L'Oise Agricole 11 décembre 2025 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Même en 2024-2025, Agora affiche de bons résultats, redistribués aux adhérents

Pour sa première assemblée générale ce mardi, Étienne Grodet a présenté des résultats tout à fait satisfaisants pour une collecte en 2024 en baisse de 19% et ce malgré une récolte record en maïs.

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Avec environ 850.000 t, la moisson 2024 d'Agora a été marquée par une baisse de collecte de 19%, surtout à cause du blé, en dessous de la moyenne décennale. Pourtant, la récolte de maïs a été exceptionnelle, à 190.000 t humides. Avec un outil de séchage prévu pour 100.000 t, ce sont finalement 140.000 t de maïs sec qui sont sorties des silos. 
Autant dire que la moisson 2024 aura éprouvé l'outil coopératif, avec des qualités décevantes, limitant la compétitivité du blé français et les possibilités d'exportation, baisse des prix. Alors que la coopérative exporte généralement plus de 90% de ses blés, il a fallu trouver d'autres débouchés, essentiellement auprès d'industriels de la région (voir schéma). Et cela aura payé.

Un bon résultat
Avec un chiffre d'affaires en baisse de 14% et un niveau de charges toujours élevé, l'excédent brut d'exploitation revient à son niveau habituel, autour de 7 millions d'euros. Cela a été possible grâce à un cadre de gestion respecté et l'engagement des coopérateurs au prix moyen pour 80 % des céréales, signe de la confiance des adhérents, et malgré des exécutions de contrat tardives. La capacité d'autofinancement retrouve un excellent niveau, à 9,1 MEUR, et le résultat net est même en hausse par rapport à 2023-2024 à 5,3 MEUR, avec pourtant un diviseur (collecte) en baisse.
Conscient que la moisson 2024 a été catastrophique pour bon nombre d'adhérents, le conseil d'administration propose et l'assemblée vote le versement d'intérêt aux parts sociales de 4,8 % et le versement de ristournes à hauteur de 2.313.257 EUR.

Préparer l'avenir
Dans le même temps, Agora a pu atteindre l'objectif qu'elle s'était fixé, 100 millions d'euros de fonds propres, susceptibles de rassurer les partenaires financiers et de permettre de préparer l'avenir sur plusieurs axes. 
En premier, un premier bilan carbone de la coopérative a été effectué avec un fort impact des émissions indirectes (achat de céréales produites avec des engrais azotés), dans la norme des coopératives de même nature.
Ensuite, la coopérative veut développer ses capacités de séchage, mises à rude épreuve, ainsi que la logistique fluviale. 
Des investissements ont été réalisés dans des camions-péniches entre autres pour mieux charger sur la plateforme de Pont-Sainte-Maxence (Semmap) et celle de Verberie (Ucavo, avec Valfrance). Avec le futur canal Seine-Nord Europe, l'objectif est de porter la part du transport en péniches de 46 à 60 %, pour des économies de carburants et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. La capacité logistique fluviale doit être multipliée par trois.
Face aux enjeux à venir (contraintes réglementaires, décarbonation, gestion des risques) et malgré une conjoncture instable, Agora doit être solide pour accompagner le changement de ses pratiques et de celles de ses adhérents (facture électronique, cyber-sécurité, transition vers l'agroécologie, formations, certifications...) tout en consolidant ses partenariats, grâce au travail et à l'engagement de tous, élus et collaborateurs. 
En attendant, les adhérents peuvent déposer leurs bottes au pied du sapin, des compléments de prix 2024-2025 sont annoncés.

Guillaume Van de Velde, directeur de Cérémis, Guillaume Roullet, directeur d'Unisigma, Amaury Toupet, vice-président d'Agora, et Vincent Grégoire, responsable durabilité pôle agricole chez Tereos.
Guillaume Van de Velde, directeur de Cérémis, Guillaume Roullet, directeur d'Unisigma, Amaury Toupet, vice-président d'Agora, et Vincent Grégoire, responsable durabilité pôle agricole chez Tereos. - © DLC

Agora et ses partenaires oeuvrent pour plus de durabilité

Une table ronde a permis de partager les enjeux qui se dessinent pour la coopérative et ses partenaires de l'amont ou de l'aval. D'abord, la volonté de mettre en place des politiques pour plus de qualité et de durabilité. Les acheteurs de Cérémis (plus gros metteur en marché de céréales) sont exigents sur les qualités des blés et refusent le moindre insecte dans les grains, alors que la liste des matières actives se réduit d'année en année. De même, ils sont sensibles à la décarbonation de la logistique. Le fluvial, dans lequel la coopérative investit, et le futur canal en sont des leviers. De même, vendre à des industriels du territoire plutôt qu'exporter par Rouen semble un débouché à consolider.
Du côté de la sélection variétale, Unisigma prend en compte des voies d'adaptation des semences au changement climatique ainsi qu'à la teneur en protéine, un caractère fortement héritable et cumulatif.  Les futures variétés seront encore plus adaptées aux terroirs de la coopérative et plus efficientes sur la valorisation de la fertilisation azotée. Rappelons que la filière semences d'Agora (Unisigma est un groupement d'intérêt économique constitué d'Agora, d'In Vivo et de Limagrain) permet aux coopérateurs de multiplier des semences pour 350.000 ha ; la station de semences de Froissy est un outil robuste.
Enfin, chez Tereos, partenaire de la coopérative pour l'amidonnerie, les ambitions sont importantes avec une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 50 % pour la partie industrie mais aussi pour la partie agricole. Avec Agora, la volonté est de travailler à l'échelle des exploitations agricoles pour développer l'agriculture régénératrice et réduire les bilans carbone.

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