoire de la production laitière en France et en Europe. Du haut de ses 95 ans et avec une vivacité d'esprit enviée par tous, l'ancien président de la FNPL et ancien sénateur, Marcel Deneux, a rappelé la genèse de l'association spécialisée de la FNSEA, les atermoiements pour savoir quel était le meilleur moyen de peser auprès des politiques : coopération ou syndicalisme... À cette époque aussi, entre les années 1960 et 1980, l'une des questions cruciales était le prix du lait, a-t-il dit, rappelant au passage que «le prix garanti en économie de marché est une douce illusion».
«Gagner sa vie : pas un tabou»
Son successeur, Michel Ledru, a fait face à l'irruption des quotas laitiers, à un moment où la production dé-passait largement la demande. À cette époque, les montagnes de beurre allaient en Russie «pour graisser les moyeux de leurs camions», a souri Michel Ledru, du haut de ses 89 ans. Il ne fait pas de doute, pour Thierry Roquefeuil que «l'histoire nous connecte à l'actualité». C'est pourquoi il pense utile de s'y replonger et de garder à l'es-prit ce lien entre «production, prix et marchés».
C'est également le sens des interventions d'Arnaud Gaillot et d'Arnaud Rousseau qui entendent «renforcer les indicateurs de coût de production» pour répondre à la crise et assurer le renouvellement des générations. Le président JA prévient sur le modèle à construire : «Pour attirer les jeunes, je ne suis pas sûr qu'il faille leur dire : 'En 2069, vous rendrez l'exploitation dans le même état qu'en 2024 quand vous l'avez prise'», a-t-il insisté, insistant pour que «la France retrouve sa liberté d'entreprendre». Pour continuer à attirer les talents, il faut «cultiver l'esprit du collectif» et en finir avec quelques complexes : «gagner sa vie dans l'agriculture, ce n'est pas un tabou». Il reviendra à la nouvelle équipe de la FNPL de définir le cap de l'élevage laitier dans les dix ou vingt prochaines années «avec de la lisibilité et de la visibilité tant au plan français qu'européen», a conclu Thierry Roquefeuil.
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