L'Oise Agricole 23 octobre 2025 a 07h00 | Par KC

Des récoltes correctes pour les céréales, mais des revenus en berne pour les céréaliers

mais des revenus en berne pour les céréaliers L’AGPB et l’AGPM font état de revenus négatifs depuis plusieurs années, et demandent des soutiens. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) est dans leur viseur.

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- © Pixabay

Fin de moissons pour les céréales. Malgré des récoltes correctes, les associations spécialisées de la FNSEA, en maïs (AGPM) et céréales à pailles (AGPB) voient rouge dans un contexte de prix en berne, et de menaces autour de leurs moyens de production.

Si les récoltes françaises en 2025 ne sont pas si mauvaises (environ 33,5 Mt en blé tendre, en hausse par rapport à la catastrophe de 2024, environ 13 Mt en maïs, autour de la moyenne quinquennale), les coûts de production ont explosé, oblitérant leurs revenus.


Lors d’une visioconférence tenue le 9 octobre, l’AGPB a alerté sur le fait que ses adhérents connaissent des revenus négatifs depuis trois ans. D’après une enquête menée avec l’aide de divers organismes (Arvalis, FranceAgriMer, Agreste-Rica, Insee), le coût de production du blé est estimé à 280 €/t en 2023, 291 €/t en 2024 et attendu à 232 €/t en 2025, alors que les prix payés aux producteurs sont estimés à 212 €/t en 2023, 193 €/t en 2024 et… 165 €/t en 2025.
Cinq jours plus tard, en conférence de presse à Paris, l’AGPM a aussi présenté de mauvais chiffres. Selon Arvalis, le résultat courant avant impôt (RCAI) par céréalier (producteurs de blé, de maïs, etc.) est attendu à -14 000 € en moyenne en 2025. Comme pour le blé, le coût de production du maïs français dépasse les 200 €/t, «et ce n’est pas près de changer en 2026», déplore Franck Laborde, président de l’association.


Productions abondantes dans le monde
Une part de ce constat est imputée à la conjoncture. Les récoltes mondiales de céréales sont abondantes : bonnes productions de blé en Russie et en Argentine, productions records de maïs aux USA et Brésil, à respectivement 427 Mt et 135 à 145 Mt, etc. Sans oublier la force de l’euro face au dollar, qui pénalise l’attractivité des origines françaises et européennes. Côté géopolitique, la guerre en Ukraine a engendré une flambée des coûts de l’énergie et participé à celle des intrants.
Mais une autre partie est imputable aux règles européennes et françaises. En plus des sanctions imposées depuis l’invasion de l’Ukraine contre la Russie, fournisseur d’engrais azotés de la France et du continent, l’Europe prévoit d’enclencher en janvier 2026 le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). L’AGPB et l’AGPM craignent une intensification de la flambée des prix des intrants, voire une absence totale de disponibilité, et réclament son retrait ou l’instauration d’un mécanisme de compensation. «Des traders nous rapportent qu’en raison des contraintes engendrées par le MACF, ils éprouvent de grandes difficultés à trouver des importateurs disponibles et donc de l’offre en engrais azotés. […] Certains ne signent pas de nouveaux contrats», commente le secrétaire général adjoint de l’AGPB, Cédric Benoist.


L’accord UE/Mercosur dans le collimateur
Alors que la Commission européenne a publié, le 8 octobre, sa proposition de règlement visant à renforcer les protections pour les agriculteurs dans le cadre de l’accord UE/Mercosur, les syndicats agricoles en profitent pour manifester leur opposition. «Nous exhortons le président Emmanuel Macron à tenir sa promesse de ne pas signer cet accord», a rappelé Franck Laborde. L’AGPM soutient d’ailleurs la saisine de la CJUE par le Parlement européen. Une enquête menée par l’organisation indique que l’accord en question engendrerait des importations supplémentaires de l’UE de 3,5 Mt/an de maïs équivalent (grains, poulet, bioéthanol, etc.).
Concernant l’Ukraine, l’AGPM et l’AGPB rappellent leur demande de clauses de sauvegarde concernant la dernière version de l’accord commercial conclue avec l’UE. De manière plus globale, elles réclament aux autorités une révision du prix d’intervention et des droits de douane efficaces. «C’est une demande que nous portons depuis des années. Avant : c’était circulez, il n’y a rien à voir. Aujourd’hui, on ressent une écoute. La DG Agri se montre compréhensive, reste à convaincre la DG Trade», explique Franck Laborde.
Au niveau hexagonal, les deux organisations de producteurs alertent sur les impasses techniques de plus en plus impactantes. Une illustration de cette intensification : le ray-grass, infestant traditionnellement les champs de céréales à paille, devient depuis 2025 un vrai problème en maïs. Sans oublier la croissance de la présence de datura, mais aussi de ravageurs. Là aussi, l’AGPM et l’AGPB ont rappelé leurs revendications : stopper la surtransposition française, donner des moyens de production (accès à l’eau, aux produits phytosanitaires, aux NGT, etc.). «Les coûts de production de maïs en Ukraine s’élèvent à 97-99 €/t. Les chiffres sont similaires en Argentine et au Brésil», contre plus de 200 €/t en France, illustre Franck Laborde.

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