Les industriels du lait ont besoin d’investir 1 Md€ d’ici 2030
Les producteurs de lait conditionné estiment qu’ils ont besoin d’investir massivement pour se mettre au niveau, ce qui passe par une revalorisation. Mais si les consommateurs semblent enclins à payer davantage, les ventes de lait biologique, plus cher, ne cessent de décroître.

Syndilait, qui regroupe les industriels du lait conditionné, a lancé le 15 mai un appel pour alerter sur les investissements à réaliser dans les laiteries françaises d’ici 2030, estimés à 1 Md€. Le but :
«Les adapter aux transitions économiques et environnementales et aux nouvelles réglementations», explique Emmanuel Vasseneix, président de l’Institut professionnel du lait de consommation (IPLC) et dirigeant de LSDH, adhérent de Syndilait. Selon l'organisation, les usines qui souffrent de plusieurs années de sous-investissement, doivent notamment se doter de nouveaux équipements à impact environnemental réduit et adapter les conditions de travail pour rendre les métiers plus attirants.
Pour Syndilait, le financement de ce milliard d’euros passe par une augmentation du prix payé par les distributeurs et les consommateurs. «Il y a toujours en GMS des laits UHT demi-écrémés premier prix à 0,94 €/l. Or, il faut que ce lait atteigne 1 €/l pour que nous puissions investir dans les laiteries», estime Romain Deurbergue, président de Syndilait. Il souligne que les frais d’exploitation et d’emballage, qui représentent 45 % du prix total d’un litre de lait, ont augmenté de 4 % en un an. Le syndicat rappelle que le litre de lait UHT demi-écrémé en GMS (60 % des ventes) s’est établi en moyenne à 1,09 € en 2024, soit + 3 centimes par rapport à 2023.
Pour appuyer sa demande, Syndilait se réfère à la dernière enquête d’opinion réalisée en décembre 2024 par l'institut CSA pour le Cniel (interprofession), montrant que les Français sont de plus en plus confiants dans la qualité du lait produit en France. «Ils sont aujourd’hui 78 % à déclarer avoir confiance dans la qualité du lait produit en France, + 5 points en un an», peut-on lire dans un communiqué de Syndilait diffusé le 14 mai.
Sur la période 2016-2024, la part de ceux qui considèrent que l’origine France est un gage de qualité est passée de 64 % à 78 %. La transparence sur l’origine est un enjeu majeur pour le grand public, puisque 83 % des personnes jugent important de connaître l’origine du lait consommé. Un satisfecit pour Syndilait, qui fête en 2025 les dix ans de son logo «Lait collecté et conditionné en France». Plus de 70 % des sondés estiment par ailleurs que le lait est un aliment indispensable (+ 7 points en un an), qu’ils ont du plaisir à en consommer et qu’il est «vraiment bon».
Les Français trouvent le lait bon marché
Les Français identifient de plus en plus le lait comme un produit accessible à tous et bon marché (63 %, + 6 points en un an). Le consentement à payer davantage pour soutenir les producteurs est une volonté grandissante : 74 % des sondés se disent prêts à payer quelques centimes de plus pour l’éleveur, soit + 4 points par rapport à 2023. Et 89 % estiment que les producteurs doivent être rémunérés correctement (+ 3 points en un an).
Toutefois, dans les faits, les Français restent peu enclins à payer plus cher, comme en témoigne la baisse continue des ventes de lait bio : -8 % en volume en 2024, selon les données du Cniel (interprofession) et de Circana (pané-liste). Cette baisse, identique à celle de la collecte, semble se ralentir en ce début d’année : «On note une reprise des achats dans les circuits spécialisés depuis le début de l’année, freinant le recul global (-6 % sur les quatre premiers mois de 2025)», précise Syndilait.
Le contexte global est peu porteur pour les ventes de lait liquide en GMS, en recul structurel depuis dix ans. En 2024, elles ont atteint 2,79 Md€, en baisse de 0,8 % par rapport à 2023. Le lait UHT (97 % des ventes de lait en GMS) s'établit à 2,2 Md de litres, en recul de -2,3 % par rapport à 2023. Parmi les laits UHT, le lait entier et le lait délactosé progressent chacun de 4,7 % en 2024 en volume grâce aux usages culinaires pour le premier et à des motivations de santé pour le second.
Tous les autres types de lait sont en recul. Syndilait souligne toutefois que la consommation globale en France (GMS et hors domicile) est resté stable entre 2023 et 2024, à 2,691 Md de litres, grâce au circuit hors domicile qui a augmenté de 24 % entre 2020 et 2024, retrouvant ainsi le niveau d’avant la crise sanitaire.
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