Des rendements corrects mais des conjonctures différentes selon les productions
AS 60 et CerFrance Picardie-Nord de Seine ont présenté ensemble les résultats économiques prévisionnels de la campagne 2025.

«Notre objectif est de constituer un baromètre des résultats économiques des exploitations de l’Oise», introduit Sébastien Daguenet, responsable développement marché agricole au CerFrance, devant le Caf (Conseil de l’agriculture française) de l’Oise, qui réunissait le 28 octobre à Beauvais les principaux acteurs de l’agriculture du département. Ensemble, AS60 et CerFrance ont donc pris la mesure de la situation économique de la «Ferme Oise».
Premier constat, quel que soit le système de production, les charges opérationnelles sont à la baisse (engrais - 8 %, produits phytosanitaires -15 % ; aliments - 10 %), tandis que les charges de structures restent relativement stables. Des évolutions importantes des marges brutes par activités sont néanmoins à signaler. «Des conditions météorologiques plus favorables en 2025 ont permis de meilleurs rendements en blé. Même avec une offre mondiale abondante et une demande qui stagne, entraînant une baisse du prix à la tonne (175 €/t), la marge brute sur le blé bondit de 30 %», explique Jeanne Bayart, conseillère entreprise AS60.
Même chose avec le colza, où le rendement augmente (4,5 t), le prix baisse légèrement (470 €/t), tout comme les charges, permettant un bond de 70 % de la marge brute. Le produit à l’hectare diminue en revanche en betteraves sucrières ainsi que les charges, insuffisant toutefois pour une progression de la marge brute (- 5 %).
Baisse des rendements en lin textile et en pommes de terre : «En se basant sur le prix teillé 2024, le produit à l’hectare baisse et la marge brute également (- 30 %)», précise Sébastien Daguenet. Baisse du rendement et du prix, et hausse des charges auront eu raison de la marge brute réalisée sur la pomme de terre (- 50 %).
Une conjoncture favorable en production animale
Alors que la conjoncture économique est à la baisse en production végétale, les productions animales semblent tirer leur épingle du jeu. «La marge brute réalisée sur le lait augmente de 25 % à la faveur de la hausse du prix du lait, du produit viande et d’une baisse des charges.» La marge brute réalisée sur la viande progresse elle de 50 %, principalement grâce à la hausse du produit viande. «La décapitalisation, qui s’est opérée en France mais aussi chez nos voisins européens, soutient les prix et bénéficie aujourd’hui aux éleveurs qui sont restés.»
Les différences se font plus flagrantes encore lorsque l’on regarde les capacités d’autofinancement des différents systèmes de production. «Nous avons établi une modélisation d’exploitations types basée sur nos observations. On peut voir ainsi qu’il n’y a pas une conjoncture agricole, mais plusieurs.» «Les systèmes évoqués sont plus ou moins représentatifs des exploitations de l’Oise etil est nécessaire de prendre un peu de recul sur l’interprétation des chiffres. Il s’agit de premières observations post-récolte et non de chiffres définitifs», précise Stéphanie Roussillon, présidente de AS60. Ainsi un système lait (130 ha, 2 exploitants, 0,5 salarié) connaît idéalement cette année une hausse de son excédent brut d’exploitation (EBE) de 62.000 € (+ 470 €/ha) et un système viande (130 ha, 1 exploitant, 0,5 salarié) voit son EBE grimper de 52.000 € (+ 402 €/ha). La capacité d’autofinancement d’un système laitier est de 40.000 €, celle d’un système viande de 15.000 € (voir graphique). «Après des années de manque de rentabilité, la baisse de l’offre bénéficie aux éleveurs.»
À l’inverse, un système céréalier ou un système en cultures industrielles ne parviennent pas à couvrir leurs besoins. Leur capacité d’autofinancement respective est de - 29.000 € et - 28.000 € (voir graphique).
De son analyse, le couple CerFrance-AS60 tire la conclusion qu’une diversité de productions est la meilleure stratégie pour réduire la variabilité des résultats. Les céréaliers sont aussi invités à une réflexion sur leur prix de revient : «On constate que le prix de vente n’est supérieur au prix de revient que deux années sur cinq. La maîtrise de ce coût passe essentiellement par la performance technique.»
Le coût de la mécanisation est également à surveiller : inflation des coûts d’entretien, des prestations - «Un coût qui augmente, sans hausse de la productivité ni de la valeur ajoutée», selon Vincent Loisel, président du CerFrance.
Pour Adrien Dupuy, céréalier, «le principal problème de la grande culture, ce sont les charges. On ne cesse de se mettre des boulets administratifs, économiques et politiques aux pattes et on n’avance plus. Regardons par exemple le prix des engrais : nous n’avons plus la possibilité d’en faire nous-mêmes ! Impossible donc d’en maîtriser les prix.» Un problème de perspectives politiques - une absence de cap - qu’a déploré l’ensemble des participants.

 
		 
	
		 
 
													 
			
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