«Sur les Bac, une limitation de la liberté de cultiver»
Le Sdage (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) définit des règles sur la gestion de l’eau (en qualité et en quantité) pour les 6 prochaines années et il doit garantir une gestion équilibrée et durable de la ressource (cours d’eau, nappes souterraines, lacs…) sur tout le bassin et pour tous les usagers. Le projet de Sdage Seine Normandie est actuellement en consultation publique jusqu’au 1er septembre. Il est impératif que les agriculteurs fassent entendre leur voix. Premier point : les aires d’alimentation de captage.

Pour nous en parler, Grégoire Lhotte.
Vous êtes exploitant agricole à Venette. Certaines de vos parcelles sont-elles situées sur des aires d’alimentation de captage ?
G L. : La ferme est situé sur deux Bac, 85 % des parcelles sont dans ces aires dont 12 % dans le périmètre rapproché.
Quelles sont les contraintes ?
G L. : Pour le moment les contraintes étaient gérables et volontaires, elles reposaient sur un accord donnant-donnant, nous réduisions les phytos et ils finançaient le risque . Nous avons joué le jeu puisque la totalité de nos parcelles du Bac ont été engagées en MAE. Malheureusement, cela n’a pas été réciproque puisque les règles ont été modifiées depuis et les objectifs sont maintenant très difficiles à atteindre.
Jusque-là, les mesures agroenvironnementales se faisaient sur la base du volontariat avec une indemnisation à l’hectare. Le projet de Sdage prévoit de s’imposer aux documents d’urbanisme qui, dans les zones agricoles, devraient alors restreindre les activités possibles. Savez-vous de quelles limitations il pourrait s’agir ?
G L. : Les perspectives sont sombres, ils souhaitent nous imposer sur au moins la moitié des surfaces concernées la conversion en agriculture biologique, ou la prairie permanente, ou des cultures bas niveaux d’intrants (BNI) tels que le sarrasin, le miscanthus, la luzerne... qui n’ont pas de de débouchés commerciaux. C’est une spoliation de nos biens inacceptable.
Quels seraient les impacts directs sur votre exploitation et celles situées dans des aires d’alimentation de captage ?
G L. : Les conséquences seraient désastreuses. Nous serions dans l’impossibilité de construire notre assolement et de maintenir nos engagements commerciaux actuels. Compte tenu des surfaces concernées (plus de 80.000 ha pour l’Oise dans les aires d’alimentation de captage), ce serait dramatiques pour nos filières agro-industrielles : betteraves, pommes de terre, lin, légumes, méthanisation, mais aussi céréalières...
Pensez-vous que ces restrictions soient économiquement acceptables par les exploitations? Ne vont-elles pas à l’encontre de la libre entreprise et du développement des exploitations agricoles ?
G L.: Outre les problèmes agronomiques que cela engendre, la perte des cultures agro-industrielles est économiquement un suicide pour nos fermes. C’est une sanctuarisation de l’agriculture de notre région qui tue tout développement et perspective d’installation pour les générations à venir.

J’ai des parcelles sur des captages d’eau potable : quels arguments ?
Disposition «Protéger les captages dans les documents d’urbanisme» :
- Cette disposition prône une agriculture qui se résume à l’agriculture biologique et aux cultures bas niveau d’intrants. Il existe d’autres systèmes ayant un bas niveau d’impact telle que l’agriculture de conservation des sols, l’agroécologie.
- Les agriculteurs et les éleveurs s’engagent depuis plusieurs années dans de nombreuses démarches. Leurs répercussions concrètes sur le milieu s’inscrivent dans le temps.
- La suppression, sans solution, impactera irrémédiablement des filières complètes et emplois associés.
- L’outil proposé manque de souplesse et de concertation.
- Les documents d’urbanisme ne doivent pas s’immiscer dans la production agricole. Ces documents n’ont pas vocation à réglementer les usages du sol et les pratiques agricoles.
- Le projet de Sdage confond volontairement aire d’alimentation et les périmètres de protection éloignés des captages pour réglementer à travers les documents d’urbanisme et la réglementation sur les périmètres de protection des captages la gestion de l’activité agricole dans les aires d’alimentation de captage.
Disposition «Renforcer le rôle des Sage sur la restauration de la qualité de l’eau des captages prioritaires et sensibles» :
- Les agriculteurs améliorent de jour en jour leurs pratiques. Un objectif trop ambitieux dans un Sage risque de freiner voir de stopper les dynamiques locales mises en place par les exploitants.
- Les agriculteurs et les éleveurs s’emploient pour autant depuis de nombreuses années à réduire l’utilisation d’intrants chimiques. Ils sont engagés dans de nombreuses démarches.
- La suppression, sans solution, impactera irrémédiablement des filières complètes et emplois associés.
Manifestez votre opposition au Sdage
- Pour mieux comprendre les lourds enjeux qui pèsent sur l’agriculture de l’Oise, le webinaire organisé par les Chambres d’agriculture à regarder sur https://www.youtube.com/watch?v=gu-pGSoSF2E
- Pour participer à la consultation publique qui dure jusqu’au 1er septembre : formulez librement vos observations en envoyant votre réponse sous format libre à sdage@aesn.fr ou directement à la consultation du public en cliquant ici : https://s1.sphinxonline.net/surveyserver/s/AESN/ConsultationSDAGEPGRI/accueil.htm#2
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