L'Oise Agricole 28 août 2025 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

«En cette rentrée, plus que jamais à l’écoute de nos adhérents»

Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l’Oise, répond à nos questions.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Régis Desrumaux ne veut pas désarmer face aux nombreux dossiers sur le bureau du syndicalisme majoritaire.
Régis Desrumaux ne veut pas désarmer face aux nombreux dossiers sur le bureau du syndicalisme majoritaire. - © OA

La moisson est terminée dans l’Oise. Quels échos en avez-vous eus ?

Régis Desrumaux : Cette moisson a fini, pour une majorité des exploitants de l’Oise, avec des rendements dans la moyenne. Néanmoins, cela a été plus compliqué dans certains secteurs, et particulièrement ceux qui avaient subi une forte sécheresse en mars et avril. Mais ces résultats corrects ont quand même redonné du baume au cœur après les mauvais rendements de 2024.

Même si les rendements ont été plutôt bons, beaucoup d‘exploitants s’inquiètent des prix bas et des charges qui restent élevées. Que vous disent les adhérents ? Faut-il craindre de situations économiques compliquées en cette rentrée ?

RD : On repart sur une nouvelle campagne 2025-2026 avec une situation tendue. L’année dernière, cela avait été le cas à cause des mauvais rendements et cette année, c’est à cause des prix qui sont très bas. À moins de 180 €/t en blé, on ne couvre pas les coûts de production. Il y a de quoi s’inquiéter car les trésoreries vont être tendues, on le voit tous dans nos exploitations.

Nous serons bien entendu particulièrement à l’écoute de nos adhérents sur ce sujet.

La loi Duplomb a été promulguée, mais le Conseil constitutionnel a retoqué l’article qui concernait l’acétamipride. Comment avez-vous vécu ce qui a été le feuilleton de l’été dans les médias ? Que peut faire la profession agricole maintenant ?

RD : La loi Duplomb, c’est un mauvais feuilleton qui finit en partie mal. Je rappelle que cette loi avait pour ambition de répondre aux très fortes mobilisations agricoles du début 2024, sur les autoroutes. Il s’agissait de lever les contraintes à la production. Il y a eu un énorme travail fourni, que ce soit au niveau national ou dans les départements. La FNSEA est allée dans les ministères plaider la cause agricole, nous avons rencontré les administrations de l’Oise et la préfète de l’époque.

Finalement, en ce début d’été, il y a eu un jeu politique et les écologistes et la France insoumise ont récupéré ce sujet pour en faire le feuilleton de l’été et appelé à signer une pétition. Pourtant, quand on écoute les propos insultants de Sandrine Rousseau «qui n’a en rien à péter de la rentabilité des agriculteurs», on comprend que ces politiques n’ont aucune vision économique de l’agriculture, mais la considère seulement comme utile à entretenir le paysage. Il y a eu alors une sorte de délire national avec des arguments totalement impossibles à contredire («on va tous mourir d’un cancer !»). Soutenir la loi Duplomb, cela revenait à être pour le cancer, rien que ça ! Nos concitoyens se sont laissés embarquer et au final, bien que de nombreux points n’aient pas été retoqués par le Conseil d’État comme par exemple l’OFB qui sera bien sous l’autorité des préfets, l’acétamipride est devenue symbolique de ce malentendu et est passée à la trappe.

Nous voilà donc à nouveau avec des distorsions de concurrence qui persistent et des filières en danger comme les betteraves sucrières et les noisettes. Or, l’industrie betteravière sert aussi, par les pulpes, à nourrir les animaux et les méthaniseurs, cela aura de lourds impacts dans notre département, sans oublier l’emploi local. D’où notre volonté de poursuivre le lobbying, soit en demandant à l’Europe de mettre tous les pays au même niveau, soit en réintroduisant la dérogation pour l’acétamipride dans un nouveau texte de loi.

Certains envisagent aussi de montrer que cette molécule sert aussi à produire ou est dans des produits de la vie courante et que sa disparition va toucher aussi indirectement le consommateur. Certaines fédérations ont mené des actions symboliques en retirant des rayons des supermarchés tous les produits contenant des noisettes, tablettes de chocolat et pâte à tartiner : les clients se sont plaints et il a été possible de leur expliquer que sans acétamipride, pas de noisettes ! Idem pour les colliers anti-puces pour chiens et chats. Il faut mettre le consommateur devant ses responsabilités.

