L'Oise Agricole 26 novembre 2025 a 07h00 | Par Agrapresse

Le plan de bataille des irrigants

Après avoir obtenu des avancées dans la loi Entraves, les Irrigants de France souhaitent revoir la gouvernance de l’eau en France, en particulier celle des Sage et des Sdage. Ils pourront compter sur l’appui de Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne, qui veut faire avancer ce dossier lors de la présidentielle. Mais aussi sur des moyens supplémentaires des associations spécialisées végétales de la FNSEA.

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À l’occasion du congrès du maïs le 19 novembre, les Irrigants de France accueillaient pour la première fois le président du comité de bassin Loire-Bretagne. Très à son aise, Thierry Burlot s’accorde sur plusieurs points avec les Irrigants, notamment sur l’idée de revoir la gouvernance de l’eau, pour l’adapter au grand cycle de l’eau. Symbole de cette concorde, le président d’Irrigants de France Éric Frétillère et Thierry Burlo ont formulé la même demande : créer un secrétariat d’État à l’eau, avec pour objectif de fixer une politique intégrée de l’eau, arbitrant les enjeux environnementaux, d’aménagement et d’économie.
Les deux hommes s’accordent plus largement pour changer le fonctionnement des Sage et des Sdage. Leur idée : il faut adapter au grand cycle de l’eau (précipitations/ stockage/évaporation) une gouvernance française qui aurait été créée pour le petit cycle de l’eau (distribution/traitement de l’eau). «On est en train d’utiliser des instances historiquement environnementales pour régler des problèmes de planification économique, a expliqué Thierry Burlot. Depuis quelques mois, on s’est rendu compte que, avec le déreglement climatique, l’eau peut bouleverser toutes nos économies ; en Bretagne, le facteur limitant, c’est devenu l’eau. Imaginez dans le reste de la France. Et je ne vois pas de quel droit, en tant que comité de bassin, je dispose pour travailler sur les objectifs agricoles de la France.»


Sage et Sdage dans le viseur
Les Irrigants de France y voient une barrière importante à lever pour faire appliquer certaines dispositions nationales, dont les récentes victoires qu’elle a obtenu dans la loi Entraves. «Nous avons un problème d’articulation entre les droits français et locaux, détaille l’avocate Carole Hernandez Zakine, qui a travaillé avec l’AGPM sur la loi Entraves. Quand on a un arreté sur la construction de stockage en zone humides, il faut que les Sage le permettent. Mais la loi n’a pas posé de cadre d’écriture au Sage et aux Sdage ; les jurisprudences disent que les créateurs ont une liberté d’écriture dès lors qu’ils respectent les faits ; il faut un travail législatif pour cadrer les travaux locaux.»
Dans le détail, Éric Frétillère veut par exemple revoir la gouvernance des Sage et Sdage pour accroître la place des agriculteurs : Thierry Burlot s’est dit ouvert sur ce point. M. Burlot propose de son côté de fixer des contrats d’objectifs entre les Sradet (plans régionaux économiques) et les Sdage. Pour mener ce combat, cinq associations spécialisées végétales de la FNSEA (AGPM, Fop, UNPT, CGB, AGPB) ont annoncé leur volonté de renforcer les moyens d’Irrigants de France, dont elles sont membres. Les fonds supplémentaires pourraient être dédiés à renforcer les moyens d’appui juridique : «Jusqu’ici, nous avons beaucoup travaillé les sujets de l’évolution législative et réglementaire, nous passons à la phase opérationnelle ; nous allons nous donner des objectifs dans chaque territoire, pour que le sujet l’eau quantitative se déploie», prévoit Franck Laborde, président de l’AGPM. «Banco pour qu’on s’investisse encore plus, a embrayé le président de l’AGPB, Éric Thirouin. Il va falloir construire cette jurisprudence. Il va falloir attaquer, défendre. À l’AGPB, j’ai recruté une juriste il y a trois mois sur ce sujet. Je suis prêt à la mettre à disposition.»
De son côté, le président de l’UNPT (pommes de terre), Geoffroy d’Evry, a proposé d’étendre le périmètre de l’association aux sujets de qualité de l’eau.

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