L'Oise Agricole 29 avril 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Cours d’eau et ruissellement : des actions finançables

Depuis 2018, la compétence de la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) a été attribuée aux communautés de communes. Celle du Pays de Bray a transféré cette compétence au Syndicat des intercommunalités de la vallée du Thérain (SIVT).

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Clôtures et pompes à nez peuvent faire partie des éléments finançables, tout comme les fascines, le matériel de semis direct...
Clôtures et pompes à nez peuvent faire partie des éléments finançables, tout comme les fascines, le matériel de semis direct... - © SIVT

Parallèlement, ce dernier, créé en 1963 pour lutter contre les inondations sur 22 communes entre Beauvais et Montataire, a connu des évolutions réglementaires. «Depuis 1 an, le SIVT a agrandi son champ d’action à l’intégralité du bassin versant du Thérain et de ses affluents, soit 500 km de cours d’eau», explique Denis Collinet, son directeur.

Les différentes lois sur l’eau ont en effet modifié le regard sur la gestion des inondations. On ne les combat plus de la même façon que dans les années 1980, c’est le retour de l’écologie et de la préservation des milieux aquatiques en vue de l’amélioration de la qualité des eaux.

Les objectifs des actions qui seront menées dans ce cadre sont la lutte contre le ruissellement et l’érosion, l’entretien des cours d’eau et des berges et la préservation de la biodiversité (faune et flore). Bien entendu, les agriculteurs sont les premiers concernés puisque des aménagements pourront être menés avec leur accord et dans leur intérêt.

Communes concernées et financement

La communauté de communes du pays de Bray est la première à avoir délégué sa compétence au SIVT. «Les autres intercommunalités y réfléchissent car les aménagements coûtent cher. De ce fait, le SIVT appelle des cotisations qui représentent un budget de 1,5 ou 2,5 € par habitant», admet Denis Collinet. Le SIVT ne pourra agir que sur les communes situées sur le bassin versant du Thérain, et notamment traversées par l’Avelon, son principal affluent : Blacourt, Cuigy-en-Bray, Espaubourg, Hodenc-en-Bray, La Chapelle-aux-Pots, Lalandelle, Le Coudray-Saint-Germer, Le Vauroux, Lhéraule, Ons-en-Bray, Saint-Aubin-en-Bray, Saint-Germer-de-Fly, Villembray et Villers-Saint-Barthélémy.

Les aménagements se feront en concertation entre le SIVT et les agriculteurs intéressés. Le SIVT reçoit des fonds de l’Agence de l’eau Seine-Normandie et pourra ainsi assurer 80 % de prise en charge des aménagements. Ceux-ci devront bien entendu avoir un impact positif sur la qualité de l’eau, des berges et l’érosion.

«Sur le territoire du Pays de Bray, nous avons fait réaliser une étude par des étudiants d’UniLaSalle pour repérer les parcelles qui pouvaient subir des phénomènes de ruissellement. Ils ont croisé des données comme la nature du sol, la pente, les précipitations… En comparant des photos anciennes avec des actuelles, on a pu constater l’évolution des utilisations agricoles et du paysage. Des points sensibles ont été repérés, reste à les traiter», avance Denis Collinet.

Ruissellement

Toute une palette d’actions permettent de lutter contre le ruissellement, dont la gestion des résidus de cultures, les couverts, la mise en place de fascines, de diguettes, ou le semis en herbe d’un fond de talweg, «par exemple dans une parcelle de maïs», détaille Denis Collinet. Dans tous les cas, les aménagements de terrain se font en concertation avec les agriculteurs qui ne sont pas toujours conscients des problèmes de ruissellement et d’érosion sur le secteur, selon le directeur du SIVT. Le financement des actions par l’Agence de l’eau n’est possible que si ce phénomène est identifiable et qu’il nuit à la qualité des cours d’eau. «Ce sont souvent des parcelles situées à environ un kilomètre de l’eau. Dans le secteur du Pays de Bray, le diagnostic précis que nous établissons de tous les cours d’eau montre qu’ils sont colmatés par des limons, c’est le signe d’une érosion continue», analyse le directeur du SIVT.

À l’issue du diagnostic, des actions pourront être mises en place après examen par la DDT et déclaration d’intérêt général sur le territoire. Des financements pourront être accordés pour des achats de matériel limitant l’impact sur le sol et améliorant la qualité de l’eau. Par exemple, du matériel de semis direct, de désherbage mécanique.

