«Un projet stratégique à partager et mettre en oeuvre sur la mandature»
Le bureau de la Chambre d'agriculture a travaillé sur ce que seront les grands axes et les priorités donnés à la mandature en cours. Luc Smessaert, son président, nous en dit plus.

Le bureau de la Chambre d'agriculture de l'Oise a suivi un séminaire pour bâtir ce que seront les axes stratégiques de son mandat. Y avait-il une volonté de changement de méthode par rapport au dernier mandat ?
Luc Smessaert : D'abord, le 12 mai dernier, nous avions réuni toute la compagnie pour, d'une part, présenter ce qu'est une Chambre d'agriculture et sur ce que sont ses missions et, d'autre part, pour commencer la réflexion sur ce qu'il convient de faire lors de cette mandature. Tous les membres ont pu s'exprimer.
Ensuite, au cours d'un séminaire de 24 heures auquel participaient le bureau et les chefs de service, avec l'aide d'un animateur, nous avons affiné notre projet selon des axes que nous avons ensuite priorisés. Puis nous avons imaginé quelles seraient les actions concrètes à mener. Il est pertinent qu'élus et administratifs aient pu travailler ensemble à cette réflexion et à ce projet que chacun devra porter.
Quelles sont les grandes lignes retenues ? pourquoi ?
LS : D'abord, les 4 grandes lignes ont été tracées à l'unanimité des présents. La première est de mener une politique qui permette à chaque agriculteur d'évaluer et s'assurer de la robustesse de son exploitation. Face aux enjeux des marchés et du changement climatique, c'est bien le revenu qui fera que les exploitants sauront s'adapter et continuer à produire. Il faudra sans doute diversifier les sources de revenu pour le consolider. Pour cela, la Chambre d'agriculture ne doit plus seulement parler de technique, mais aussi d'économie. Les nouvelles unités à employer sont les euros/hectare, les euros par kilo de viande, de lait... des critères technico-économiques. On doit évaluer la rentabilité des exploitations et leur capacité à investir.
La deuxième ligne concerne l'installation-transmission. Le nombre d'exploitants baisse dans l'Oise, malgré nos 50 à 60 installations annuelles. Nous devons installer plus et mieux, d'autant plus que les jeunes ne regardent plus seulement les hectares, mais la valeur ajoutée dégagée et la diversification des systèmes. Les futurs installés veulent aussi préserver leur qualité de vie, comme dans les autres secteurs d'activité. Il faut donc regarder la capacité des exploitations des cédants à générer du revenu en prenant en compte les aspirations de leur successeur. Pour cela, nous devons mieux les accompagner pour céder à des jeunes qui veulent s'installer.
Troisième axe : la Chambre d'agriculture doit devenir leader des adaptations et transformations de l'agriculture de l'Oise. Nous devons montrer que nous n'avons pas attendu les contraintes pour nous adapter face aux enjeux que sont l'eau, l'érosion, la production d'énergie et le changement climatique. Nous devons faire reconnaître cela par nos partenaires. La Chambre d'agriculture est un acteur incontournable de développement des territoires.
Enfin, dernier axe, la Chambre d'agriculture doit travailler à ce que les agriculteurs vivent bien leur métier. Pour cela, nous devons travailler avec les collectivités, partager les valeurs du métier pour lutter contre le mal-être agricole et valoriser l'agriculture dans ses territoires.
Ces lignes sont-elles différentes par rapport à la dernière mandature ? pourquoi ?
LS : Ces axes sont issus des demandes exprimées lors des manifestations de début 2024, en accord avec la feuille de route JA/FDSEA des dernières élections Chambres d'agriculture. Nous nous rendons compte que nos réflexions dans l'Oise sont très proches de celles menées par Chambres d'agriculture France.
Quelle est la suite de la démarche ?
LS : Nos réflexions seront détaillées et partagées lors de la prochaine session de Chambre prévue en novembre. Nous aurons des objectifs fixés et un calendrier sur la mandature avec une évaluation annuelle de l'avancement des projets, en lien avec le projet agricole départemental qui se met en place avec la préfecture et le Conseil départemental. De la même façon, nous nous appuierons sur les petites régions et les groupes de développement qui seront des relais.
Nous continuerons à échanger régulièrement avec la Chambre de commerce et d'industrie et la Chambre des métiers pour permettre aux entrepreneurs d'exercer en milieu rural. Nous sommes partie prenante de «Sauvons la ruralité !» initiée par le Conseil départemental. Un exemple, la journée sur les contrôles avec l'OFB (Office français de la biodiversité) sera reproduite en 2026.
La Cour des comptes a récemment épinglé les Chambres d'agriculture pour mauvaise gestion. Qu'en est-il de l'Oise ?
LS : Même si la Cour des Comptes s'est montrée critique envers certaines Chambres départementales comme celles du Lot-et-Garonne, de Corse ou de Vendée, elle a aussi reconnu que les Chambres d'agriculture sont plutôt bien gérées et que la régionalisation a bien permis des économies sur les fonctions support comme l'informatique, la comptabilité, les ressources humaines ou la communication. Au niveau des Hauts-de-France, nous avons réussi à optimiser.
Dans l'Oise, la seule convention qui nous lie avec un syndicat est celle avec les Jeunes Agriculteurs avec lesquels nous travaillons sur le Point Accueil Installation, ce qui paraît logique.
Néanmoins, nous devons dépenser chaque euro avec prudence et transparence, dans l'intérêt et au service des agriculteurs de l'Oise. Et ce d'autant plus qu'ils n'ont jamais eu autant besoin dêtre accompagnés face aux exigences, contraintes et enjeux qui se présentent. La Chambre d'agriculture de l'Oise a la chance d'être pilotée par des élus responsables et par des services forts. Nos comptes sont transparents et équilibrés.
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