L'Oise Agricole 29 mars 2018 a 09h00 | Par Chloé Keromnes

Lait : les revenus et les prix à la hausse

L’Institut de l’élevage a publié son dossier annuel sur les bovins laitiers pour l’année 2017 et les perspectives pour l’année 2018.

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Les volumes de ventes de laits liquides reculent de 4 %.
Les volumes de ventes de laits liquides reculent de 4 %. - © j.-c. gutner

Si les revenus des éleveurs se sont améliorés au cours de l’année, notamment grâce à la hausse du prix du lait, la situation reste difficile pour une majorité d’exploitations. Les éleveurs ont bénéficié d’une hausse de leur revenu en 2017. L’augmentation est faible pour les producteurs des montagnes de l’Est, ainsi que pour les bio de plaine, mais leur revenu s’établit, en moyenne, respectivement à 29 300 € et 32 800 €. Si les éleveurs des montagnes et des Piémonts du Sud ont vu, eux, s’accroître de 6 000 € leur revenu, ce dernier reste en dessous de 20 000 € en moyenne. Les gains ne suffisent pas à améliorer leur situation. 38 % des exploitations ont une trésorerie nette globale négative, et autant sont endettées à long et moyen terme.

Au 1er janvier 2018, le cheptel français comptait 3,75 millions de têtes, soit 32 000 de moins qu’un an auparavant (- 0,8 %), selon les chiffres de l’Institut de l’élevage (Idele). Il s’agit de la troisième année de baisse consécutive. L’élevage se concentre de plus en plus dans les bassins laitiers denses, et là où le lait est le plus valorisé. La collecte a très légèrement augmenté par rapport à l’année précédente pour atteindre 24,6 millions de tonnes (+ 0,6 %).

Elle a commencé l’année en retrait et est restée ralentie jusqu’en juillet, avant de dépasser les niveaux de 2016, grâce aux bonnes conditions climatiques pour la pousse de l’herbe et aux bonnes récoltes de maïs. Le prix du lait standard, en augmentation, atteint son meilleur niveau depuis 2014. Il a gagné 40 € (+ 14 %) en glissement annuel, et s’est élevé à une moyenne de 334 € les 1 000 litres. Celui du lait, calculé pour une valorisation beurre et poudre maigre, a aussi progressé de 30% par rapport à 2016.

Produits laitiers : la consommation baisse

La production de produits frais est, quant à elle, en recul. Le lait conditionné, les yaourts, les desserts frais, le beurre et les fromages blancs accusent une baisse de 3 %. Mais ce sont les matières grasses laitières anhydres qui affichent la diminution la plus forte (- 16 %). A l’inverse, la fabrication de crèmes de consommation a augmenté de 5 %. Les fromages, quant à eux, se maintiennent. En ce qui concerne les ingrédients secs, les poudres maigres chutent de 7,3 %. Cependant, les caséines et les poudres infantiles sont en forte hausse, respectivement 24 % et 6,7%, et les poudres grasses en légère augmentation.

Globalement, la vente de produits laitiers en grandes et moyennes surfaces (GMS) régresse sur l’année 2017 de 3 % par rapport à 2016. Avec la montée des prix de vente moyens de 3 %, l’Idele estime toutefois que «les ménages ont maintenu leurs dépenses». Les volumes de ventes de laits liquides reculent de 4 %, de même que ceux de fromages frais de 5 %, ainsi que de desserts lactés frais et laits fermentés de 2 %. Ces diminutions sont aussi notables en valeur. Le beurre et la crème suivent la même tendance, mais plus faiblement, et ils bénéficient aussi d’une légère croissance en valeur. Seules les ventes de fromages sont à la hausse en volume (+ 0,4 %) et en valeur (+ 2 %). La détérioration de la consommation de laits liquides s’observe aussi en 2017 (- 3%). Les Français ont consommé 10 kg de moins de lait qu’il y a dix ans sur l’année écoulée. Les yaourts, desserts frais et crèmes sont tous à la baisse. Seule la consommation de fromage se maintient.

