L'Oise Agricole 21 août 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Belles récoltes attendues en arboriculture, en maraîchage et en miels

Il n’y a pas que pour les polyculteurs que l’été est la période la plus intense. D’autres productions, comme le maraîchage, l’apiculture, et en fin d’été l’arboriculture, voient en ces mois de juillet et août l’aboutissement d’une année de travail.

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Matthieu Lucas.
Matthieu Lucas. - © ML

«Nous démarrerons la cueillette des pommes de table bio un peu en avance, vers le 20 septembre. Les poires devraient être récoltées plus tôt, vers le 20 août pour les variétés les plus précoces», prévoit Hubert Corpet, producteur de pommes et poires bio, à Saint-Thibault, dans le Nord-Ouest de l’Oise. Une partie de ses 80 ha de vergers est destinée à l’industrie, pour des jus de fruits et des compotes, et une autre à la production de cidre. Après deux années globalement mauvaises, 2023 et 2024, Hubert Corpet mise sur la récolte 2025 qui s’annonce prometteuse. «Nous avons eu la bonne météo au bon moment. De l’eau cet hiver, des mois d’avril et mai très ensoleillés qui ont assuré une belle floraison. Les quelques journées de froid n’ont pas impacté la pollinisation», précise le producteur.
Les pluies de juillet, même si elles ont arrêté la moisson, ont été bienvenues. «Les fruits grossissent bien et force est de constater que nous n’avons pas eu de fortes pressions maladies, notamment de tavelure. La récolte s’annonce bonne par conséquent», se réjouit-il. Il devrait embaucher une vingtaine de saisonniers.
Hubert Corpet s’inquiète pour les pommes de table bio destinées à des grossistes ou des chaînes de magasins bio comme Naturalia. «Le Covid nous a fait perdre des marchés, que nous pensions récupérer ensuite. Malheureusement, l’inflation a plongé toute la filière bio dans la crise. Nous avons perdu entre 30 et 40 centimes le kilo de pommes. Aujourd’hui, je n’ai aucune idée de combien nous serons payés», se désole-t-il.

Une année tout miel
Même sourire chez Benoît Minart, apiculteur professionnel à Gouy-les-Groseillers. Les conditions météorologiques de l’année ont été favorables à la production de miels. «D’abord, avec les pluies de l’année 2024 et celles de l’hiver dernier, il y avait de la réserve dans les sols. Ensuite, nous avons eu de belles périodes ensoleillées et parfois des coups de chaud, mais qui n’ont pas brûlé les fleurs des tilleuls. Les pieds dans l’eau et la tête au soleil, il n’y a rien de mieux pour les végétaux», se réjouit l’apiculteur.
Au sortir de l’hiver, ses ruches étaient toujours vivantes, ce qui n’a malheureusement pas été le cas pour d’autres apiculteurs qui ont perdu des ruches. «Les deux principales productions de miels de l’Oise sont celui de colza et celui de tilleuls. Même si la floraison des colzas a été courte, les abeilles ont bien travaillé. En mai, les acacias ont bien fleuri et les tilleuls ont résisté à la chaleur. Il y aura du miel cette année !»
Côté commercialisation, ceux qui vendent en pots vont pouvoir reconstituer leurs stocks, mis à mal par les mauvaises récoltes précédentes. Ceux qui livrent en coopérative comme Benoît Minart n’auront aucune difficulté à écouler la production. Pour la vente au négoce, ce sera plus incertain. «Le miel français est plus cher, il y a deux marchés distincts, le local et l’importé. Les consommateurs qui achètent du miel importé ne sont pas prêts à payer 50 % plus cher pour du français.»

Une belle année pour le maraîchage aussi
La famille Moerman est connue pour son ancienne activité de maraîchage à Mortemer : 12.000 m2 de serres non chauffées et 7 ha de  fruits et légumes composent la ferme de la Petite sole. «Ce sera assurément une meilleure année que 2024. Cette année, nous avons eu de l’eau assez régulièrement et lors de la sécheresse au printemps, nos plantes sous serre ont résisté et nous étions en pleines plantations et semis d’extérieur, donc nous n’en avons pas souffert. Globalement, toutes nos cultures ont bien poussé et les maladies ont été limitées», expose Clément Moerman.
Il rencontre des difficultés pour recruter et fait appel à des étudiants, «sérieux, qui comprennent vite ce qu’on attend d’eux et sont motivés car ils ont besoin d’argent. Mais ils ne sont disponibles qu’à partir de la fin mai.»
La commercialisation se fait en vente directe dans le magasin de la ferme ou au distributeur, sur internet, avec livraison dans des points relais (restaurants, commerces multi-activités...) ou directement à domicile sur Compiègne. Le reste est vendu à des professionnels ou des épiceries.
Les maraîchers de Mortemer participent deux fois par semaine à un marché à Paris, où le pouvoir d’achat est supérieur, «mais les clients font attention à leur budget et sont friands des promotions que nous proposons, sur les prix ou les quantités.» D’ailleurs, depuis le Covid et avec la récente inflation, Clément Moerman note une baisse de pouvoir d’achat. «En vente directe, nos prix sont stables d’une année à l’autre et nous développons nos ventes grâce à notre présence sur les réseaux sociaux et notre site internet où les clients peuvent commander leur panier.»
Discours plus mesuré chez Matthieu Lucas, polyculteur et maraîcher à Bailleul-le-Soc, à la ferme du Metz. «Force est de constater que les modes de consommation ont changé et qu’après le Covid, les clients sont retournés en grandes surfaces et ont moins de pouvoir d’achat. Nous devons adapter nos surfaces de production en fonction de ce que nous pouvons vendre avec certitude. Parfois, nous avons eu de mauvaises surprises avec des clients professionnels qui nous ont plantés une fois l’embellie du Covid passée. Il faut penser à réduire la voilure», se désole le jeune agriculteur qui envisage de diminuer sa surface en bio. 
Une belle récolte ne suffit donc pas : encore faut-il avoir des prix de vente acceptables, avec des charges qui ont augmenté.

Mélanie et Benoît Minart.
Mélanie et Benoît Minart. - © BM
Clément Moerman.
Clément Moerman. - © CD 60

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