L'agglo du Beauvaisis cherche des producteurs de miscanthus
Dans le cadre de son projet de construction d'un second réseau de chaleur urbain sur Beauvais, Tillé et Allonne, la communauté d'agglomération du Beauvaisis a confié à la Chambre d'agriculture une étude de gisement de biomasse agricole portant notamment sur le miscanthus

«Une grande partie de nos captages sont pollués par la présence, en autres, de métabolites de chloridazone. L'Agence de l'eau nous demande de travailler à la protection de la ressource», contextualise Philippe Van Walleghem, vice-président en charge de l'assainissement et des affaires européennes à l'agglomération du Beauvaisis, devant plus d'une dizaine d'exploitants présents pour une réunion d'information qui s'est tenue à Bresles mardi 14 janvier.
Fin 2022, en effet, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) avait relevé une concentration importante de métabolites dans des points d'eau potable de certaines zones des Hauts-de-France, jusqu'à 3 microgrammes par litre d'eau à La Rue-Saint-Pierre, Litz et La Neuville-en-Hez, trois communes situées près de Beauvais.
Bien qu'il n'y ait pas de risque pour la santé humaine, l'agglomération a, à l'époque et pour palier au plus pressé, procédé à un apport d'eau complémentaire dans le réservoir de Litz en attendant la mise en place d'un traitement par charbon actif.
Depuis, les élus cherchent une solution à plus long terme afin de répondre aux attentes de l'Agence de l'eau. Et ils semblent l'avoir trouver avec le miscanthus, dont la culture se ferait autour des aires d'alimentation. «Cette graminée présente en effet le double avantage d'être peu gourmande en intrants et de filtrer les nitrates», indique l'élu, également agriculteur à Fouquerolles.
Culture pérenne - entre 20 et 25 ans -, elle participe aussi à la lutte contre l'érosion et favorise la biodiversité. Elle ne réclame que peu temps de travaux et se révèle non invasive. «Les chantiers d'implantation s'avèrent toutefois coûteux, de l'ordre de 3.500 EUR/ha, mais qui peuvent être en partie financés par l'Agence de l'eau, explique Élise Wauquier, chargée d'études environnement à la Chambre d'agriculture. Une planteuse spécifique est également nécessaire.»
Autre bémol - la plante parfaite n'existe pas encore -, si les rendements moyens (calculés au niveau national) tournent autour des 12,7 t de matière sèche par hectare, il faudra attendre 4 années avant d'arriver à pleine production (rien sur la première année). Une donnée non négligeable que l'investisseur potentiel doit connaître, à l'heure où le principal souci des exploitations est leur trésorerie, ou plutôt leur absence de trésorerie. Un frein évident pour la création d'une filière.
Coupler énergie et protection de l'eau potable
Reste à valoriser cette nouvelle culture pour les futurs producteurs. Bonne pioche : la CAB souhaite créer un second réseau de chaleur urbain d'ici le second semestre 2027. Afin d'alimenter les villes de Beauvais, de Tillé et d'Alonne, la Chambre d'agriculture de l'Oise s'est vue confier une étude de gisement de biomasse agricole et ainsi fournir la future chaudière en miscanthus.
Les besoins énergétiques sont estimés à 100 GWh par an, soit 12.500 équivalent logements. Entre 200 et 500 ha seront nécessaires pour y subvenir.
La collectivité privilégie l'implantation de parcelles de miscanthus dans les aires d'alimentation des captages de Bresles-Litz, de Friancourt et du Canada. «Donner la priorité aux parcelles situées sur le bassin de captage ne veut pas dire que l'on s'interdit de s'approvisionner en dehors. La seule différence est qu'il n'y aura pas d'aides de l'Agence de l'eau pour les parcelles hors zone», précise Philippe Van Walleghem.
Outre le travail de prospection, la Chambre évalue également les aspects techniques, logistiques, économiques et juridiques de cette filière à venir. Un groupe projet constitué d'agriculteurs volontaires et piloté par la Chambre aura pour mission, à partir du mois de mars, de déterminer les rendements de référence, l'organisation et les coûts de stockage, les marges brutes, le coût minimum d'achat, la surface minimale de rentabilité, etc.
Bref, pour proposer aux exploitants un débouché sérieux pour leur entreprise. Les résultats de l'étude sont attendus pour le mois de juin. Pour les agriculteurs intéressés, la chambre propose une rencontre avec un producteur de miscanthus et la visite d'une parcelle de 5 ha au Détroit et d'un site de stockage à Herchies le 25 février prochain.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,