Avec davantage de ménages modestes, la région plus vulnérable face à l'inflation
En juillet 2022, le taux d'inflation a atteint 6,1 % sur un an, un niveau inédit depuis le milieu des années 80. Cette situation résulte principalement de l'augmentation des prix de l'énergie et de l'alimentation. L'inflation affecte différemment les ménages selon la structure de leur consommation.
En France, les prix à la consommation ont continué d'augmenter sensiblement ces derniers mois : la hausse sur un an atteint 6,1 % en juillet 2022, après 5,8 % en juin 2022 et 5,2 % en mai. Il s'agit de niveaux inédits depuis le milieu des années 80. Il convient en effet de remonter à 1985 pour retrouver un taux avoisinant 6 %. Toutefois, son niveau actuel reste loin de ceux atteints lors des deux premiers chocs pétroliers des années 70, l'inflation grimpant alors parfois au-delà de 10 %.
La hausse des prix de l'énergie
La hausse des prix actuelle s'explique principalement par l'envolée des tarifs de l'énergie qui contribue à l'inflation pour 2,5 points en juillet 2022. Le cours du pétrole, qui avait reflué en avril, a rebondi en mai et surtout en juin. Le glissement sur un an des prix de l'énergie a cependant été atténué par le «bouclier tarifaire» relatif aux tarifs réglementés du gaz et de l'électricité ainsi que par la «remise à la pompe» de 18 centimes d'euros mise en place en avril 2022. Ces mesures ont permis d'éviter environ deux points d'inflation supplémentaires.
Depuis avril, les autres biens et services entretiennent également la dynamique de l'inflation. Ainsi, l'augmentation du prix des services (notamment des transports) a contribué à hauteur de 1,9 point à la hausse des prix en juillet. Les prix des produits alimentaires et notamment de ceux à base de céréales, dont la hausse s'accélère dans le contexte du conflit ukrainien, contribuent quant à eux à l'inflation à hauteur de 1,1 point en juillet. Sur un an, les prix de l'alimentation augmentent de 6,8 % en juillet 2022. Cette accélération concerne surtout les produits frais (+ 5,2 %), la viande (+ 8,8 %), le pain et les céréales (+ 7,6 %) mais aussi le lait, le fromage et les oeufs (+ 8,0 %) et enfin les huiles et les graisses (+ 21,2 %).
Enfin, les produits manufacturés, du fait de la hausse des coûts liés au transport et de la pénurie de certains composants, continuent également d'alimenter la hausse des prix (contribution de + 0,7 point en juillet).
La hausse des prix affecte moins les ménages jeunes
Selon la composition de leurs dépenses et particulier l'importance relative des dépenses d'énergie et d'alimentation, certaines catégories de ménages sont exposées à une inflation pouvant diverger de plus d'un point par rapport à la moyenne. Après une année 2020 où les prix ont évolué très modérément, ces écarts se sont accentués depuis début 2021. Ainsi, pour un niveau moyen de 4,9 % au mois d'avril 2022 en France métropolitaine, l'inflation peut aller de 3,9 % pour les moins de 30 ans à 5,7 % pour les 75 ans et plus. L'essentiel du différentiel entre ces deux tranches d'âge s'explique par une consommation d'énergie beaucoup plus importante de la part des plus âgés.
De même, en avril 2022, les ménages vivant en milieu rural subissent une inflation plus marquée que ceux des grandes villes (5,9 % contre 4,4 %). Cette différence s'explique d'une part par des déplacements domicile-travail plus longs et essentiellement effectués en voiture et d'autre part par des habitations plus énergivores du fait de leur taille, de leur caractère individuel ou de leur moins bonne isolation. Les agriculteurs sont la catégorie socio-professionnelle la plus touchée par l'inflation, pénalisés par une consommation énergétique qui augmente leur inflation de 1,1 point par rapport au ménage moyen.
Davantage de ménages modestes dans la région
Les ménages les moins aisés, qui consacrent une plus grande partie de leurs revenus à des dépenses de consommation, sont davantage touchés par l'inflation.
Dans les Hauts-de-France, 27,4 % de la population, soit 1,6 million d'individus, est considérée comme modeste en 2019. Cette part, la plus élevée de France métropolitaine, est supérieure de 5 points à la moyenne. Les ménages modestes sont surreprésentés dans certains territoires tels que le bassin minier, l'est du département du Nord, le nord de l'Aisne et la communauté d'agglomération du Grand Calais Terres et Mers.
Des déplacements domicile-travail plus longs dans la région
Dans la région, la moitié des actifs en emploi parcourent plus de 10,4 km contre 9,3 km en moyenne de France métropolitaine hors Île-de-France pour aller travailler. Il s'agit de la distance la plus élevée des régions de province. Or, les prix des carburants ont connu une très forte hausse durant le premier semestre 2022.
Dans les Hauts-de-France, lorsque les trajets domicile-travail dépassent 5 km, 89 % d'entre eux s'effectuent en voiture (contre 90 % en France de province et 80 % pour la France entière). Même pour les trajets de moins de 5 km, la voiture reste privilégiée dans 68 % des cas (67 % en France de province et 60 % pour la France entière). Faute d'alternative satisfaisante, ce moyen de transport s'impose souvent dans les territoires éloignés des villes. Dans l'Aisne, 12 % de la population vit « hors attraction des villes » et dans la Somme 11 % (4,6 % en Hauts-de-France et 6,7 % en France métropolitaine). Les actifs de ces départements ont donc recours plus fréquemment à leur voiture.
Déjà vulnérable face aux dépenses énergétiques
Deux facteurs exposent les ménages à la vulnérabilité énergétique : les caractéristiques de leur logement et/ou leur niveau de vie. Grande et mal isolée, une habitation est plus coûteuse à chauffer et cette dépense pèse d'autant plus que le niveau de vie du ménage est modeste.
Dans les Hauts-de-France, avant les hausses du prix de l'énergie du début de l'année 2022, près d'un ménage sur cinq (19 %) était déjà en situation de vulnérabilité énergétique, une proportion supérieure de 4 points à la moyenne de province. La région se situe ainsi à la troisième place des régions les plus touchées derrière le Grand Est et la Bourgogne-Franche-Comté. Cette surexposition s'explique par le bas niveau de revenus, les caractéristiques d'un parc de logement davantage constitué d'habitations individuelles, et les températures relativement plus basses de la région. Les ménages aux revenus les plus modestes, notamment les personnes âgées ainsi que les familles monoparentales, sont les plus exposés. Dans les zones urbaines, cette vulnérabilité est relativement moins présente, les logements étant souvent moins coûteux à chauffer en raison de leur petite taille. Elle concerne en premier lieu les ménages ayant de faibles revenus. Dans les zones très éloignées des pôles, certains ménages font face à une double vulnérabilité en cumulant bas revenus et dépenses énergétiques élevées. Ainsi, certains territoires situés à l'est de la région se caractérisent par une précarité monétaire et des dépenses énergétiques importantes. Dans les communautés de communes du Sud Avesnois, des Trois Rivières et des Portes de la Thiérache, la vulnérabilité énergétique touche environ 35 % des ménages (contre 19 % dans la région). Ces intercommunalités à dominante rurale abritent en effet des ménages aux revenus modestes et un parc de logements énergivore.
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