Le lait bio continue son ascension

En 2017, le nombre d’exploitations livrant du lait bio est passé de 2 315 en août à 2 760 en décembre. Au 4e trimestre, la collecte a bondi de 41 % par rapport à 2016, grâce aux bonnes conditions fourragères et à l’achèvement de conversions de nouveaux éleveurs. Elle a progressé de 14 % sur l’année, soit 77 mille tonnes de plus de lait, pour atteindre les 646 mille tonnes. La production laitière bio représente 2,6 % du lait de vache collecté en France. La hausse devrait se poursuivre en 2018 avec la venue de nouveaux agriculteurs sur ce terrain. La consommation progresse aussi en volume et en valeur. Selon l’Idele, d’après les chiffres de FranceAgriMer, le prix du lait standard bio s’élevait à 454 € les 1 000 litres en 2017, soit 11 € de plus qu’en 2016 (+ 4,9 %), et 117 € de plus que le prix du lait standard conventionnel.

La collecte laitière européenne s’accroît

L’Institut de l’élevage (Idele) a dévoilé son bilan annuel pour 2017 sur la filière bovins lait en mars. Une section du dossier est consacrée à la production européenne, ainsi qu’à ses perspectives pour l’année 2018. Après un léger reflux au premier semestre, la collecte européenne a augmenté, pour atteindre 156,2 millions de tonnes en décembre, soit 2,1 % de plus qu’en 2016. «Les éleveurs ont répondu aux signaux des marchés dans presque tous les pays membres, grâce à des cheptels rajeunis et plus productifs», explique le dossier de l’Idele. La hausse du prix du lait s’est faite particulièrement sentir en Allemagne (35 %), aux Pays-Bas et au Royaume-Uni (26 %). Le cheptel européen a cependant baissé de 0,9 %, terminant l’année à 23,3 millions de vaches laitières. «D’un côté, les entrées de génisses en production ont été moins nombreuses mais, de l’autre, l’amélioration de la conjoncture a incité les éleveurs à ralentir le rythme des réformes», détaille l’institut.

Le cheptel néerlandais a particulièrement été diminué (- 7 %), ce afin de respecter le plan de réduction des émissions de phosphates, même si les obligations environnementales «n’ont été que partiellement respectées», comme le rappelle l’Idele. En ce qui concerne le commerce extérieur, l’excédent commercial des produits laitiers de l’Union européenne s’est élevé à 15,1 milliards d’euros en 2017. Les importations extra-européennes ont diminué de 20 % en volume. Les exportations extra-communautaires ont rebondi de 17 %, après deux années de fléchissement, pour atteindre les 15,8 milliards d’euros, d’après les estimations de l’Idele. Elles se constituent notamment pour 28 % de lait infantile et pour un quart de fromage. L’Union européenne a exporté 826 000 tonnes de fromage vers des pays tiers en 2017, soit 4 % de plus qu’en 2016, confortant son leadership sur ce marché. Les exportations de beurre ont, en revanche, baissé de 20 %, malgré la forte demande mondiale, par manque de disponibilité et en raison de l’inflation des prix.

Exportations

En 2018, l’Idele estime que le cheptel laitier européen pourrait diminuer légèrement en raison d’une réduction plus ou moins forte du cheptel néerlandais. Cela dépendra de la reconduction, ou non, de la dérogation à la directive nitrate par la Commission européenne. L’institut prévoit aussi que la collecte continue à progresser au premier trimestre 2018. Le prix du lait devrait rester incitatif durant le premier semestre. Au second semestre, la croissance de la collecte dépendra de l’évolution du prix du lait. Sur l’année, elle pourrait progresser de 2 %. «Dans l’hypothèse, fort probable, d’une demande internationale en produits laitiers toujours bien orientée et d’une offre laitière plutôt modérée dans les autres grands bassins exportateurs, les marchés des ingrédients laitiers pourraient connaître la même trajectoire qu’en 2017», prévoit l’Idele.

Les exportations européennes pourraient dépasser celles de la Nouvelle-Zélande en volume, et atteindre les 20,5 millions de tonnes équivalent lait. Les prévisions n’excluent pas, toutefois, une reprise dynamique de la production de l’hémisphère Sud au second semestre. Les exportations de fromages devraient rester dynamiques, et celles de beurre rebondir. Le sort des poudres maigres reste plus aléatoire et dépendra de la politique de la Commission européenne de gestion des stocks d’intervention. Le dossier met aussi en garde contre des incidents climatiques, politiques ou économiques qui pourraient mettre à mal ces prévisions.

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