Pour Valérie Fabre, la directrice du lycée horticole de Ribécourt, l'accueil du camion répond à un enjeu stratégique. «Nous souhaitons répondre à la commande ministérielle qui est le renouvellement des générations, conformément à la loi promulguée le 24 mars 2025», explique-t-elle. «Sur notre territoire, il y a un réel besoin de communiquer davantage sur les formations que nous proposons en agriculture. Qui dit renouvellement génération dit souveraineté alimentaire.» La directrice insiste sur l'urgence de la situation : «On sait qu'il y a un nombre important d'agriculteurs ou de producteurs qui vont partir à la retraite et on se doit de renouveler cette génération par la formation.»

Casser les clichés sur les métiers du vivant

L'un des objectifs majeurs de cette tournée : changer le regard porté sur les métiers agricoles. «Le regard que portent certains jeunes, c'est que ce sont des métiers peu modernes, des métiers de manuel qui ne nécessitent pas une formation particulière», regrette la directrice. «Nous, ce qu'on veut démontrer, c'est que ce sont au contraire des métiers qui font appel de plus en plus aux nouvelles technologies, à l'innovation.»

Alexis Gache, animateur du camion depuis deux ans, partage ce constat sur le terrain. «Il y a une grande méconnaissance de la filière des métiers du vivant. Là, le groupe que j'ai vu était surpris d’apprendre la présence d’animaux dans l'agriculture et que le métier de vétérinaire en faisait partie.»

Un dispositif immersif et ludique

Depuis son lancement en 2019, le camion a déjà accueilli plus de 40.000 visiteurs en 2025, avec 38 étapes à travers la France. L'équipe d'animation mise sur l'interactivité pour susciter les vocations. «Le camion a deux parties», détaille Alexis. «La partie avant, en autonomie, avec un simulateur de tracteur, des casques de réalité virtuelle, des maquettes, des quiz pour découvrir les métiers. À l'arrière, la salle Agora, où on discute avec eux sous forme de plateau télévisé avec des buzzers et des questions.» Le dispositif a été renouvelé en janvier 2025 : «On a changé de couleur et d'activité d'aménagement à l'intérieur. Le camion est plus interactif, plus visuel. La maquette et le plateau télévisé sont nouveaux. C'est plus concret pour les jeunes maintenant», précise l'animateur.

Des parcours diversifiés et des débouchés concrets

L'enseignement agricole propose 150 formations, de la 4ème aux diplômes d'ingénieur, et couvre plus de 200 métiers. «On peut sécuriser des parcours de formation en commençant en quatrième, troisième dans le monde agricole, pour évoluer jusqu'à des formations ou des diplômes d'ingénieur», souligne la directrice du lycée. Alexis témoigne lui-même de cette diversité de parcours : «J'étais en bac général et je suis parti en horticulture. C’est finalement là que je me suis épanoui, avec l'internat, la vie sportive, culturelle. Il y a plein de possibilités, plein de passerelles avec l'éducation nationale.» Les chiffres confirment l'attractivité du secteur : 92,3 % des apprenants en BTSA sont en situation d'emploi trois ans après l'obtention de leur diplôme, et 93,5 % trouvent une insertion un an après leur diplôme dans l'enseignement supérieur agricole.

Une stratégie de proximité

À Ribécourt, le choix d'accueillir le camion directement dans les communes répond à une logique d'accessibilité. «On a voulu qu'il soit au plus près des jeunes», explique la directrice. «On connaît aussi la diminution des moyens pour les collèges de louer des bus. Donc on a voulu que ce camion remplisse sa mission : se déplacer là où sont les jeunes.» La journée cible prioritairement les collégiens, avec des créneaux réservés en journée, puis s'ouvre au grand public dès 16 h 30, en partenariat avec France Travail, le CIO et les missions locales.

Le camion poursuivra sa tournée en Hauts-de-France jusqu'au 18 octobre, avant de continuer sa route dans d'autres régions jusqu'en décembre.