L'Oise Agricole 25 septembre 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Le paulownia, un arbre d’avenir dans les Hauts-de-France ?

La société Paulownia Nature a organisé vendredi 19 septembre une visite d’une parcelle plantée de ces arbres exotiques, à Haute-Épine, dans l’Oise. Un arbre spectaculaire par la taille de ses feuilles et sa pousse rapide.

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- © DLC

«Le paulownia est perçu comme un arbre exotique envahissant, mais Paulownia Nature ne commercialise que des plants de variétés adaptées à la Picardie et surtout, ce sont des hybrides stériles, sans risque d’envahissement. Nous profitons ainsi des qualité de cet arbre, à savoir sa croissance extrêment rapide, sa capacité à absorber 10 fois plus de CO2 que beaucoup d’autres espèces et, une fois coupé au bout de 8 à 10 ans, à produire un bois résistant, solide et extrêmement léger», plaide Baptiste Mauviel, accompagné de sa sœur Lucile et de son associé Benjamin Carrion, co-fondateurs de la société. Avec 300 ha implantés en France par 600 clients, Paulownia Nature veut développer cette production dans les Hauts-deFrance grâce à des variétés adaptées, comme Turbo Pro® ou Ze Pro®.
La présentation a lieu à Haute-Epine où Adrien Anthierens et ses associés ont planté eux-mêmes 80 ares en mars 2024. Quand on voit le développement actuel des arbres, entre 3 et 4 mètres, alors que les plants mesurent moins de 50 cm, on se dit que le paulownia a de la ressource.

Des conditions de réussite
Le paulownia ne peut pas être implanté sur des parcelles trop argileuses. «Nous demandons une analyse de sol préalable car c’est une espèce qui préfère plutôt le sec et le soleil à la stagnation de l’eau. La préparation de la parcelle en terre avec labour, sous-solage et passage de rotative permet au système racinaire de se développer vite. Sur prairie ou jachère, nous pouvons implanter des linéaires sous bâche et avec buttage, mais cela augmente fortement les coûts. La terre labourable et la plantation sur bâche biodégradable sont préférables et réalisables par l’agriculteur lui-même, au printemps», poursuit Baptiste Mauviel.
En février de l’année 2, intervient une opération de recépage qui consiste à couper le tronc à environ 10 à 15 cm, alors que l’arbre peut déjà mesurer deux mètres. Des rejets repoussent alors, parmi lesquels il faudra choisir le plus droit et couper les autres. Cette opération permet de décupler la croissance et d’inciter l’arbre à explorer encore plus les ressources du sol. Ainsi, sur la parcelle visitée et plantée en mars 2024 et recépée en février 2025, certains arbres mesurent déjà 4 mètres. 
Il convient ensuite de visiter régulièrement pour éliminer les gourmands qui se forment à l’aisselle des feuilles. Le temps à passer dans la plantation est évalué à 30 heures par hectare et par an. Ce sont des opérations manuelles : élimination des gourmands, arrosage en période de forte sécheresse et à la plantation, épandage d’engrais au pied (15-15-15) entre février et fin octobre. Ces opérations doivent être effectuées en années 2, 3 et 4. Ensuite, l’arbre se développe jusqu’à avoir des billes d’au moins 5 mètres de long pour un diamètre du tronc entre 45 et 55 cm. Trop hauts, les arbres peuvent casser du fait de leur forte prise au vent avec leurs feuilles démesurées. La récolte se fait entre 8 et 12 ans après la plantation. Les arbres repoussent ensuite pendant 50 ans. 
Un an et demi après la plantation, Paulownia Nature propose au planteur de monter un dossier de demande de crédit carbone car la société a obtenu une labellisation internationale Iso 14000. À l’aide d’une application et de photos qui apprécient le développement des arbres, des crédits peuvent être demandés chaque année pendant la pousse jusqu’à la coupe au bout de 8 à 12 ans, ce qui apporte de la trésorerie et permet de compenser les coûts d’implantation.
Le chiffre d’affaires espéré par hectare est d’environ 60.000 € par coupe, desquels il faut retirer environ 5.000 € pour l’engrais et la main-d’œuvre et 10.000 € pour l’abbattage et le débardage. «Sur 10 ans, vous pouvez ainsi gagner 45.000 €/ha soit 4.500 €/ha/an, une marge tout à fait intéressante. Nous vous aidons à faire une demande d’implantation auprès de la Dreal pour toute parcelle supérieure à 0,5 ha puis vous invitons à réfléchir à passer à terme la parcelle en parcelle boisée. Cela génère un abattement des droits de succession de 75 %, un forfait forestier pour la taxe foncière ainsi qu’un intérêt à la coupe» avance Benjamin Carrion. 
De solides arguments qui plaident en faveur du paulownia, peut-être un arbre d’avenir en Picardie.

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