Cette pénurie qui contrarie les plans de McCain et du Gappi
La situation des producteurs de plants a plus largement occupé les débats que les prix des contrats de la prochaine campagne lors de l’assemblée générale des producteurs livrant à McCain.

Pour la campagne 2024, les surfaces contractualisées entre les adhérents du Gappi et l’industriel McCain devraient être «stables» selon Vincent Bournaison, à la différence d’avec les campagnes précédentes que de nouvelles variétés font leur apparition. La raison ? Faire face à la pénurie de plants pour un certain nombre de variétés plus courantes dans leur utilisation pour le débouché «transformation». Lors de l’assemblée générale du Gappi qui s’est tenue le 1er février à Bapaume (62), les tensions entourant la disponibilité des plants ont mobilisé une large part des discussions.
Du côté de l’UNPT, le soutien va sans surprise du côté des producteurs du Gappi : «Depuis deux ans, on tire la sonnette d’alarme sur le prix des plants et leur disponibilité, a réagi Geoffroy d’Évry. On est d’accord pour payer le plant un peu plus cher à condition que cela profite aux producteurs de plants.» En 2024, selon les calibres et les variétés, les producteurs de pommes de terre pourraient payer les plants «entre 30 et 40 %» plus cher. Incompréhensible selon un certain nombre de producteurs de plants qui s’interrogent, à l’image de Christophe Mullie, producteur de plants et de pommes de terre dans le Pas-de-Calais, sur la répartition de la valeur : «Quand je vois le prix auquel les collecteurs nous achètent les plants et celui auquel McCain nous les vend, il y a un sacré écart…» Pour lui, pas de doute, si la production de plants est en baisse – pour ne pas dire en berne –, la raison est bien à chercher du côté de la rémunération. Du côté du Gappi comme de l’UNPT, l’idée de mettre en place «une autre façon de travailler » dixit Bertrand Achte est souhaitée.
Industriel et collecteurs se renvoient la balle
Faute de plants certifiés en quantité suffisante, il faudra bien avoir recours à des plants coupés. Un problème pour McCain ? Pas vraiment selon un industriel qui se targue d’avoir «quinze ans d’expérience en la matière», de réserver cette technique à quelques variétés et mettre à disposition de ses planteurs de nouvelles variétés.
En ce qui concerne ces variétés «nouvelles», «cela restera assez mineur, avec des ajustements de volumes à la marge», a déclaré Bertrand Achte, le président du Gappi. Ce que confirme Maxence Turbant (McCain), les estimant à «moins de 5 % du panel des variétés emblavées.» Après avoir écouté les critiques de producteurs de plants, du côté de McCain, on le reconnait : «Il y a un souci sur le plant, c’est vrai…, a dit Leslie Camus, vice-présidente agriculture Europe continentale chez McCain Foods. On ne fuit pas face à notre responsabilité, on cherche des solutions.
En ce qui concerne les variétés exclusives McCain, on a revalorisé de manière significative. Pour les autres variétés, nous n’avons pas la main… Et on entend assez peu les obtenteurs sur ce sujet.» Entre collecteurs et industriel, chacun donne donc l’impression de se renvoyer la responsabilité. «Si on n’a pas la capacité de savoir qui marge et dans quelles proportions, ce sera compliqué», a déclaré Bertrand Achte. Et si McCain reconnait à demi-mots prendre une marge sur les plants qu’il fournit aux producteurs, il y a à cela une bonne raison, a souligné Leslie Camus : «MCain est le seul à indemniser les producteurs en cas de litige…»
McCain mieux que les autres ?
Autre sujet d’opposition entre industriel et producteurs cette fois, le calcul du coût de production pour 2024 ; ce dernier servant «de base» aux discussions entre McCain et le Gappi. Selon l’industriel, le coût de production serait en baisse de 6 % quand le groupement constate une… augmentation de 2 %. À cela, le groupement de producteurs aimerait ajouter une prime de risque de 10 €/t, ce qui porterait l’augmentation du coût de production à + 4 %. Bien qu’habituellement «au coeur» de l’assemblée générale du Gappi, les propositions de contrats pour la campagne 2024- 2025 paraissaient au second plan.
Quel que soit le type de variétés, on constate des hausses partout : + 18,4 €/t pour les variétés hâtives pour un prix compris entre 233 € (semaine 29) et 183 €/t (semaine 35) ; + 16,6 €/t pour la variété Innovator en hâtives avec un prix compris entre 243 €/t (semaine 30) et 200 €/t (semaine 35) ; + 12 €/t pour la variété Shepody avec un prix compris entre 223 €/t (semaine 31) et 200 €/t (semaine 35). De la même manière, les prix des contrats annuels sont proposés à la hausse : + 16,6 €/t pour les variétés Lady Anna et Zorba ; + 19,4 €/t pour les variétés Daisy et Markies ; +16,40 €/t pour le groupe des variétés type «Fontane» ; + 20,3 €/t pour les variétés Innovator et Russett Burbank sans irrigation (- 5 €/t avec irrigation).
À cette grille de prix, «il faut ajouter des primes pour le stockage en mai et juin», a précisé François- Xavier Bar. Selon Bertrand Achte, et bien que McCain ait été raillé pendant l’assemblée générale pour n’être que «suiveur» par rapport à d’autres industriels, «les prix de contrats proposés pour 2024 sont intéressants et supérieurs à d’autres avec un delta de 15 à 20 €/t à condition d’avoir la qualité.»
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