L'Oise Agricole 07 janvier 2021 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

«Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin»

Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60, revient sur l’actualité forte de 2020 mais aussi les futures actions menées par le syndicat agricole.

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Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60
Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60 - © D.

Si vous ne deviez retenir qu’une chose de cette année 2020, quelle serait-elle ?

Cette année 2020 a été marquante par plusieurs évènements. Le premier qui restera dans nos têtes, c’est évidemment la Covid et toutes ces restrictions sanitaires, l’inconnu que l’on découvre dans nos vies de tous les jours. Cela met en lumière l’importance du lien social et c’est ce qui manque à beaucoup d’entre nous.

La FDSEA et la FNSEA ont alors agi pour s’assurer que le travail des agriculteurs puisse se faire sans encombre. J’ai le souvenir de l’annonce du premier confinement un vendredi, et personne ne savait qu’il allait se passer pour nous, nos approvisionnements. Le vendredi, par peur de leur fermeture, une file de tracteurs attendait dans la cour des coopératives, début mars. Même si cela n’est pas été médiatisé et peut paraître logique aujourd’hui, n’empêche que la FNSEA, durant tout le week-end, a discuté et œuvré pour que notre activité professionnelle continue et que tous nos partenaires restent ouverts.

Cependant, la crise sanitaire a pu mettre l’accent sur nos productions locales, soit temporairement ou de façon durable, donner du sens à l’alimentation de proximité et à l’importance des producteurs et des agriculteurs.

Parallèlement à cette nouvelle façon de vivre, le phénomène climatique a été véritablement déroutant durant cette année : inondations l’hiver, sécheresse pendant le printemps et l’été qui a fortement pénalisé les rendements sur certains secteurs du département, cumulée avec les problématiques sur certaines productions comme la betterave... Les années s’enchaînent et les aléas des années précédentes se cumulent. Oui, l’année 2020 restera une année inédite à ce jour et compliquée.

Avec la crise sanitaire, les traditionnelles assemblées de SEA vont être perturbées. Comment va se dérouler ce temps fort de la vie syndicale ?

La force de notre syndicat, c’est son réseau. Ces temps forts nous permettent d’échanger sans langue de bois sur l’avancement des dossiers, sur les problèmes rencontrés par nos adhérents dans les différentes filières. Il est très important de pouvoir maintenir nos AG de SEA de début d’année pour conserver ce lien.

Dès lors, certains secteurs décideront de se réunir physiquement dans le respect des mesures sanitaires, d’autres secteurs feront le choix de la visio-conférence. Toutefois, pour les personnes ne pouvant participer à l’assemblée de leur SEA, il est déjà envisagé d’organiser des réunions en présentiel, une fois que tout ça sera derrière nous, pour un moment convivial comme nos SEA savent le faire !

Quels sont les objectifs de la FDSEA de l’Oise pour 2021 ? Quels sont les gros dossiers à venir ?

Beaucoup de choses (rire). Déjà, avant toute chose, c’est évidemment le revenu des agriculteurs ! Les exploitants isariens doivent vivre décemment de leur métier, quelles que soient leurs productions. C’est un notre combat de tous les jours. Autre point, courant janvier, c’est la signature et la mise en place sur nos territoires de la charte «de bonnes pratiques» avec la Fédération des chasseurs et la préfecture. Je partage le désarroi des agriculteurs quand ils voient leur travail, leur production anéantis par le gibier. Il est plus qu’urgent d’agir !

On est également toujours sur le dossier ZNT. Un groupe de travail FDSEA-JA et Chambre d’agriculture s’est mis en place pour travailler à des solutions pour nos agriculteurs. On attend les réponses de l’État sur les indemnisations, les compensations et les solutions alternatives, et le retour de l’étude de l’Anses. Il y a eu un engagement du Président de la République le jour de l’ouverture du Salon de l’agriculture en février 2020 quand nous l’avions interpellé. C’est inadmissible : aujourd’hui, qui supporterait de perdre une partie de sa maison, une partie de son jardin sans avoir une compensation ? personne.

Bien sûr, les sujets syndicaux ne se limitent pas à ceux-là, il y en a bien d’autres. Mais il faudrait un journal entier pour tous les énumérer (rires).

Parallèlement, le syndicat peaufine le plus à l’adhérent. Il existe des groupements d’achats pour réduire nos coûts sur les exploitations (fuel, forages, photovoltaïque, masques, motopompes…). D’autres sont à venir. Prochainement, nous remettons en place le contrat «pulpe surpressée». On a vu, par la sécheresse et l’arrêt des néonicotinoïdes, des rendements en betterave catastrophiques générant par effet domino des difficultés pour s’approvisionner en pulpes. Nous devons sécuriser le besoin de nos adhérents si cela devait se reproduire au travers ce groupement d’achat.

Et avant tout cela, nous accompagnons individuellement et quotidiennement nos adhérents via le service juridique, emploi-service main-d’œuvre, Pac, technique et réglementaire... Nous devons être présents sur tous les fronts pour défendre nos adhérents !

Pensez-vous mener plus d’actions en commun avec les autres organisations professionnelles agricoles ?

Évidemment ! En tant que syndicat nous ne pouvons pas travailler seuls. Les sujets agricoles concernent l’ensemble des acteurs et partenaires en lien avec les exploitants. Nous allons poursuivre nos travaux communs évidemment, et toujours avec l’objectif d’accompagner au mieux les agriculteurs.

En ce début d’année 2021, un message à délivrer aux agriculteurs ?

La situation est compliquée, tant économique que morale. Il peut y avoir du découragement. Mais il faut tenir bon ! Il y aura des jours meilleurs. Notre métier a pour vocation de nourrir la population, de façonner et d’entretenir la nature. L’agriculture est l’un des plus beaux métiers qui puissent exister. Malgré la présence de beaucoup de détracteurs, «d’anti-tout», le monde bouge et les choses changent. Je suis persuadé que le vent finira par tourner en notre faveur. Il ne faut qu’aucun agriculteur s’isole. Nous savons taper du poing sur la table, dénoncer des injustices comme nous avons su le faire au cours des dernières semaines. Nous resterons vigilants, mobilisés et motivés pour défendre nos agriculteurs et nos agricultures, et tendre la main à tous ceux qui en ont besoin ! Réjouissons-nous de l’installation des jeunes agriculteurs. Nous n’avons surtout pas le droit de baisser les bras. C’est grâce à la solidarité du monde agricole, tant connue et enviée, que nous parviendrons à surmonter ces années si difficiles. Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin (et on est toujours plus forts) !

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