Actions cours d’eau

Le SIVT est déjà intervenu en 2017 sur ce type d’opérations dans le secteur aval du Thérain. Les berges étaient endommagées par le piétinement des animaux qui descendaient boire directement. «Avec le financement de l’Agence de l’eau Seine-Normandie et sous le pilotage des collectivités, nous avons proposé des aménagements aux agriculteurs : des clôtures pour empêcher les animaux de descendre dans l’eau et de piétiner le lit de la rivière et des pompes à nez installées pour leur permettre de s’abreuver ou des abreuvoirs stabilisés, c’est-à-dire un accès direct à la rivière avec une contention et un sol stabilisé. Chaque éleveur pouvait choisir son aménagement», relate le directeur du SIVT. L’intérêt de cette démarche collective est qu’elle permet d’obtenir des prix d’achat intéressants, par exemple pour des poses électrique solaires ou des pompes à nez.

Édouard Maison, agriculteur à Rochy-Condé, a choisi des pompes à nez et une clôture en fils barbelés et pieux d’acacia : «Nous avons réparti les pompes à nez le long de la rivière afin que les animaux aient accès facilement à l’eau. Les bêtes ne descendent plus sur les berges, ce qui les préserve. La subvention de 80 % a été un facteur déterminant sans lequel je n’aurais pas réalisé ces aménagements dont je suis satisfait.» Même son de cloche pour Thomas Boullenger, de Mouy. «J’ai eu plusieurs pompes à nez qui vont me permettre de cloisonner mes herbages. Je ne les ai pas encore installées, mais j’ai aménagé moi-même un abreuvoir stabilisé, bien utilisé par les animaux.» Quant à Fabien Dhondt, éleveur à Villers-Saint-Sépulcre, il a bénéficié de l’installation de fils électriques, de postes électriques solaires et de pompes à nez. «Je gère mes pâtures avec ce système, cette opération était très intéressante. C’est même dommage qu’elle n’ait été réservée qu’aux herbages en bordure de Thérain. Cela aurait pu être élargi à toute la zone inondable. Mais c’était un vrai coup de pouce financier», reconnaît-il.

Les financements sont acquis pour trois ans, il ne reste plus aux éleveurs du bassin du Thérain à profiter de l’opération. «C’est très simple. Les éleveurs n’ont qu’à faire connaître leur besoins, le SIVT prend en charge le dossier administratif et les travaux d’installation, explique Denis Collinet qui, d’origine agricole, se veut à l’écoute des exploitants agricoles. Ils connaissent bien leurs parcelles et sauront quel aménagement est le plus adapté à leur situation.»

SIVT : missions et actions

Le Syndicat des intercommunalités de la vallée du Thérain (SIVT)a été créé par transformation du syndicat intercommunal de rivière en syndicat mixte de bassin initié par 7 intercommunalités, les deux communautés d’agglomération du Beauvaisis, de Creil sud Oise et les cinq communautés de communes : Thelloise, Clermontois, Pays de Bray, Picardie Verte et Oise Picarde. Le SIVT, dans le cadre du Gemapi, assure sur les 550 km de rivières du bassin et sur le territoire de 169 communes :

- l’aménagement du bassin ou d’une fraction du bassin hydrographique

- l’entretien et l’aménagement d’un cours d’eau y compris les accès à ce cours d’eau

- la défense contre les inondations

- la protection et la restauration des sites, des écosystèmes aquatiques et des zones humides ainsi que des bois riverains.

Et pour la seule communauté de communes du Pays de Bray : la mise en place et l’exploitation de dispositifs de surveillances de la ressource en eau et des milieux aquatiques, l’animation et la concertation dans le domaine de la gestion et de la protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques et la maîtrise des eaux pluviales et de ruissellement ou la lutte contre l’érosion des sols de l’article L 211-7-1 du Code de l’Environnement. Compte tenu de ces attributions, le directeur et ses trois techniciens ont pour mission de convaincre par le dialogue et le conseil les propriétaires fonciers et les exploitants agricoles de respecter la continuité écologique des rivières et des ruisseaux tout en les faisant bénéficier d’aides financières pour la réalisation de travaux de protection de berges et de clôtures. De même, des travaux permettant de limiter ou de supprimer le ruissellement peuvent être financés avec l’aide du SIVT et de l’Agence de l’eau.

Tél. 03 44 02 10 55

contact@sivt-therain.fr

- © agence de presse

Jean-Louis Vandeburie, président du SIVT

«Des actions financées dans l’intérêt de tous»

Le SIVT veut permettre aux agriculteurs de s’engager dans des actions en faveur de la qualité de l’eau et de la lutte contre le ruissellement. Nous sommes là pour les conseiller sur les aménagements ou les pratiques à mettre en place dans l’intérêt de ce bien commun qu’est la ressource en eau. Les services du SIVT sont à l’écoute des exploitants agricoles pour leur permettre d’accéder aussi à des financements de l’Agence de l’eau. Ceux-ci concernent aussi bien du matériel pour l’abreuvement du bétail dans les herbages que du matériel de travail du sol, par exemple. J’invite les agriculteurs des communes concernées à nous contacter.

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