Lactips réinvente la caséine de lait
Un plastique biodégradable, hydrosoluble et comestible fabriqué à partir de protéine de lait, c’est l’innovation de la société Lactips installée à Métrotech, à Saint-Jean-Bonnefonds, dans la Loire.

Et si la protéine de lait reprenait sa place en tant que composant de matériaux ? C’est en tout cas ce en quoi a cru Frédéric Prochazka, chercheur à l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne quand il a développé une matière plastique à partir de caséine.
Cette protéine était autrefois utilisée comme liant dans les peintures et comme polymère, macromolécule naturelle ou synthétique. Délaissée pour les produits pétroliers, elle pourrait bien retrouver ses lettres de noblesse grâce à l’entreprise Lactips.
L’histoire débute en janvier 2014 quand le parcours universitaire de Frédéric Prochazka rencontre celui de Marie-Hélène Gramtikoff, plasturgiste de formation et spécialiste en stratégie d’entreprise. Elle voit dans ce matériau un potentiel énorme. À partir de là, tout s’enchaîne avec une rapidité impressionnante.
La société est créée en avril de cette même année, en tant que fabricant de matières premières plastiques. En 2015, une première levée de fonds de 1,2 million d’euros permet la mise en place d’un centre de développement avec deux lignes pilotes.
En deux ans et demi, l’équipe passe de 3 à 30 personnes. «Une des étapes importantes a été le passage de la phase de recherche avec un débit de 5 kg par heure à la production sur une ligne pilote à 20 kg par heure», explique Marie-Hélène Gramtikoff. Le procédé permet de proposer «le plastique le plus biodégradable de toute la planète», assure la présidente directrice générale, une innovation pour le moins intéressante qui vise dans un premier temps le marché des capsules et tablettes de détergent (pour les lave-vaisselle ou les lave-linge, par exemple).
Le plastique qui les entoure se dissout souvent mal dans les machines et, surtout, il n’est pas entièrement biodégradable. Avec son innovation, Lactips se démarque donc dans ce marché concurrentiel en proposant «une biodégradation complète et sans toxicité aquatique».
3,7 millions d’euros
L’entreprise ne s’arrête pas là. Une deuxième levée de fonds de 3,7 millions d’euros a été opérée, grâce, notamment à un partenariat avec le géant de la chimie BASF. «Avec ce partenariat, nous allons pouvoir tisser des liens commerciaux industriels forts. Nous sommes des innovateurs, nous inventons les matériaux de demain. Nous sommes obligés de devenir très gros si on veut exister.»
Lancée à pleine vitesse, l’entreprise souhaite encore mettre un coup d’accélérateur en implantant fin 2019 une usine de 2.500 m2 dans la vallée du Gier. L’équipe pourrait ainsi s’agrandir d’une dizaine de salariés supplémentaires, soit autant d’emplois créés localement. Parmi les projets, l’adaptation du procédé au domaine de l’agroalimentaire.
Comme le plastique qui en est issu est biosourcé et comestible, il pourrait trouver de nombreuses applications : emballages comestibles, capsules se dégradant à la cuisson… «Étant composé de matière protéique, ce plastique apporte aussi des intérêts nutritionnels.»
Une rampe de lancement
Marie-Hélène Gramtikoff le reconnaît, l’entreprise a bénéficié d’un «tissu économique fort, tourné vers l’emploi», où toutes les conditions sont données pour développer son activité, notamment dans la Loire. Elle a pu s’installer à Saint-Jean-Bonnefonds, dans les locaux de Métrotech, un site dédié à la création et au développement d’entreprises tertiaires porté par Saint-Étienne Métropole. «Métrotech a été une rampe de lancement particulièrement efficace. Les équipes ont été très réactives. Il faut imaginer qu’avec notre progression rapide nous demandions tous les mois un nouvel espace, un nouveau bureau.»
L’entreprise a également bénéficié du transfert de technologie pour que Frédéric Prochazka, malgré son statut universitaire, soit détaché dans l’entreprise. Cela a été possible car il avait déposé un brevet. «En France, nous avons un terreau extrêmement fertile pour créer de l’innovation.»
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