«L'important est de rester transparent avec les autres habitants»
Jean Ricour, agriculteur à Saint-Crépin-Ibouvillers, près de Méru, est le nouveau président du SEA des Sablons. Questions-réponses.
Quel parcours vous a amené à devenir agriculteur à Saint-Crépin-Ibouvillers ?
J'ai repris la ferme familiale directement après un BTA et un BTS. J'ai quand même fait mon armée avant de m'installer en EARL avec mon père en 1991. C'est une exploitation de grandes cultures, mais sans cultures industrielles puisque, cette année, je ne sèmerai pas de betteraves sucrières. J'ai un assolement classique pour le secteur : blé, colza, orges de printemps et d'hiver.
Je travaille seul sur mon exploitation, mais j'essaie de limiter mes charges de matériel. Je fais ainsi partie de la Cuma du Sud-Ouest et je loue une moissonneuse-batteuse avec un collègue de Catenoy. Nous faisons ainsi la moisson ensemble avec une machine toujours performante et la différence de maturité entre nos deux secteurs nous permet de moissonner d'abord chez l'un, puis chez l'autre. C'est beaucoup plus intéressant que d'investir dans un matériel hors de prix qui ne sert qu'un mois par an.
Comment vous êtes-vous engagé syndicalement ?
Dès mon installation, j'ai cotisé à la FDSEA. D'ailleurs, le SEA des Sablons est un bon secteur d'un point de vue syndical, avec un bon taux d'adhésion. C'est Emmanuel Pigeon, alors président, qui m'a fait entrer dans le bureau du SEA. Nous avons beaucoup travaillé en binôme car il était engagé par ailleurs, ce qui ne lui laissait pas beaucoup de temps. Du coup, cette année, il nous a fait part de son intention d'abandonner la présidence, il a proposé que je prenne sa place et j'ai été élu.
Quelles sont les particularités du SEA des Sablons ?
Situé dans le Sud de l'Oise, à proximité du Val-d'Oise et de la région parisienne, le secteur subit une forte pression foncière avec l'arrivée de nouveaux habitants et un changement des villages.
Par exemple, à Saint-Crépin-Ibouvillers, mon corps de ferme était situé en plein centre bourg, ce qui était problématique. D'une part, j'avais des bâtiments pas du tout adaptés à du matériel moderne et c'était dangereux de sortir sur la route principale. Finalement, le problème a été résolu par mon installation à l'extérieur du village. J'ai pu acheter deux hangars pour une superficie de 1.500 m2 couverte. Tout mon matériel est à l'abri, j'ai de la place pour mon activité de stockage à la ferme, je charge facilement et rapidement les camions. La commune a acquis le corps de ferme pour y installer les commerces : pharmacie, boulangerie... La cour a été goudronnée en parking et les clients viennent nombreux des alentours faire leurs courses dans ce qui s'appelle dorénavant le carré Ricour, une idée de l'aménageur ! Cela fait un centre bourg dynamique, pour le bonheur des habitants.
L'autre caractéristique du canton est qu'il est composé de fermes en Scop, particulièrement malmenées par la Pac depuis de nombreuses années. Pour maintenir le revenu, il faut travailler sans cesse à la baisse des charges en mutualisant le matériel, en vendant directement son blé comme moi. Sinon, il y a bien des diversifications possibles car nous sommes proches de la région parisienne, donc d'un grand bassin de consommation. On pourrait imaginer des installations en maraîchage ou en transformation et vente directe. Pour l'instant, certains se sont orientés vers la méthanisation et plusieurs projets ont récemment vu le jour.
Comment voyez-vous le contexte agricole du moment et particulièrement les relations avec les autres habitants dans votre secteur ?
Pour l'instant, il ne semble pas qu'il y ait de gros conflits de voisinage. L'important est de rester transparent car les habitants sont relativement au courant des réglementations et je suis parfois interpelé. Il suffit simplement d'expliquer ce que l'on fait. Par exemple, pour la fertilisation azotée, j'ai expliqué qu'on calculait les doses au plus juste, qu'on ne mettait que le nécessaire, qu'on devait enregistrer ses pratiques. Mes interlocuteurs ont été surpris de cette technicité, ils n'imaginaient pas la complexité du métier où l'on doit à la fois être agronome, mécanicien, commerçant, technicien, comptable... C'est pour cela qu'il est important que les agriculteurs s'engagent dans les conseils municipaux pour faire valoir le point de vue de l'agriculture.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être président de SEA ? Comment imaginez-vous cette mission ?
Pour moi, le président de SEA est un intermédiaire entre les adhérents et les services de la FDSEA ou des autres organismes agricoles. Il se doit d'être à l'écoute et d'orienter l'adhérent vers les interlocuteurs à même de l'aider à résoudre ses difficultés. Avec Emmanuel Pigeon, j'avais déjà commencé cette mission, alors ce n'est pas complètement nouveau pour moi.
Ce qui est sûr, c'est que les agriculteurs du SEA ont en majorité plus de cinquante ans et il va y avoir de nombreux départs à la retraite dans les 10 ans. J'espère que des fils et des filles d'agriculteurs s'installeront derrière leurs parents et qu'ils auront à cœur de poursuivre la défense syndicale.
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