L'Oise Agricole 05 décembre 2021 a 15h00 | Par Virginie Charpenet

Sodiaal expose sa stratégie aux adhérents

Sodiaal a réuni ses adhérents de la région Nord, qui regroupe quatre sections (Côte d'Opale, Nord-Ardennes, Picardie et Normandie), le 19 novembre à Neuville-Saint-Rémy (59) pour une réunion d'information sur l'actualité de la coopérative.

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- © Virginie Charpenet

La réunion s'est déroulée en présence du président Damien Lacombe. Rachat de Yoplait, lait bio et négociations commerciales ont notamment été abordés tout au long de l'après-midi d'échanges. En préambule, Luc Verhaeghe, président de la section Nord-Ardennes et agriculteur à Saint-Saulve (59), a rappelé les grands chiffres de Sodiaal dans la région : 698 millions de litres (Ml) de lait sont en moyenne collectés chaque année auprès de 1.341 exploitations pour approvisionner cinq sites de production.

«Une belle opération»

Le dossier Yoplait est une des actualités les plus fortes de la coopérative cette année. «Ce rachat, qui sera effectif au 1er décembre, est une très belle opération pour les producteurs», assure Damien Lacombe. Il a rappelé l'historique de la marque créée par la coopérative dans les années 1960 pour vendre ses produits laitiers en grande distribution en France, mais aussi à l'export. En 2011, l'américain General mills, avec qui la coopérative a développé des liens commerciaux, acquiert 51 % de la marque. En mars 2021, Sodiaal entre en négociations exclusives pour la racheter. Sodiaal reprend la main sur les activités Europe et le reste du monde, tandis que General mills conserve ses activités pour les États-Unis et le Canada. Une opération qui fait entrer Sodiaal dans le top 3 des industriels laitiers français derrière Danone et Nestlé (Lactalis) avec, pour la marque Yoplait, l'équivalent de 535 Ml collectés, 400.000 t de produits fabriqués pour la zone Europe et un chiffre d'affaires de 2,7 milliards d'euros. «Cela doit améliorer notre capacité d'investissement et la rentabilité de l'entreprise mais aussi renforcer notre rôle de partenaire de la grande distribution», précise Damien Lacombe.

Coup de frein sur le bio

Le retournement de conjoncture sur le marché du bio, avec un plafonnement, voire une décrue de la consommation, freine les ardeurs de la coopérative. Pour assainir le marché, c'est d'ailleurs un des premiers acteurs à avoir décidé, au printemps, «de déclasser du lait bio en lait non-OGM», annonce Damien Lacombe. Aujourd'hui, le lait bio représente moins de 1 % du lait collecté par an par la coopérative qui compte 728 exploitations converties en bio et 59 en cours de conversion. Dans les deux ans, elle atteindra les 240 Ml de lait bio collectés. «On reste confiant dans le développement du lait bio dans les années à venir, assure le responsable. Il faudra néanmoins que l'on soit raisonnable sur son développement pour maintenir la valeur du bio et l'équilibre entre l'offre et la demande.»

Pour lui, c'est du côté de la restauration collective, avec l'obligation d'approvisionnement en produits de qualité et durables (dont 20 % de bio) à compter du 1er janvier 2022, qu'il y a une carte à jouer.

Egalim le retour

Autre sujet incontournable pour la coopérative et la filière lait : les négociations commerciales. Le président Lacombe tire un bilan positif de la première loi Egalim pour les producteurs Sodiaal : «Après trois ans d'application de la loi, cela a permis de rapporter plus de 50 millions d'euros (MEUR) que nous avons pu reverser aux producteurs». Interrogé par les adhérents sur la formule de prix de la coopérative qui se base sur les prix de vente industriels en grande distribution (PVI) et non sur le prix de revient des producteurs, comme convenu dans le cadre de l'interprofession (Cniel), le président a défendu la ligne du conseil d'administration : «La référence au prix de revient existe dans le règlement intérieur de la coopérative, mais il n'est pas intégré directement à la formule de prix», assume le responsable. Pour lui, argumente-t-il, la coopérative et ses producteurs doivent, avant toute chose, se considérer comme un vendeur de produits finis et transformés et non comme un collecteur de lait.

Concernant Egalim 2, il se félicite de la sanctuarisation du prix de la matière première agricole même s'il rappelle aussi l'enjeu de l'augmentation des coûts de production au niveau de la transformation qu'il faudra aussi répercuter. «L'augmentation du prix doit se retrouver jusqu'au consommateur», considère-t-il. Avant d'ajouter : «Nous entrons dans une période électorale. Nous allons donc devoir jongler entre la loi Egalim 2 du ministre de l'Agriculture et les injonctions de Bercy en matière de défense du pouvoir d'achat». Une année «intéressante» en perspective, résume le responsable.

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