Il y a beaucoup de colère dans la plaine à propos de la loi Duplomb, le dossier n’est pas clos, nous maintenons la pression.

Le nouveau plan d’action régional directive nitrates est opérationnel, avec les Zar (zones d’action renforcée). Quelles contraintes pour les agriculteurs ? Qu’est-il possible de faire encore ?

RD : Depuis le début des discussions sur le plan d’action régional issu du Plan national directive nitrates, nous refusons ces zones d’action renforcée qui font peser uniquement sur les pratiques des agriculteurs certains critères de la qualité de l’eau. C’est inadmissible ! Dans certains villages, les assainissements individuels ne sont pas aux normes ou détériorés et les stations d’épuration relâchent parfois des eaux usées dans le milieu et seuls les agriculteurs seraient responsables !

Il est vrai que l’Oise a été l’un des départements les plus en pointe pour contester ce Par 7, plus qu’à la FNSEA ou d’autres départements des Hauts-deFrance au sein de la FRSEA. Nous nageons dans l’incohérence depuis le départ, n’empêche que le Par 7 est applicable. Pourtant, nos pratiques tendent à l’amélioration, comme le fractionnement des doses d’azote ou l’apport en localisé. Et puis tout le département n’est pas couvert par des Zar, tous les agriculteurs de l’Oise ne sont donc pas logés à la même enseigne, c’est injuste !

Nous ferons tout pour rétablir cette injustice dans la prochaine moûture du Par 8, déjà sur les rails. Et puis nous comptons sur les nouvelles équipes issues des élections aux Chambres d’agriculture et à la Chambre régionale pour continuer à faire avancer ce dossier, comme pour le report de la date d’enregistrement des exploitations.

Nous serons aussi à l’écoute des exploitants concernés lors d’une réunion locale programmée le mercredi 27 août, nous ne nous défilerons pas.

Quelle est la situation de l’élevage dans l’Oise actuellement ? Les éleveurs sont-ils inquiets face à la FCO (fièvre catarrhale ovine) et la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ?

RD : Les prix ont augmenté et les éleveurs vont mieux, après 35 ans de crise quand même ! Mais c’est au prix d’une forte décapitalisation et de l’abandon de la production par certains. On voit bien que le modèle polyculture-élevage ainsi que la diversification sont des facteurs de résilience.

Les éleveurs sont bien entendu inquiets face à la FCO et la MHE (maladie hémorragique épizootique) qui se rapprochent. Quant à la DNC que l’on croyait circonscrite à la Savoie, un premier cas a été détecté dans l’Ain. Comme quoi, même s’il est choquant, l’abattage total est parfois nécessaire. Un animal peut être malade mais asymptomatique, il faut faire confiance aux experts.

Quels seront les dossiers de la rentrée pour la FDSEA de l’Oise ?

RD : D’abord, le Mercosur dont nous suivrons de près l’application : la grande distribution achètera-t-elle de la viande d’Amérique du Sud ? On ne sait pas, mais on surveillera.

Et puis la nouvelle version de la Pac dans laquelle notre région ne doit pas être une nouvelle fois le dindon de la farce, comme cela a toujours été à chaque nouvelle réforme, avec une baisse des soutiens. Nous y réfléchirons ce vendredi lors d’une réunion de la FRSEA ainsi qu’au prochain conseil fédéral à la FNSEA. De même, lors de la tournée régionale des secrétaires généraux de la FNSEA, nous saurons faire valoir nos idées. Enfin, 2026 est une année de renouvellement syndical pour notre FDSEA de l’Oise, que ce soit dans les communes, les cantons ou les sections. Nous devons nous y préparer et surtout convaincre de l’intérêt de s’engager pour défendre nos valeurs et notre métier. Nous voyons bien que si personne ne reprend le flambeau, même à petite échelle, nous ne pourrons plus lutter contre les visions dogmatiques.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,