Embargo russe: les agriculteurs demandent des compensations financières
Les organisations agricoles de l'UE demandent que la reconduction de l'embargo diplomatique instauré par la Russie sur les importations agroalimentaires en provenance de l'Union,s'accompagne d'une enveloppe financière pour soutenir le secteur.

Dans une lettre adressée le 17 juin à Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et vice-présidente de la Commission européenne, les organisations et coopératives agricoles de l'UE (Copa-Cogeca) demandent que, si les Vingt-huit reconduisent les sanctions économiques contre la Russie, une enveloppe financière soit attribuée dans le budget européen, indépendamment du budget de la Pac, pour soutenir le secteur dans ses efforts d'adaptation à cette nouvelle situation.
C'est-à-dire au maintien qui en découlerait de l'embargo diplomatique imposé par Moscou sur les produits agricoles et agroalimentaires de l'UE. «Dans le contexte du budget actuel de la Pac, les mesures prises ne peuvent pas couvrir les pertes économiques subies par le secteur agricole», estime le Copa-Cogeca, notant par exemple que «la dernière décision prise concernant la prolongation de l'aide aux fruits et légumes réduira de 70% les volumes éligibles au retrait.»
Repli de l'Ukraine et de la Turquie sur le marché de l'UE
«Le secteur agricole européen souffre profondément des conséquences de cette crise diplomatique», insiste le Copa-Cogeca. L'embargo russe «représente une perte directe du chiffre d'affaires annuel pour l'agriculture européenne de plus de 5 milliards d'euros», relève le Copa. Malgré les efforts des filières et de Bruxelles, plusieurs marchés n'arrivent pas à retrouver un équilibre, la valeur à l'exportation des fruits et légumes et de la viande porcine ayant par exemple perdu de 5 à 10% en 2015.
De plus, ajoutent les organisations professionnelles, le secteur agricole européen a dû faire face à la mise en oeuvre anticipée de l'accord commercial entre l'Union et l'Ukraine qui, confrontée également à la fermeture du marché russe, voit le marché européen comme seule alternative. Le déficit des échanges agricoles avec ce pays a ainsi atteint plus de 3 milliards d'euros en 2015.
Enfin, note le Copa-Cogeca, les filières de la viande bovine et des fruits et légumes souffrent aussi des relations tendues avec la Turquie, pays qui est un débouché naturel pour les viandes et dont la production de fruits, bloquée aux frontières russes, risque de peser sur les marchés européens.
Embargo sanitaire et diplomatie
Les organisations agricoles de l'Union demandent également à la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, d'appuyer les efforts du commissaire à la santé,Vytenis Andriukaitis, pour établir un dialogue constructif afin de résoudre la question de l'embargo russe lié à des raisons sanitaires.
«Il semble primordial que la diplomatie européenne oeuvre également en faveur de l'un des moteurs de l'économie européenne, qui assure plus de 40 millions d'emplois», relèvent les organisations agricoles.
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