Un entre-deux-campagnes apaisé
Les prix des grains, proches de 2021, évoluent au gré des fondamentaux depuis un mois. Selon le ministère de l'Agriculture américain, la production mondiale de blé atteindra 800 Mt en 2023-2024. Dans l'Union européenne, l'heure est au bilan de campagne 2022-2023.
Sur un mois, les prix des céréales sont restés stables (230 EUR/t pour le blé, 235-240 EUR/t pour le maïs). Ils ont oscillé au gré des nouvelles parvenant d'Ukraine et de Russie en guerre mais surtout en fonction de l'évolution des conditions de culture dans les grands bassins de production. Dans l'Union européenne (UE), la parité de l'euro avec le dollar impacte les prix des grains à l'export, fortement concurrencés par les céréales russes toujours très abondantes.
En effet, la Russie achève la campagne avec des stocks d'invendus record (26,7 millions de tonnes (Mt) alors que la prochaine récolte est d'ores et déjà estimée à 82,6 Mt, ce qui porterait le disponible à l'export (114 Mt) à un niveau équivalent à celui de la campagne qui s'achève. En épuisant ses stocks 2021-2022 et en vendant l'intégralité de sa récolte exportable, l'Ukraine est parvenue à expédier 26,5 Mt de maïs et 16 Mt de blé. Ses silos sont vides mais ses agriculteurs sont ruinés.
Moins de volumes, plus de valeur
À moins de deux semaines de la fin de campagne 2022-2023, c'est aussi l'heure du bilan en France. À ses voisins européens, l'Hexagone a expédié moins de blé (6,4 Mt ;
- 20,3 % sur un an) et de maïs (3,2 Mt ; - 34 %) que l'an passé. L'orge, meilleur marché, a davantage été vendue (3,1 Mt d'orges ; + 11,1 %).
Hors de l'UE, 10,1 Mt de blé, 3,8 Mt d'orges (dont l'équivalent 563 000 t sous forme de malt) et 100 000 t de blé dur ont été exportées. Un tiers du blé et de l'orge européens exportés est français. Selon FranceAgriMer et la Commission européenne, l'Union européenne (UE) a expédié 30,4 Mt de blé vers les pays tiers depuis le 1er juillet 2022. L'équivalent de 9,2 Mt d'orges a aussi été vendu sous forme de grains ou de malt. Mais 25 Mt de maïs ont été importées à des prix record, soit 10 Mt de plus que l'an passé. En cause, la faiblesse de la récolte européenne l'été dernier.
Durant la campagne qui s'achève, l'UE et la France ont toujours été disponibles pour livrer du blé à leurs voisins méditerranéens dès qu'ils en faisaient la demande lorsque les échanges commerciaux dans le bassin de la mer Noire étaient risqués et dangereux. Plus de 10,4 Mt de blé ont été vendus à l'Algérie, au Maroc et à l'Égypte.
En France, l'excédent commercial céréalier de la campagne 2022-2023, gonflé par les prix élevés des grains, frôle les 10 milliards d'euros (+ 28 % sur un an). Mais dans les prochains mois, le retournement conjoncturel sera sévère.
Bonnes récoltes attendues
La production française d'orge d'hiver s'annonce pourtant bonne, selon le ministère de l'Agriculture. Elle est estimée à 9,1 Mt (+ 7,3 %) grâce à des rendements de 68,3 q/ha et une surface en hausse de 4,4 % et de 2,8 % sur un an. Mais les prix de vente seront bien plus faibles qu'en 2022-2023.
Au niveau européen, 20 Mt de céréales en plus qu'en 2022 seraient produites selon la Commission européenne. Les rendements de blé s'annoncent bons (6,01 t/ha
- Source JRC Mars) mais ceux d'orge de printemps sont décevants (3,9 t/ha). Comme les Vingt-Sept seraient en mesure de produire 132 Mt de blé et 52 Mt d'orges, ils exporteraient 36 Mt de blé tendre, un record, et 10 Mt d'orges durant la prochaine campagne 2023-2024.
À l'échelle mondiale, les prévisions très optimistes de l'USDA rassurent. Selon le ministère américain, 800 Mt de blé tendre et dur seraient produites dans le monde. Cette abondance augure une campagne 2023-2024 équilibrée avec des stocks de report supérieurs à la moyenne. Ces prévisions, publiées le 9 juin dernier, prennent en compte l'impact du El Niño en Australie (29 Mt ; - 10 Mt) et le retrait partiel de l'Ukraine de la scène internationale. Mais les conditions de culture sont très bonnes en Russie et en Ukraine. A contrario, l'USDA n'a pas mesuré l'impact de la destruction du barrage de Kakhovka - des milliers d'hectares ne seront plus irrigués -
ni des incendies au Canada.
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