La FNPL sur le qui-vive
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) organisait le 30 septembre sa conférence de rentrée. L’occasion pour ses dirigeants de tirer le bilan de l’épisode Covid-19 et de dresser quelques perspectives avec les nombreuses négociations à venir.
Daniel Prieur, secrétaire général de la FNPL, a donné le ton : «Ne nous obligez pas à descendre dans la rue. S’il faut déconfiner les épandeurs et les tonnes à lisier, on le fera», a-t-il déclaré le 30 septembre, lors de la conférence de presse de rentrée de l’association spécialisée de la FNSEA. Dans la ligne de mire des producteurs de lait : l’application de la Loi Egalim que l’association entend faire appliquer pleinement : «On s’appuie sur les indicateurs de l’interprofession. On veut des formules de prix qui s’appuient sur le prix de revient du lait. Les coopératives ont jusqu’au 15 octobre pour répondre à notre ultimatum», a-t-il martelé. Autrement dit, les producteurs de lait veulent des prix rémunérateurs qui leur permettent de vivre. Pour eux, il n’est pas question d’avoir «des paysages français sans vaches» (lire encadré), même si la loi Egalim s’applique plutôt bien dans la filière au regard des autres productions. Toutefois, pour la FNPL, le compte n’y est pas.
Valoriser les élevages
«Nous attendons de pied ferme les négociations commerciales entre les acheteurs, les transformateurs et les distributeurs, car c’est de ça que vont dépendre la valorisation du marché intérieur et les prix pour les producteurs», a indiqué Marie-Thérèse Bonneau, première vice-présidente du syndicat. En effet, si le Comité national interprofessionnel du lait (Cniel) a indemnisé les éleveurs ayant réduit leur production pendant le confinement à hauteur de 320 E/1 000 litres, la fin de l’année sera déterminante pour combler le manque à gagner printanier et estival et rééquilibrer les comptes des exploitations. La FNPL compte aussi sur la prochaine Politique agricole commune (Pac) pour valoriser les élevages laitiers comme «des atouts au regard des attentes sociétales et de l’aménagement du territoire», a souligné Marie-Thérèse Bonneau.
Agacée du débat sur le bien-être animal qui «stigmatise les élevages», mais aussi lasse des «agressions et des intrusions qui traumatisent les éleveurs», elle entend faire reconnaître «ce qui a été mis en place». La première vice-présidente demande que la Pac rémunère «le stockage de gaz carbonique, les services» et que l’on reconnaisse la diversité de l’élevage français. D’ailleurs, «aujourd’hui, on coche plein de cases. On peut prétendre au taux maximum d’écoscheme, notamment à travers les systèmes CAP’2ER, CBPE, les systèmes herbagers», ajoute le secrétaire général adjoint Michel Lacoste.
La FNPL sait que les prochaines détermineront aussi l’avenir du secteur. «50 % des producteurs ont aujourd’hui plus de cinquante ans. Un litre de lait sur deux devra changer de mains […] C’est le renouvellement des générations qui est en jeu […] Nous sommes vertueux mais en danger», résume Marie-Andrée Luherne, secrétaire générale adjointe.
Qui imagine des paysages sans vaches ?
La FNPL a publié une plaquette en forme de triptyque intitulé «Qui imagine des paysages français sans vaches ?». Elle y décline sa vision (très réaliste) de l’élevage laitier, mettant en évidence qu’elle s’est inscrite dans le programme «Farm to Fork / de la ferme à la table» concocté par la Commission européenne. Elle détaille ce que «les polyculteurs-éleveurs ont déjà mis en place» et ce qu’ils demandent «pour réussir la transition vers la ferme agroécologique de 2030». Par nature, «le bocage, avec ses haies, ses prairies permanentes est lié à la biodiversité et aussi à l’élevage», a expliqué Michel Lacoste, secrétaire général adjoint. «Il n’y a pas d’autre culture possible que l’élevage. Les prairies abritent 50 % des espèces d’oiseaux», a-t-il rappelé.
Les marchés laitiers dans l’incertitude face à une hausse de la production mondiale
«Dans l’Union européenne, mais aussi dans le monde, l’offre de lait a dépassé les attentes», résument les spécialistes du secteur lors de l’Observatoire européen du lait qui s’est tenu le 25 septembre. La collecte de lait de vache dans l’UE-27 - France, Italie et Irlande en tête - a augmenté en juillet 2020 de 2,1 % par rapport au même mois de 2019, entraînant une augmentation cumulée en 2020 de + 2 %. Les prévisions de la Commission européenne tablent actuellement sur une hausse annuelle de 1,4 % en 2020, grâce à l’augmentation des rendements et à la baisse du taux de réduction des troupeaux. Dans le reste du monde, la production laitière des principaux exportateurs (UE-27, Royaume-Uni, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine et Uruguay) a progressé de 2,1 % au cours des sept premiers mois de 2020. Si la collecte est relativement stable en Nouvelle-Zélande, elle a opéré un bon démarrage en Australie grâce à des conditions climatiques favorables. La croissance de l’offre est également très marquée aux États-Unis (+ 1,8 %) et en Argentine (+ 7,6 %). Certes «le marché des produits laitiers a résisté à la pandémie de Covid-19 et s’est rétabli plus rapidement que prévu, assurent les experts de l’Observatoire. Mais l’équilibre actuel du marché semble fragile alors que l’offre mondiale de lait augmente en 2020». Cette incertitude est accentuée par l’évolution de la pandémie et de la récession économique, qui pourra avoir un impact sur le comportement, la confiance et le pouvoir d’achat des consommateurs. «Un Brexit sans accord perturberait les échanges entre l’UE et le Royaume-Uni et ferait pression sur les prix du lait et des produits laitiers», notent également les participants à l’Observatoire européen du lait.
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